Sylvie Vassallo ou l’ouverture des enfants au monde grâce aux livres

A la tête du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil depuis 15 ans, Sylvie Vassallo poursuit son engagement d’offrir l’accès à la littérature à un maximum d’enfants et tout particulièrement aux familles du département.

Au début des années 70, dans l’école du village où Sylvie Vassallo a grandi à la frontière italienne, on offrait encore le Larousse illustré comme prix de fin d’année. La petite fille qu’elle était en a tourné les pages avec précaution, puis s’est plongée avec bonheur dans « Les malheurs de Sophie » et « Fifi Brindacier ». « Comme beaucoup de gens, je me suis intéressée de nouveau à la littérature jeunesse en devenant maman. J’ai découvert la qualité artistique de cette littérature et la façon dont mon enfant pouvait s’éveiller au monde grâce aux histoires du soir », se souvient Sylvie Vassallo.

La jeune femme, diplômée en économie, est alors permanente du Mouvement des jeunes communistes, mais n’envisage pas de carrière politique. « J’avais envie de faire quelque chose d’utile aux autres et j’ai eu le sentiment que la littérature jeunesse était un lieu de convergence de ma préoccupation de la société et des enfants », poursuit-elle. Une fois le diplôme de bibliothécaire en poche, elle fait un stage à la bibliothèque de Noisy-le-Sec puis au Salon du livre de jeunesse de Montreuil. Elle devient ensuite responsable des projets numériques du salon avant d’en prendre la direction en 2001.

 

« Le salon n’est pas seulement posé en Seine-Saint-Denis pendant la durée du festival, mais il est relié à son territoire »

En 15 ans, le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil a gagné en taille et en notoriété. Il accueille aujourd’hui 450 éditeurs et 160 000 visiteurs. Cette évolution n’a cependant rien changé à la détermination première de Sylvie Vassallo de faire entrer le livre dans la vie des familles: « Le salon n’est pas seulement posé en Seine-Saint-Denis pendant la durée du festival, mais il est relié à son territoire. On travaille en Seine-Saint-Denis toute l’année. On réfléchit toujours à la manière dont on peut démocratiser les livres. Dans notre département, on sait que toutes les familles n’ont pas le même accès aux livres et à la littérature, que tous les enfants n’ont pas le même accès au fait qu’on leur raconte des histoires. Pendant le salon, de très nombreuses classes viennent et nous donnons des invitations aux enfants pour qu’ils reviennent avec leurs parents ».

 

« C’est un territoire où beaucoup de choses restent possibles, où l’on n’est pas blasé ! »

Le prochain Salon « Sens dessus dessous » aura lieu du 30 novembre au 5 décembre 2016 sous le signe du chamboulement. « Il y a d’abord le chamboulement du monde, explique la directrice du Salon. Quand on est un enfant aujourd’hui, on est dans un monde sacrément bousculé, assez illisible, dans lequel il est difficile de se projeter à cause des conflits ou de l’insécurité sociale. La littérature et l’art en général apportent des espaces de compréhension, de réflexion et de projection qui sont déterminants. Cela permet de comprendre les autres, de se comprendre, de rêver, d’imaginer autre chose ». À la veille de cette 32e édition, Sylvie Vassallo conserve le même enthousiasme pour son métier et pour le 93. « Humainement, on a envie d’être ici, c’est un territoire où beaucoup de choses restent possibles, où l’on n’est pas blasé ! »

Juliette Tissot