Créatrice made in Seine-Saint-Denis, MadameStefleurs, le bourgeon des Lilas

Créatrice made in Seine-Saint-Denis, MadameStefleurs, le bourgeon des Lilas

Stéphanie Régerat a lancé son activité de fleuriste en janvier 2020. Le confinement est venu contrecarrer ses plan(t)s, mais il a aussi constitué un moment de retour du végétal dans les logements parisiens. Un marché sur lequel elle pourrait bien rebondir…

La créativité de Stéfanie Régerat n’avait plus la place de s’épanouir dans la carrière de graphiste qu’elle s’était choisie en sortant des Beaux-Arts et de l’école des Gobelins. « Dans les années 1990, on était en pleine bulle du web. Je ne voulais pas de la vie esseulée d’artiste, alors je me suis orientée vers le graphisme digital. Pendant des années, j’ai conçu des sites pour des grands médias comme Télérama ou Courrier International. Et puis peu à peu, les entreprises ont internalisé leur communication. Les réseaux sociaux ont bouleversé le paysage, et le souci de rentabilité a surpassé celui de l’esthétique. Mon métier s’est tari », constate, affectée, Stéphanie Régerat.

Cette Auvergnate, fille d’apiculteur, qui a grandit à la campagne, ne se retrouve plus dans le monde de la communication digitale. « Je voulais renouer avec un métier manuel, revenir aux fleurs, qui furent mes premières sources d’inspiration, travailler le végétal », poursuit l’artiste. Elle cumule une formation de 160 heures à l’Ecole des fleuristes de Paris, les stages à Rungis, chez un grossiste, des extras dans l’événementiel, et un salariat de 14 mois dans une boutique, où le propriétaire lui propose de tout gérer de A à Z. « Pendant un an et demi, je n’ai pas pris de vacances », se souvient-elle.

Abonnement 

Une fois sûre de ses appuis, elle se lance dans son projet, et crée son entreprise en janvier 2020.  » Sur mon site internet, je propose des abonnements d’un bouquet par mois avec des fleurs de saison, de production locale. A côté de cela, je propose de concevoir et d’aménager des jardins ou des mini-jardins. Je propose également des ateliers de travail sur la fleur séchée », décline la fleuriste. Pour se ravitailler, elle sélectionne ses fournisseurs en s’assurant que ses fleurs n’ont pas trop voyagé, porte un regard attentif à la gestion des eaux, n’utilise pour ses compositions que du rafia et du kraft. Pour les fleurs séchées, elle a choisi un producteur voisin de sa maison natale, en Auvergne

Mais le confinement vient troubler sa feuille de route. « D’un côté, cette période m’a permis de comprendre que je voulais vraiment me consacrer à 100% à ce métier. Le confinement a aussi suscité chez les gens le besoin de reverdir leur intérieur, de renouer avec la nature », relève Stéphanie. Mais d’un autre, le covid a fait quasi disparaître le secteur de l’évènementiel, les mariages, les tournages, tous bons clients des fleuristes. Il a aussi fait réduire la voilure aux évènements qui permettent aux jeunes qui se lancent de se faire connaître : les salons, les concept store.  » Le problème auquel je me heurte, c’est que je n’ai pas d’apport pour prendre un local de travail et de stockage, et ce n’est pas avec mes mille euros de chômage par mois que je vais pouvoir m’en offrir un. Alors je vais taper à toutes les portes », affirme Stéphanie Régerat, déterminée. Avec un peu de chance et beaucoup de motivation, elle trouvera un tuteur qui l’aidera, à terme, à faire florès.

Elsa Dupré