A Bagnolet, la station d’été In Seine-Saint-Denis, port d’embarquement pour l’Odyssée
Entre juillet et août, la Station d’Été de la Cour Carrée à Bagnolet a pris des allures de chantier naval mené en collaboration avec des habitants et des artistes du cru. Le temps de fabriquer une PRAM, un voilier léger qui fendra les flots de la Seine lors du festival de l’Odyssée du 14 au 18 septembre. Un évènement qui accostera sur l’Ourcq à Sevran, mais aussi sur la plage du 6B à Saint-Denis. Avec également un « grand déferlement » sur la Seine, vers l’ile Saint-Denis. Embarquez avec le In pour en savoir plus…
C’est un bateau qui a embarqué plusieurs matelots avant de fendre les flots lors de l’Odyssée, grand festival mettant en valeur la Seine et les canaux parisiens du 14 au 18 septembre prochains. En juillet et en août dernier, la Cour Carrée, la Station d’été du Bel Eté Solidaire et Olympique nichée sur les hauteurs du Parc départemental Jean-Moulin-Les Guilands a ainsi accueilli le chantier naval de construction d’une PRAM, autrement dit un voilier en bois de 3,30 m de long sur 1,50 m de large.
Un fier vaisseau, qui ce jour de début juillet, en est encore à être assemblé sous l’œil attentif de Perrine Cariou et Valentine Letellier, un duo d’artistes et d’architectes bretonnes, déjà conceptrices de cabanes flottantes. A Bagnolet, elles ont mené un chantier naval d’une vingtaine de jours conçu en mode participatif. Le jour de notre visite, accoudées autour du squelette de la coque en bois, les deux conceptrices navales s’affairent donc pour que chacun trouve sa place et ne passe pas à travers le frêle esquif qui ne tient pour l’instant qu’avec quelques lacets de fils de fer, avant d’être enveloppé d’une coque en résine : « Il faudra que que ça flotte, ce serait mieux, sourit Valentine Letellier. Mais, on a eu une main d’œuvre motivée pendant une semaine en chantier ouvert.
Tout le monde pouvait participer à l’aventure et pour nous c’est ce qui fait le sel de ce genre de projets. Au début, on a eu beaucoup de curieux alors que le bateau était encore un peu en kit. Tous se demandaient ce qu’on pouvait bien fabriquer sous le dôme installé au milieu de la Cour Carrée. Et puis, au fur et à mesure, que le bateau prenait forme, de plus en plus de personnes sont venues s’impliquer dans le chantier, à nos côtés. »
Dans la vague de l’Olympiade culturelle
Sous leurs mains a donc poussé une PRAM, « une sorte de dériveur avec une voile d’un peu plus de 7 mètres carré » qui était aussi le premier bateau du duo de Rennaises, spécialistes de l’action participative. Mené dans le cadre de l’Olympiade culturelle, une programmation artistique et culturelle liée aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le chantier de la PRAM a ensuite été prolongé par un atelier, toujours participatif, de décoration de sa proue avec le concours des artistes du collectif Douze Douze, Gilbert Mazout et Claire Courdavault, installés à Bagnolet.
Bref, du très urbain et rien de très nautique à priori. Mais, c’est justement, toute l’idée de l’Odyssée, explique son directeur Ricardo Esteban, « dans un monde en surchauffe, où les cétacés se perdent dans la Seine, revendiquer et se réapproprier les espaces de fraîcheur urbains que sont les cours d’eau pour y projeter de nouveaux imaginaires s’impose.
Depuis 3 ans déjà l’Odyssée invente donc la Course en Solidaire et implante au cœur des quartiers populaires des chantiers navals où on fabrique collectivement de fabuleux engins flottants qui iront naviguer sur le fleuve et les canaux. »
Voguer pas loin de chez soi…
Avec en filigrane, une autre idée embarquer un jour quelques séquano-dionysiens dans l’aventure marine et olympique puisque les Jeux Olympiques, ce sont aussi bien des épreuves de voile, de surf, de canoë-kayak ou d’aviron. « Et puis, en dehors de faire naître pourquoi pas des vocations de champions, ce genre de chantier peut aussi donner des idées de métier à des jeunes venus s’impliquer dans le chantier avec nous, prolonge l’architecte Perrine Cariou. Tout simplement parce qu’ils se rendent ainsi compte, concrètement, de ce que peut-être une partie du métier de constructeur naval. Et surtout parce que ce qu’on fait ici est vraiment collectif. Notre PRAM pourrait être aussi bien construit en 3 semaines par un chantier naval spécialiste de ce genre de construction, mais l’Odyssée a fait le pari d’associer un maximum de monde à cette construction qu’ils pourront ensuite voir voguer, pas si loin de chez eux en Seine-Saint-Denis ou à Paris… »
Exactement l’idée de Nadir, adolescent venu en voisin de Montreuil pour se renseigner sur le chantier : « Depuis que j’ai vu un jour un documentaire sur les marins du Vendée Globe à la télé, je m’intéresse à tout ce qui parle de voile, aux grands navigateurs aussi. Alors quand j’ai entendu parler de ce chantier naval, pas loin de Montreuil, dans un parc où je viens souvent, je me suis dit que c’était quelque chose pour moi. Bon, il n’y pas la mer, mais c’est déjà un premier pas. »
Frédéric Haxo
crédits photo: Bruno Lévy pour le In Seine-Saint-Denis
Sous les pavés, la mer : l’Odyssée, un festival-fleuve…
Tourner la ville vers ses fleuves et ses canaux, imaginer aussi les usages des cours d’eau dans le Grand Paris de demain : ce sont quelques-uns des objectifs du festival «L’Odyssée», dont la troisième édition est organisée de mercredi à dimanche tout autour de la Seine et des canaux parisiens. Avec différents leitmotivs : Danser tous les soirs au bord de l’eau côté réjouissances avec des bals au fil de l’onde ; flotter, naviguer, ramer côté plus sportif y compris sur les PRAM fabriqués à travers le Grand Paris en chantiers participatifs. Enfin, l’Odyssée, sous-titrée « Sous les pavés, la mer » sera aussi un lieu de « rencontres, d’explorations et de rêveries. » Avec plusieurs points de ralliement en Seine-Saint-Denis comme la plage du 6b à Saint-Denis, les bords de l’Ourcq à Sevran ou encore l’installation d’un « Canal tropical » à Noisy-Le-Sec, un programme de réjouissances nautiques pour fêter les 200 ans du Canal de l’Ourcq.
Tout un programme à retrouver ici !