Chez Régine, un tiers-lieu In Seine-Saint-Denis dans les petits papiers de l’art urbain

Chez Régine, un tiers-lieu In Seine-Saint-Denis dans les petits papiers de l’art urbain

Dans un ancien entrepôt revisité en tiers-lieu, Chez Régine, les arts urbains ont trouvé en 2021 leur nouvelle adresse de référence à Aubervilliers. Un endroit que Sandre, spécialiste du graff, va investir pendant une année après avoir été l’heureuse élue d’un appel à résidences In Seine-Saint-Denis.

A Aubervilliers, les arts urbains qui ont l’habitude de faire le mur sont désormais bien dans leurs murs. Depuis cet hiver, L’Écluse, association qui promeut l’art urbain a en effet investi l’ancien entrepôt d’un grossiste en linge de maison pour le transformer en tiers-lieu artistique. « C’est un lieu qu’on veut ouvrir au maximum vers le public, les habitants. Bien sûr, l’art urbain sera le moteur de nos activités, mais toute personne avec une envie de créer sera la bienvenue », prévient d’entrée Malo Garnier, co-fondateur de L’ Écluse et de Chez Régine puisque c’est le nom de baptême de l’endroit. Une référence à la rue Régine-Gosset, hôte de ce tiers-lieu made In Seine-Saint-Denis qui héberge déjà 6 ateliers d’artistes et deux associations répartis sur 800 m2.

Une philosophie du partage qui rejoint celle d’Alexandra Clauss, alias Sandre, graffeuse de 25 ans qui va s’installer dès février Chez Régine. L’espace d’une année, elle bénéficiera d’un atelier mis à disposition gratuitement. Le résultat d’un appel à candidatures ouvert aux artistes de moins de 27 ans, soutenu par le In Seine-Saint-Denis au terme duquel l’artiste a su se faufiler dans les petits papiers de Chez Régine. Convaincante grâce à son envie d’ouvrir au plus grand nombre son art du cartoon mural : « Par le biais de la peinture, on arrive souvent à toucher les gens, à discuter et à mieux les connaître. Lorsque tu fais un graff sur une façade d’immeuble, tu passes beaucoup de temps à partager avec les habitants, tu apprends à connaître la vie des gens et du quartier. C’est quelque chose qui nourrit ensuite ton travail », raconte cette Malouine devenue Montreuilloise lorsqu’elle a rejoint l’Ile-de-France en 2016 afin d’intégrer l’École de l’Image des Gobelins, le temps d’une formation au motion-design.

Un nouveau départ

Avant cela, elle s’est longtemps imaginée ingénieure et puis a fini par laisser parler sa fibre artistique au moment où elle a expérimenté le graffiti vandale au Mans, ville où elle a obtenu son bac d’arts appliqués. Dans la Sarthe, en suivant un ami, elle se surprend en effet à « aimer de plus en plus le goût du geste et du mouvement du graff. Et, peu à peu, je me suis formée sur le tas. A Montreuil, j’allais m’exercer sur différents murs légaux même si mes débuts n’étaient pas très glorieux, sourit-elle. Mais j’ai fini par progresser techniquement. »

Jusqu’à déboucher sur ses premières commandes officielles, comme cette fresque réalisée l’été dernier sur la façade d’un immeuble de sept étages à Reims.

Une voie artistique qu’elle aimerait consolider à la faveur de son arrivée Chez Régine : « Avoir un atelier, c’est avoir de l’espace pour créer. Du temps aussi, sans penser aux impératifs de loyer. Pour moi Chez Régine, c’est un nouveau départ pour créer au moment où je m’interrogeais sur la suite… » Exactement le profil que visait Malo Garnier, un des « maîtres » du tiers-lieu d’Aubervilliers :

« Sandre est à un moment crucial de sa vie d’artiste émergente : celui où on choisit de se professionnaliser, ou pas. C’est dans ce cadre qu’on peut l’aider en lui proposant un an pour expérimenter, créer. Et surtout, on compte sur elle pour aller au-devant du public, des habitants dans de futurs ateliers. »

Le 93, terre de rencontres

 

 

Une mission bien dans les cordes de l’artiste qui ne compte pas être seulement de passage à Aubervilliers, puisqu’elle va aussi y poser ses meubles. Une manière de prolonger sa découverte de la Seine-Saint-Denis déjà bien explorée, par exemple lors de ColorCite?, un évènement organise? par l’association Murals a? l’Ile-St-Denis où il s’agissait de remettre de la couleur dans les quartiers lors d’ateliers participatifs : « Ce qui me plaît dans le 93, dit-elle, c’est son côté cosmopolite avec toute sa mixité?. C’est le lieu ou? j’ai fait toutes mes rencontres et mes principales expériences. Les gens sont ouverts a? la discussion, a? l’échange et prennent le temps. »

N’hésitez donc pas à découvrir l’atelier de Sandre lors des portes ouvertes de Chez Régine programmées fin février…


 

Frédéric Haxo

Crédits photo: Alexandra Clauss Sandre