Bahar Ashouri, une entrepreneuse qui a su se mouiller
D’une idée simple née d’un problème pratique, protéger sa fille de la pluie sur son siège-vélo, cette Lilasienne a fait une réussite entrepreneuriale qui n’en finit plus de se développer presque dix ans plus tard. Rétropédalage sur la piste du succès.
Avec plus de 1 000 mm de précipitations tombées en moyenne sur l’Hexagone l’an dernier, l’année 2024 a gagné le droit de se classer parmi les 10 « millésimes » les plus pluvieux depuis 1959. De quoi permettre aussi à la Lilasienne Bahar Ashouri, créatrice en 2016 de la marque Rainette, spécialiste des équipements imperméables dédiés aux cyclistes, de dresser un constat serein : « Aujourd’hui, Rainette se porte bien, se développe encore au niveau européen et a élargi son catalogue aux produits pour les adultes. »

Neuf ans plus tôt, celle qui est alors une jeune quadra, mère de famille et directrice de casting pour différentes émissions de télévision, est moins enthousiasmée par la météo de l’époque. Lassée à la fois d’affronter un automne pluvieux, lorsqu’elle rallie Les Lilas à Romainville à vélo pour dépasser sa fille Rose à la crèche, et de ne pas trouver une protection qui tient la route dans le commerce, elle décide de prototyper sa propre solution en s’appuyant sur l’expertise de sa belle-mère biologiste.

Un développement dans la roue des aménagements vélo...
La cape de pluie capable d’englober les sièges-vélos des bambins est née et l’aventure Rainette prend son envol avec sa grenouille verte stylisée aux commandes. Dans le même temps, les pistes cyclables vont commencer à se développer dans une Seine-Saint-Denis qui s’est fixée à l’aube des JO 2024 d’afficher des artères « 100 % cyclables » et s’est hissée progressivement au rang de leader francilien de l’aménagement cyclable. « D’une ville à l’autre de Seine-Saint-Denis, c’est vrai que les pistes et les aménagements cyclables du 93 ont été une franche réussite, apprécie Bahar Ashouri, également ambassadrice de la marque territoriale du In Seine-Saint-Denis. Au moins, on ne risque pas sa vie comme à Paris où, sur certains carrefours, c’est un peu la jungle urbaine… »

Une production largement In Seine-Saint-Denis
Une mobilité douce, mais pas toujours apaisée, construite au lendemain des confinements de la crise du Covid qui sera l’un des ingrédients de la réussite de Rainette, entreprise qui s’est démultipliée en quelques années, au point de vendre aujourd’hui « près de 50 000 produits par an. En France, en Belgique, en Suisse en Allemagne ou encore au Luxembourg. Avec une forte présence dans les musées et aussi bien dans les « petits » magasins de cycles que dans les rayons d’une enseigne comme Décathlon », détaille Bahar Ashouri.
Laquelle phosphore toujours avec la même méthode initiale : « Sur le papier, je pars d’un besoin pour créer quelque chose de nouveau. Par exemple, si je trouve que les gants existants sur le marché ne sont pas confortables, je me penche sur la question. » Mais pas n’importe comment… L’ambassadrice du In Seine-Saint-Denis continue de privilégier « des fournisseurs qui sont à cinq minutes à vélo de chez moi. Un sérigraphe à Noisy-le-Sec pour l’impression de nos stickers-réfléchissants à coller sur les casques des enfants comme sur les cadres des vélos. Et un spécialiste de la maroquinerie à Romainville pour nos sacs. Il n’y a que les vêtements techniques que je fais produire en Chine, mais en étant attentive aux conditions de travail de la main d’œuvre sur place. C’est pour cela que je travaille avec la « Business Social Compliance Initiative », un système né en Allemagne qui permet d’améliorer et de contrôler les conditions de travail des chaînes d’approvisionnement basées en Asie.

La voie du minimalisme assumé
« D’ailleurs, poursuit Bahar Ashouri, travailler au maximum en France c’est ce qui me permet d’être inventive avec un minimalisme qui fait notre succès. Par exemple, avec notre « véloche », une sacoche très simple qui s’accroche au guidon. En Asie, on m’aurait proposé de mettre plein de zips mais sans la qualité et la durabilité qui vont avec. » Côté méthode toujours, la cinquantenaire, née en Iran et arrivée en France dans les années 80 dans le sillage de son père essayiste et écrivain et de sa mère documentaliste, continue de travailler seule. En tout cas sans employer de salariés : « Mais, je ne travaille jamais complètement en solo, je m’entoure évidemment de plein de compétences aussi bien sur la fabrication que sur la logistique », dit-elle.
Avec, encore une touche de In Seine-Saint-Denis lorsqu’elle s’adjoint les services de Biblis Duroux, une autre Lilasienne, directrice artistique qui a travaillé sur l’identité graphique de Rainette. Pour l’ambassadrice du In Seine-Saint-Denis, créer en mode ultra-local est une manière de démontrer « que tout est possible dans ce Département. Personne ne doit se fermer des portes, encore plus sur un territoire où beaucoup de choses sont faites pour soutenir l’esprit d’initiative. »
Frédéric Haxo
Crédits photo : Sophie Loubaton