Avec la CASA93, mettez un coup de « Pulse » dans votre rentrée In Seine-Saint-Denis

A Montreuil, la Casa93, l’école de création gratuite portée par l’association Modafusion, sans condition de diplôme pour des jeunes talents créatifs de la mode, ressemble à un joyeux bazar où chacun semble pourtant trouver sa place instinctivement, comme un vêtement bien assemblé : « C’est ça l’esprit de la Casa, on te permet de te construire en toute autonomie, mais toujours avec du soutien et des ressources », sourit Héloïse, alias Bill, de passage dans l’école montreuilloise fondée en 2017 par Nadine Gonzalez, ambassadrice du In Seine-Saint-Denis.

Dans quelques heures, la jeune femme s’envolera vers une université canadienne -lire son portrait ci-dessous- après trois mois printaniers et enchantés au sein du programme d’orientation CASA93 PULSE.

Trouver son ADN artistique

Lequel est dirigé par Clara Vidoni qui, en ce moment, supervise l’arrivée des candidatures ouvertes en ligne jusqu’au 16 septembre pour une quinzaine de stagiaires qui composeront la quatrième promotion : « Pulse, embraye-t-elle, c’est un programme ouvert aux jeunes âgés de 18 à 25 ans, exclusivement de niveau bac ou infra bac et en décrochage scolaire ou recherche d’orientation, résidant en Seine-Saint Denis ou plus largement en Ile-de-France. L’objectif premier de Pulse, c’est de permettre à des jeunes créatifs motivés de trouver la formation qui correspond à leur ADN artistique. Le parcours qui démarre le 30 septembre et dure 3 mois se déroule à raison de trois cours du soir par semaine et d’un workshop en journée parce que la plupart des jeunes qui nous rejoignent vont travailler en parallèle. »

Voilà de quoi déjà planter le décor, lequel ne dessine pas, ensuite, les contours d’un programme franchement classique : « D’abord, contrairement à la Casa93, Pulse n’est pas uniquement axé sur la mode, mais plus globalement sur le design, les beaux-arts et les métiers de l’artisanat, détaille Clara Vidoni. Surtout, la première vocation de ce programme d’orientation est d’aider les jeunes à créer du contenu créatif et artistique pour réaliser un dossier de candidature qui leur permettra d’enclencher une formation. Pour cela, on propose un suivi très individualisé. »

Un parcours sur-mesure

Du sur-mesure forcément au sein d’un programme qui respire la création, mais également parce que les membres du programme Pulse bénéficient d’un tutorat-mentorat avec l’association Powa, spécialiste de l’orientation et de l’insertion. « Cela permet aux jeunes d’être mentoré par des professionnels de la création et leur ouvre ainsi un futur réseau, poursuit Clara Vidoni. Et puis, ils et elles bénéficient aussi du réseau de nos écoles ou partenaires professionnels comme La Renverse à Saint-Ouen, une école spécialisée en arts visuels et appliqués ou l’Atelier Jean-Luc François à Pantin qui fait de la formation aux métiers techniques de la couture. »

Bref, tous les outils nécessaires pour ciseler la « réalisation d’un dossier d’inscription pour candidater dans l’école de ses rêves qui sera présenté devant un jury extérieur à la Casa, précise encore Clara Vidoni. L’objectif, c’est d’évaluer si les stagiaires sont prêts à intégrer l’école envisagée ou réaliser un stage ou encore si une réorientation est nécessaire. Mais, nous ne sommes pas dans l’optique de fermer des portes. Tout au contraire, parce que Pulse c’est d’abord un parcours qui travaille beaucoup sur la confiance en soi de ses stagiaires. Nous donnons des clés aux jeunes, à eux ensuite d’ouvrir des portes et de savoir oser… »

Démonstration à suivre en lisant les portraits de Bill et Sierra, membres des promotions 2 et 3 de Casa93 Pulse.

NOS PORTRAITS QUI PULSE(NT)...

Sierra, prête à renverser des montagnes

Plutôt que de subir sa formation en management, Sierra a préféré prendre le temps d’un parcours Pulse. Pour mieux assembler les pièces de son puzzle personnel.

De ses mains gantées de noir et agrémentés de faux ongles rouges, « une création personnelle », Sierra, 19 ans, fait défiler les pages de son book composé lors de son passage à CASA93 PULSE entre novembre 2023 et février 2024 : « C’est mon cahier de recherches expérimental. Là, il y a mes collages réalisés après la visite de l’expo « LV Dream de Louis Vuitton. Ensuite, j’ai pas mal de dessins au fusain qui sont réalisés selon mes inspirations, mes réflexions du moment », commente celle qui se définit comme « femme transgenre. »

Avant d’intégrer le programme CASA93 PULSE, Sierra avait bien « cherché à se lancer dans la mode, mais sans vraiment savoir comment m’y prendre. Et puis, les circonstances ont fait que je n’ai pas trouvé d’école de mode et je me suis retrouvée inscrite en bac « sciences et technologies du management et de la gestion » en sachant que ce n’était pas du tout ce que je voulais faire », décrit celle dont la passion pour le geste de la couture est « surement née en partie dans la cordonnerie de mes parents dans les Hauts-de-Seine où j’ai passé pas mal de temps, enfant… »

