Amina Tounkara, une ambassadrice qui coche toutes les cases…
Ex-gardienne du Noisy-le-Grand handball, club de deuxième division nationale, Amina Tounkara sait aussi tendre la main en dehors de ses cages. En 2020, la jeune femme originaire d’Aulnay a ainsi créé l’association Hand’Joy, pour inciter les jeunes filles à ne pas céder aux injonctions sociales et aller au bout de leurs rêves. Une initiative qu’elle vient de mettre dans les cases d’une série de BD. Explications.
Longtemps gardienne de handball au plus haut niveau, Amina Tounkara a gardé l’habitude de tendre la main… Mais plus vraiment pour bloquer les attaques des adversaires qui se ruaient vers son but. Victime en match d’une commotion cérébrale qui a subitement interrompu sa carrière sportive en septembre 2022, la jeune femme de 26 ans, grandie à Aulnay-sous-Bois, se consacre depuis 2020 à promouvoir l’égalité des chances et l’inclusion par le sport à travers son association Hand’Joy – lire notre encadré ci-dessous – dont le slogan est simple comme une parade contre toutes les exclusions : « Ouvrons les champs des possibles et brisons les plafonds de verre. » En sous-texte, il y aussi ce conseil que prodigue l’ex-portière du club de Noisy-le-Grand : « Il ne faut jamais lâcher, malgré les difficultés, les galères, on peut toujours réussir… »
Un partage d’expérience
Un message qu’on retrouve dans la série de bandes dessinées Championnes : ici aussi, on peut briller qui racontent l’histoire de quatorze jeunes handballeuses issues du département de la Seine-Saint-Denis, avec déjà deux premiers tomes publiés en novembre dernier. Soutenue par plusieurs partenaires dont le département de la Seine-Saint-Denis, la marque Adidas, la Fondation Hand’Solidaire, émanation de la Fédération française de handball, mais aussi Paris 2024, cette série de BD est l’occasion de développer différentes thématiques qui parlent aux jeunes femmes : la santé physique et mentale, l’égalité des genres, la confiance en soi et le racisme. Le premier tome narre ainsi la convalescence de Chloé, victime d’une méchante rupture des ligaments croisés du genou. Une histoire librement inspirée de celle de Manon, 17 ans, originaire de Noisy-le-Grand.
« En mettant ces histoires dans les cases d’une bande dessinée, l’idée c’était vraiment de raconter des parcours, des expériences de vie dans lesquelles d’autres jeunes peuvent se reconnaître. Par exemple, lorsqu’on parle de la blessure, c’est quelque chose d’assez commun à tous les sportifs : un moment qui peut être délicat que je voulais aborder de manière positive car toutes nos histoires ont une fin toute aussi positive », dévoile encore Amina Tounkara.
Bref, un partage d’expérience(s) qui n’a rien de superflu pour les jeunes femmes engagées dans un parcours sportif qu’il soit de haut niveau ou plus anonyme : « Ce dont je me suis rendu compte à travers le travail mené par Hand’Joy, c’est que les jeunes dans les quartiers, et encore plus les jeunes filles, manquent assez cruellement de modèles auxquels ils peuvent s’identifier, poursuit Amina Tounkara. Notre envie, à travers ces BD, c’est de participer à créer une société où chacun possède les mêmes chances de réussite. »
Permettre aux jeunes filles de rêver
Logique donc que la trajectoire personnelle de la joueuse de Noisy-le-Grand vienne nourrir la trame du deuxième tome de Championnes dans lequel l’héroïne, Hafssa se heurte au refus obstiné de son père de l’inscrire dans un club de handball, estimant que la discipline est exclusivement réservée aux garçons. Une histoire en BD – en attendant la publication progressive des deux autres tomes – qui va prendre en 2025 la direction des stades et des clubs sportifs. « Ce qu’on veut, avec Hand’Joy, c’est créer une grande tournée pour aller dans les clubs, dans les villes de Seine-Saint-Denis, proposer un match de handball, qui serait l’occasion de promouvoir notre BD. Et c’est aussi quelque chose qu’on aimerait organiser dans les collèges du 93. Permettre aux jeunes filles, mais aussi aux garçons de rêver, de s’identifier à un modèle positif à travers une simple histoire, ça n’a l’air de rien, mais c’est déjà un grand pas pour construire quelque chose de plus grand. »
Une excellente manière enfin pour Amina Tounkara d’endosser avec entrain son autre casquette d’ambassadrice du In Seine-Saint-Denis : « Pour moi, être ambassadrice du In, c’est aussi pouvoir dire et raconter qu’il y a des parcours incroyables à valoriser en Seine-Saint-Denis. Le bon côté du 93, il existe, il est bel et bien là contrairement à l’image négative que veulent encore colporter certains médias sur notre territoire. Et, ce n’est pas parce que la page des Jeux Olympiques est maintenant tournée qu’il ne faut plus parler de la Seine-Saint-Denis ! »
Comptez en tout cas sur Amina Tounkara pour garder la flamme…
Frédéric Haxo
- Pour commander la BD éditée par Hand’Joy, c’est ici…
Crédits photo : Sophie Loubaton
Hand’Joy, le sport qui n’exclut rien...
Fondée en 2020 par Amina Tounkara, l’association Hand’Joy s’impose depuis comme un acteur majeur de la promotion de l’égalité des chances et des genres, notamment dans les quartiers prioritaires. En proposant, entre autres, des programmes de formation en alternance équivalents à un bac +2, en collaboration avec une école de sport business. Lesquels programmes visent à préparer les jeunes aux défis du marché du travail en leur fournissant des compétences en gestion de structures sportives. Forte aujourd’hui de 4 salariés et d’une dizaine de bénévoles très actifs, l’association présidée par Amina Tounkara ambitionne désormais « de créer sa propre école de management du sport. »
En savoir plus : www.assohandjoy.fr