
Guillaume Roy, un distilleur d’idées à Pantin
La Seine-Saint-Denis, terre de brassage, Guillaume Roy souscrit sans hésiter à cette formule, et plutôt deux fois qu’une. Ce jeune entrepreneur a en effet choisi Pantin pour relancer avec son compère Jacques Ferté le brassage de la bière Gallia, ancienne marque parisienne née au XIXe siècle et qui n’avait pas résisté à la concentration du secteur en 1969.
Depuis 2016, cette marque de bière prestigieuse, qui avait connu sa première vie dans le 14e arrondissement, est à nouveau brassée à proximité du métro Eglise de Pantin. L’aboutissement d’une belle initiative de renouveau d’entreprise, et accessoirement, l’histoire d’une rencontre avec un territoire, la Seine-Saint-Denis.
« Au départ, c’était une question d’opportunité foncière et ensuite c’est devenu beaucoup plus. »
Depuis qu’il est né dans la tête de Guillaume Roy et Jacques Ferté sur les bancs de l’école de Management Normandie de Caen, le projet Gallia s’est en effet rapproché progressivement de ce département. « Très honnêtement, au départ, c’était une question d’opportunité foncière et ensuite c’est devenu beaucoup plus. », explique Guillaume Roy. A la recherche d’un local d’entreprise, les deux amoureux de la fine mousse se fixent d’abord dans le quartier des Quatre-Chemins. Cinq ans plus tard, c’est carrément la brasserie Gallia qui s’implante sur un beau site de 1000m 2, rue du Méhul, réinvestissant ainsi une ancienne usine de chaudronnerie des années 30.
« Au départ, je ne connaissais pas bien le 93. J’en avais les a-priori qu’on peut avoir quand on vient de l’extérieur. Aujourd’hui, je dirais que c’est une terre d’espoirs. Tout ce qu’est la France d’aujourd’hui est là en petit, rassemblé sur un territoire », insiste Guillaume Roy, qui a même élu domicile à Pantin depuis cette année.
A l’image des anciennes friches du département qui retrouvent une seconde vie, la Gallia, c’est aussi l’histoire d’un passé industriel qui renaît de ses cendres. « Nous avions une vraie nostalgie pour ces vieux distilleurs, brasseurs, torréfacteurs qui existaient auparavant dans Paris et qui donnaient une ambiance à tout un quartier. En reprenant Gallia, nous avons voulu nous nourrir d’une histoire, tout en la remettant au goût du jour. »
« En Seine-Saint-Denis, il y a un dynamisme réel »
Mission accomplie, avec désormais une gamme de 6 bières, de la Lager des origines à des breuvages plus houblonnés, dans leurs versions américaine, anglaise ou allemande. Distribuée dans un nombre croissant de points de vente, la marque au coq devrait connaître cette année une production équivalente d’un million de bouteilles (la moitié en fûts, l’autre moitié en bouteilles). Avec la création d’emplois qui vont avec : Gallia, ce sont désormais 3 associés et 3 salariés, chiffre qui pourrait encore augmenter avec l’arrivée d’un bar-restaurant, annoncé pour l’été 2017.
Dans cette croissance, Guillaume Roy ne perd pas de vue une chose : l’urgence de bien s’intégrer à son nouveau territoire. « En Seine-Saint-Denis, il y a un dynamisme réel et de vraies opportunités. Après, le tout est qu’elles se développent aussi pour ses habitants. Pour cela, il faut à la fois un soutien des élus et que les entreprises nouvellement installées comprennent le challenge. Mais je pense qu’elles sont prêtes à l’entendre. » La Gallia et ses fondateurs ne sont donc pas qu’en Seine-Saint-Denis pour se faire mousser.
Christophe Lehousse