Marine Chatelot-Muller, comme de bien entendu…
Cette Courneuvienne d’adoption aime répéter les messages en boucle. Rien à voir avec le fait qu’elle soit consultante en communication institutionnelle mais plutôt avec sa marque de bijoux d’oreilles « Do you ear me. » Portrait à lire et peut-être à entendre.
A 33 ans, Marine Chatelot-Muller (aka Matte Lo) aime être dans la boucle. Celle de la communication institutionnelle, un secteur professionnel qui est son cœur de métier puisque qu’elle crée des campagnes de communication institutionnelle. Ça, c’est côté face. Côté pile ou l’inverse, peu importe, elle est encore dans la boucle et même très intensément depuis qu’elle a créé en 2021 la marque « Do you ear me » dans son atelier de La Courneuve. Mais, on reviendra plus tard sur son installation In Seine-Saint-Denis. Parce que pour le moment, si vous êtes un poil anglophone, vous subodorez ou plus exactement vous percevez qu’il y a un message subliminal derrière une marque subtilement baptisée « M’entendez-vous » ? En français dans le texte, avec le jeu de mots qui va bien. Une précision utile pour les germanistes et les autres.
Eh bien, vous avez raison puisque la marque créée par la néo-Courneuvienne « part d’une idée toute simple : utiliser les boucles d’oreilles comme un médium politique. Mes créations sont en fait une manière de faire passer les idées que je défends et que j’ai aussi envie de largement partager. »
Simple et efficace en effet et c’est d’ailleurs un concept qui marche puisque Matte Lo produit et vend désormais de plus en plus de boucles d’oreilles. Autrement dit, elle a l’oreille de plus en plus de monde et vous pourrez d’ailleurs découvrir pour Noël, sa vision impertinente des fêtes de fin d’année. A accrocher au sapin ou aux oreilles, selon votre humeur.
« Être féministe, ce n’est pas être hystérique... »
Mais arrivé jusqu’ici, on sent bien qu’on n’a pas encore complètement votre oreille -oui la vôtre !- parce qu’on ne vous a pas vraiment expliqué à quoi ressemblent justement ces boucles d’oreilles et surtout ce qu’elles vous disent. Alors mea culpa : dans ses messages souvent en anglais, accrochés à vos lobes, mesdames ou messieurs, on peut lire des slogans tels que « We should all be feminist » ou « The future is female. » Le tout ciselé dans du plexiglas recyclé passé à la découpeuse laser au deuxième étage de la Fabrique Pointcarré à Saint-Denis, le lab’ collaboratif, également ambassadeur du In Seine-Saint-Denis.
Là, vous l’aurez compris, Marine Chatelot-Muller est furieusement féministe, mais dans le bon sens du terme, et d’ailleurs elle l’assume complètement : « Oui, je suis féministe, mais surtout je me bats pour plus de justice et d’égalité dans notre société. De toute façon, être féministe, c’est une manière de se saisir de toutes les luttes, aussi bien anticapitaliste qu’anti-raciste. Et pour le dire clairement, être féministe, ça ne signifie pas forcément être hystérique, avec les seins à l’air et des poils sous les bras. L’image que voudraient nous coller ceux, et parfois celles, qui ne voient pas où est le problème dans le patriarcat ! »
Bon, alors effectivement Matte Lo n’est pas franchement comme ça. Elle a même une conversation très posée. Un héritage, peut-être, de son boulot de communicante professionnelle qui crée, entre autres, des campagnes de com’ pour la sécurité routière ou l’éducation nationale. « Vendre des dentifrices, ce n’est pas du tout mon truc, dit-elle encore très clairement. C’est pour ça qu’après mes études en science politique, je me suis spécialisé dans la communication d’intérêt général. De bons messages de sécurité routière peuvent sauver des vies. En tout cas, je préfère faire ça qu’enrichir un industriel de la cosmétique, par exemple. »
Des rêves de journalisme
Là-dessus, on notera juste qu’un bon dentifrice peut aussi sauver des vies et on passera à la suite. Blague à part et pour continuer de tracer, un peu, le portrait de Matte Lo, on vous dira qu’elle a grandi à Suresnes dans l’ouest parisien, élevée par une informaticienne et un ingénieur, tous deux salariés de Peugeot-Citroën, qu’elle s’est aussi longtemps rêvée journaliste avant qu’un stage à France 2 ne la fasse déchanter, à l’âge de l’adolescence : « J’idéalisais un peu trop la figure du journaliste », sourit-elle avec du recul.
Du coup, autant faire de la com, s’est-elle dit… Enfin, ça c’est un raccourci journalistique et on espère d’ailleurs que Matte Lo nous le pardonnera.
Car, comme toute a une fin, on a gardé le mystère pour les dernières lignes de ce trop court portrait… Comme vous, on voudrait enfin savoir comment et pourquoi la créatrice de « Do you ear me » se revendique « fière ambassadrice » du In Seine-Saint-Denis : « D’abord parce que je vis à La Courneuve par choix, une ville où je me sens bien, où pas loin de chez moi, il y a plein de fêtes alternatives et de lieux où j’aime rencontrer des gens et surtout où on trouve de la mixité sociale. Un visage humain de la vie qui me plait ! Ensuite, vivre dans le 93, c’est une manière de ne pas oublier que la société a besoin de plus d’égalité. Je travaille d’ailleurs avec la ville de La Courneuve pour essayer de changer l’image réductrice qu’on peut avoir de cet endroit de la banlieue parisienne. Faîtes une recherche web sur la Courneuve et vous verrez qu’invariablement, votre moteur de recherche va vous sortir les barres HLM de la cité des 4000. Pourtant, cette ville, comme la Seine-Saint-Denis en général, ce ne sont pas que des tours de béton, c’est aussi une richesse intellectuelle, créative, culturelle, humaine. »
Un message qui mériterait d’être répété en boucle…
Frédéric Haxo