Jean-Luc François ou la réinsertion sur mesure

Après une carrière prestigieuse au sein des plus grandes maisons de mode, Jean-Luc François a choisi Pantin pour commencer une nouvelle vie : créer sa propre collection et former des personnes en difficulté aux métiers de la couture et de la mode.

Il y a 15 ans, Jean-Luc François ne mettait jamais les pieds en banlieue. Il avait un bel appartement à Paris, passait sa vie dans les avions, dans des voitures avec chauffeur, au service des plus grands noms de la mode, Saint-Laurent, Dior… « Plus snob il n’y avait pas ! », sourit-il aujourd’hui. En 2003, il décide de monter sa propre maison de couture et cherche un espace tranquille pour dessiner ses premières collections.

 

« J’ai trouvé que ce territoire avait beaucoup de charme. »

« J’ai pris un petit bureau dans un endroit très agréable, à côté de la salle de spectacles Dynamo de Banlieues bleues. J’ai eu un vrai coup de foudre pour la vie de Pantin et ensuite pour quelqu’un qui habite en Seine-Saint-Denis ! C’est comme ça que j’ai commencé à découvrir le 93, Pantin, le Pré-Saint-Gervais, les Lilas, puis plus loin. J’ai trouvé que ce territoire avait beaucoup de charme. »
À l’époque, ses amis de la mode le prennent pour un fou de déserter Paris pour la Seine-Saint-Denis, mais Jean-Luc François n’écoute que son cœur. Il monte l’association qui porte son nom pour accompagner des gens en rupture scolaire, familiale et les aider à se réinsérer professionnellement. Les retombées sont positives. « On n’était pas du tout formaté comme une association qui a l’habitude de s’occuper de gens en difficulté. Notre truc, c’était de faire découvrir les métiers de la couture et de la mode à des personnes, quel que soit leur parcours », explique le couturier. L’association a ensuite fait la même chose au Vietnam, à Madagascar, en mettant en relation des gens en difficulté avec des entreprises de textile.

 

« Les savoir-faire se perdaient »

« Un jour, des amis m’ont dit qu’ils ne trouvaient plus de personnes compétentes pour travailler dans les ateliers de couture, que les savoir-faire se perdaient. Nous avons alors monté Couture et métiers. Sur notre territoire, beaucoup de gens issus de l’immigration, au RSA, au chômage ont déjà travaillé dans notre secteur », poursuit Jean-Luc. Il fallait simplement leur remettre fils et aiguilles dans les mains, leur donner confiance et les mettre en contact avec les créateurs. C’est chose faite. 80 personnes ont déjà été formées et toutes ont trouvé du travail, à plein temps ou à temps partiel selon leurs envies, mais Jean-Luc François ne s’est pas arrêté en si bon chemin. « Nous avons créé un incubateur textile habillement pour aider des créateurs à se lancer. Et en juin 2016, nous avons signé une Charte en faveur de l’emploi à Pantin avec le Département et la Fédération française du prêt-à-porter. Aujourd’hui, nous sommes sollicités par des grandes écoles de mode qui nous demandent nos recettes, car ils trouvent que le résultat est vraiment bon ! », s’enthousiasme Jean-Luc François.
En quelques années, le coup de foudre pour Pantin et le département s’est transformé en longue histoire d’amour. Ateliers, showroom, appartement, le couturier vit et travaille désormais dans sa ville d’adoption.

Juliette Tissot

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