À Aubervilliers, des cerveaux qui ont la tête In Seine-Saint-Denis…
Retour sur la 3e édition du « Championnat national des sports du cerveau » organisé à l’Embarcadère d’Aubervilliers, les 15 et 16 février derniers. Des disciplines qui se cultivent de plus en plus en Seine-Saint-Denis.
Vu d’en haut, un cerveau en action, c’est franchement impressionnant…
Ce samedi 15 février, l’Embarcadère à Aubervilliers accueillait une nouvelle édition du Championnat national des sports du cerveau et le IN a pris un peu de hauteur dans les coursives de la salle de spectacle. En contrebas, plus d’une centaine de concurrents -de tous âges- venaient de se plonger dans une séance de lecture efficiente, l’une des trois épreuves de cette compétition pas comme les autres, organisé par le duo d’ambassadeurs du In Seine-Saint-Denis, Kamel Kajout et Nadia Bouali.
De quoi faire bouillir les cerveaux mais aussi s’échauffer les mains, qui d’un geste leste et ultra-rapide enchaînaient les centaines des pages de livres-jeunesse ou romans sélectionnés pour l’épreuve de lecture efficiente. Le principe ? Lire le plus rapidement possible, rendre son ouvrage tout aussi prestement au jury pour obtenir un meilleur coefficient de rapidité et répondre dans la foulée à une batterie de questions sur le roman préalablement ingéré.
Un exercice auquel s’est essayée Amina, 20 ans, régionale de l’étape puisqu’elle réside à Aubervilliers où elle fait partie du Conseil local de la jeunesse (CLJ) grâce auquel elle s’est habituée « à muscler son cerveau. Et, pour moi qui suis étudiante en ciné, c’est aussi une bonne manière de préparer mes partiels, sourit la jeune femme. Depuis que j’ai découvert les exercices de carte mentale et de lecture rapide proposés par Graines de réussite (le centre de formation fondé à Bondy par le couple Kajout-Bouali. NDLR), je m’en sors beaucoup mieux avec mes problèmes de concentration. Et puis, c’est aussi un excellent moyen de se challenger chaque jour… »

Sarah Ouhramoune, femme de combat(s)
Défis personnels, envie de se dépasser, autant de thématiques abordées le matin même, lors de l’autre épreuve du jour – la carte mentale – par Sarah Ourahmoune, enfant d’Aubervilliers et vice-championne olympique de boxe en 2016 à Rio, venue raconter son parcours fait de résilience et d’exploits. Un discours très personnel retranscrit ensuite de manière synthétique et imagée par les concurrents de l’épreuve de carte mentale. Lesquels seront ensuite jugés selon une grille de notation supervisée par Cyril Maître, champion du monde de mind mapping -la carte mentale en français- et formateur en techniques de mémorisation. « Une bonne carte mentale, c’est 50 % de forme et 50 % de fond, avec une bonne part de subjectivité, glisse ce dernier. Alors autant s’appuyer sur une série de critères qui permettent d’objectiver un maximum les cartes proposées par les participants pour les évaluer et les classer selon le principe d’un championnat. »


Maitriser l’art oratoire
Des outils utilisés fréquemment du côté de la Bondy Académie, un autre partenaire du centre de formation Graines de réussite. « Travailler les sports du cerveau fait partie de l’ADN de notre club, explique Mahamadou Yate, l’un des fondateurs de l’académie bondynoise. Comme nous ne faisons pas de foot en compétition parce qu’on estime qu’elle détourne les jeunes de l’objectif éducatif du sport, on trouve très important de s’appuyer aussi sur d’autres outils plus cérébraux. Une bonne manière, selon nous, d’amener les jeunes à se fixer une ligne de conduite dans la vie comme dans le sport… »
Une philosophie que Kayim, jeune footballeur bondynois, résume très doctement, malgré son jeune âge : « La lecture rapide ou la carte mentale, ça me sert à mieux me concentrer, à bien manier l’art oratoire parce que savoir jouer au foot, c’est bien, mais il faut aussi pouvoir s’exprimer correctement. »
Tout l’idéal d’une tête bien faite dans un corps bien fait…
Frédéric Haxo
Crédits photo : Bruno Lévy
Esther Thwadi-Yimbu, la carte gagnante
Ex-journaliste-reporter d’images longtemps spécialisée dans la couverture du continent africain, la Spinassienne Esther Thwadi-Yimbu a d’abord utilisé la carte mentale « pour clarifier mes pensées, y voir plus clair aussi dans mon travail, comme dans ma vie de tous les jours. Et puis, comme je prends également beaucoup de plaisir à dessiner, c’est devenu très vite un réflexe d’utiliser cet outil. Presque au quotidien d’ailleurs. »
Qu’elle continue aujourd’hui de mettre à profit dans sa nouvelle activité de « world-builder » dans le domaine des jeux-vidéos, soit la capacité à créer des univers qui font sens avec le récit du jeu. « Et puis, je me lance aussi dans la formation dans le domaine de la carte mentale, explique encore cette mère de famille. Parce que, pour moi, la carte mentale est un outil magique qui donne des résultats rapidement, je le vois avec mes deux enfants, même si parfois ils râlent un peu lorsque je leur demande de me dessiner une nouvelle carte ! »
Deux fois sur le podium
Grandie du côté de Dugny, Esther Thwadi-Yimbu est en tout cas persuadée que les sports du cerveau sont des outils idéaux pour « transmettre les méthodes de la réussite auprès des jeunes du 93. Parce que plus les jeunes s’enrichiront de nouvelles connaissances, plus ce sera facile pour eux d’avancer dans la vie, et autant le faire en s’amusant et en se challengeant ! »
Parole de celle qui est montée deux fois sur le podium du Championnat des sports du cerveau : première lors de l’épreuve de la carte mentale créative réalisée autour de l’illustration d’un mot et deuxième lors de l’épreuve de carte mentale synthétisant le discours de la boxeuse Sarah Ourahmoune. F.H