Thierry Grone

A la tête de l’association Culture de Banlieue, cet exégète du hip-hop veut favoriser l’accès à la culture pour le plus grand nombre. Eclectique, il prépare aussi un long métrage qui aura pour cadre Saint-Denis, sa ville.
Auteur du Dictionnaire du Graf en 2016, un ouvrage (1) où il recense aussi bien les artistes de la discipline que les différentes pièces qui composent les bombes de peinture, Thierry Grone est aussi une encyclopédie de la création à lui tout seul. Le colosse aux imposantes dread-locks fourmille en effet de projets.

« C’est ce qui me fait vivre et avancer », explique le trentenaire, titulaire d’un DESS « projet culturel ». Un premier marchepied pour ne jamais oublier son leitmotiv permanent : « Favoriser, encourager l’accès à la culture pour le plus grand nombre en développant aussi bien la formation que les activités de proximité. »

Car le « terrain, le local » est sa terre de prédilection. Celle des « gens qui avancent souvent dans l’ombre pour faire bouger les lignes », poursuit-il. Une philosophie qui le fera hésiter à devenir ambassadeur du « In » : « En fait, j’avais peur que derrière ce concept, on retrouve toujours les mêmes têtes d’affiches, les mêmes noms qui sont là pour se faire mousser… Mais, je me suis rendu compte que du président d’association aux chefs d’entreprise, les Ambassadeurs sont de vrais acteurs de terrain. Alors, j’ai voulu en être… »

 

>A la tête de son association Culture de Banlieue créée en 2010, ce « Dyonisien d’adoption » a labouré le bitume banlieusard en long et en large : tour-à-tour créateur de magazines, organisateur de concerts, d’expositions, d’ateliers, de débats avec toujours en filigrane le « hip-hop, une compagne qui m’a fait grandir, m’a quelquefois trahi, mais est toujours revenue et ne m’a jamais totalement lâché », résume-t-il à la manière d’un slameur.

Un univers musical découvert dans l’Essonne au pied des tours de la Grande Borne à Grigny où il a d’ailleurs, jeune adulte, fondé sa toute première association Verbal Connexion.  « En fait, c’était d’abord un moyen d’obtenir une salle pour faire du rap entre potes », se souvient-il dans un large sourire.

Le « subterfuge » le conduira néanmoins à creuser son sillon dans le domaine de l’animation où il sera successivement directeur des structures jeunesse de plusieurs villes de banlieue parisienne, parmi lesquelles La Courneuve. Parallèlement à son activité professionnelle, il met sur pied le festival urbain alternatif « Banlieusard et alors ? » qui pendant trois éditions entre 2011 et 2013 s’est attaché à développer sur Aubervilliers, Saint-Denis et La Courneuve des « synergies entre des associations locales qui n’avaient pas forcément l’habitude de travailler ensemble. »

Une énergie collective qu’il cherchera de nouveau à reproduire en se lançant, ces prochaines semaines, dans un projet de long métrage dont le tournage devrait débuter cet été dans différents quartiers du trio de villes qui avaient déjà été le théâtre de « Banlieusard et alors ? »

«Ricochets » puisque c’est son titre marchera dans les pas de quatre lycéens –Moussa, Mehdi, Darko et Ruddy- aux destins entremêlés. Une histoire qui n’existera à l’écran que si Thierry Grone réussit à financer son projet à hauteur de 100 000 euros. « Mais, j’y crois parce que ce film sera solidaire, on va s’appuyer sur les forces vives de la Seine-Saint-Denis pour le faire exister : l’école Nationale du Cinéma Louis-Lumière qui est à la Cité du Cinéma par exemple. Tous ceux aussi qui voudront nous apporter leur aide et leur expertise et je compte évidemment beaucoup sur le réseau des Ambassadeurs du In-Seine-Saint-Denis. C’est par des actions solidaires qu’on le fera vivre. »

Retrouvez-le sur les réseaux sociaux