Une passion qu’elle finit par raccrocher en « trouvant des infos sur la Casa qui m’ont amenée vers le parcours PULSE… Franchement, ça a été une chance pour moi et je le conseille totalement à toutes celles et ceux qui, comme moi, peuvent être un peu perdus. Avant d’intégrer la Casa93, je ne savais pas vraiment où mettre ma créativité. Pulse m’a aidée à me projeter à nouveau vers l’avenir, à oser tenter des choses. Et puis, ça ouvre aussi des portes, nous fait rencontrer des professionnels et nous oriente vers certaines formations vers lesquelles on ne se serait pas forcément dirigés… »

« Pulse te propulse ! »

Désormais, les idées bien au clair et après un stage estival de trois mois dédié aux métiers techniques de la couture au sein de l’Atelier Jean-Luc François à Pantin, Sierra compte bien tracer son chemin dans l’univers de la mode : « Je me verrai bien créer, dessiner pour des marques de mode, des artistes ou des performers », espère celle qui est aussi danseuse, spécialiste du voguing. Et puis, pourquoi pas créer ma marque. J’ai plein de projets, en fait ! Et ça, je le dois pas mal à PULSE parce qu’entre anciens et nouveaux de la promo, on se motive beaucoup. Avec aussi une équipe pédagogique qui ne nous lâche pas nous envoie des infos sur les expos, les évènements à ne pas rater, nous donne des contacts de professionnels qui peuvent être intéressés par nos services. Franchement, Pulse ça te propulse ! »

Pour suivre Sierra sur Instagram, c’est ici !

Bill, créative sans frontières

Après un passage au printemps au sein de la Promo 3 du parcours Pulse, la jeune femme vient de s’envoler vers des études de mise en scène à l’Université de Montréal.

Grande et ultra-longiligne, Bill, alias Héloïse, porte de toute petites cravates, tout en décalage : des « tiny ties » comme le nom de sa marque « The tiny tie » créée un peu sur le ton de la blague pour « désacraliser ce qui est surement le symbole ultime de la masculinité », expose la jeune femme de 22 ans, issue de la Promo 3  de Casa93 Pulse qui s’est déroulée entre février et mai dernier. « Je me suis demandé quel accessoire mériterait d’être rafraichi et j’ai eu l’idée de faire des cravates un peu clownesques », poursuit-elle. Avec un slogan en forme de jeu de mots tout trouvé : « Ce n’est pas « la tie qui compte », se marre Bill, grandie dans la campagne toulousaine.

C’est aussi du côté de Toulouse qu’elle entame des études théâtrales au sein du Conservatoire de Ville rose : « Mais, c’était un univers qui ne me convenait pas, trop axé sur la compétition entre élèves. Moi, j’avais besoin de davantage de collectif… »

Se faire confiance…

Un bonheur commun qu’elle trouve ensuite en traversant l’Atlantique pour rejoindre le Canada où elle intègre un regroupement de conteurs. Mais, la belle histoire qui s’amorce est interrompue pour une question administrative : « Je n’ai pas obtenu l’autorisation de travailler au Canada alors j’ai dû rentrer en quatrième vitesse en France, l’hiver dernier. Le problème, c’est qu’en plein d’année scolaire, tu ne peux intégrer aucune formation… »

La promo 3 de CASA93 PULSE sera son refuge. « Trois mois intenses qui ont été super enrichissants, juge-t-elle. Ça m’a donné plein d’idées, je me suis fait énormément de contacts et surtout je me suis rendu compte que je ne voulais pas faire que des vêtements. De mon point de vue, la mode est une industrie plutôt enfermante, avec des codes très stricts autour des tailles, du genre… Ce n’est pas l’univers vers lequel j’ai envie d’aller », raconte encore Bill qui vient tout juste de repartir, mi-septembre, vers l’Université du Québec à Montréal pour un cycle de deux ans d’études de mise en scène.

« Et grâce à Pulse je repars au Canada pleine de confiance, parce qu’avec eux et grâce à eux j’ai eu le courage de monter un défilé au mois de mai aux Amarres, un tiers-lieu solidaire et festif à Paris-Austerlitz qui fait des accueils de jour pour des demandeurs d’asile et des réfugiés. C’était un moment partagé incroyable, de belles rencontres humaines qui compteront aussi dans mon parcours. »

D’où la conclusion de Bill-Héloïse, en forme de conseil : « Franchement, j’incite toutes celles et tous ceux qui ont besoin de se faire confiance d’aller taper à la porte du programme Pulse, parce que c’est l’esprit Casa93, un lieu et des personnes qui nous donnent l’opportunité de rêver et de construire nos rêves… »

Pour suivre Bill sur Instagram, c’est ici !

Ce projet est soutenu par le département de la Seine-Saint-Denis dans le cadre de l’appel à Agir In Seine-Saint-Denis, par l’EPT Est-Ensemble et la préfecture de Seine-Saint-Denis.

Frédéric Haxo