Samira Mcirdi, ambassadrice In Seine-Saint-Denis: plus d’un art à son arc
Ambassadrice du « In » depuis 2018, cette Blanc-Mesniloise veut porter l’art au cœur des quartiers et développe à cet effet sa start’up « epate.art » pour porter et soutenir les « pépites artistiques » de Seine-Saint-Denis. Rencontre.
Mettre en lumière les talents issus des quartiers, créer une économie solidaire et sociale pour qu’ils puissent créer le plus librement possible, c’est toute l’ambition de Samira Mcirdi, quadragénaire blanc-mesniloise qui s’active à faire grandir sa start’up Epaté -acronyme d’Établissement de Promotion Artistique de Talents Émergents.
« Notre objectif, énonce l’ambassadrice du In-Seine-Saint-Denis, est de favoriser l’insertion professionnelle des acteurs artistiques du territoire. Et, peu importe qu’ils aient une formation, ce qui compte, c’est leur savoir-faire. A nous ensuite de faire savoir qu’ils existent, qu’ils sont les artistes de demain. C’est pour cela que nos critères de « sélection » reposent avant tout sur la motivation et la détermination. L’envie aussi de transmettre et de partager leur art dans les villes du 93. »
Pour Samira Mcirdi, cette nouvelle aventure professionnelle et de vie n’est en fait que le prolongement de son travail au sein de l’association « Tout un art » qui travaille depuis 2011 « avec un collectif d’artistes venus de tous horizons » avec « l’idée de les aider à évoluer dans des conditions plus confortables. Le constat de départ, pour moi qui suis issue d’une formation commerciale, c’est que les artistes sont souvent isolés, manquent de réseau pour être exposés. Résultat, ils perdent beaucoup de temps et surtout une part de l’énergie qu’ils pourraient consacrer à leur art. Et finalement, les talents finissent par se perdre ! »
Aider les artistes à vivre de leur art
Ce qui aurait pu être le cas du cofondateur d’Epaté, le Blanc-Mesnilois Hacène Bouazoune, artiste peintre et illustrateur autodidacte. « Ses difficultés à faire valoir son art, nous ont donné l’idée de créer Epaté, non seulement pour l’aider, mais aussi pour tendre la main aux artistes en devenir. »
Tout l’art d’Epaté qui compte bien tisser sa toile progressivement sera donc de dénicher les « pépites en matière de création artistique qui foisonnent dans les quartiers et de les aider à se professionnaliser. Parce qu’il faut aussi pouvoir vivre de son art. »
Pour cela, Samira Mcirdi, titulaire d’un BTS action commerciale s’appuie aussi sur son expérience récente au sein de « Stand’UP HEC », un programme initié par la prestigieuse école économique et destiné « aux femmes issues des quartiers, ayant un projet de création ou de développement d’entreprise. »
Une ambition entrepreneuriale qui ne l’empêche pas de rester toujours active au sein de l’association « Tout un art » dont elle est présidente. « Avec les mamans de l’association, on propose par exemple des buffets originaux dans les grandes entreprises du territoire, ce qui nous permet de nouer des liens utiles pour organiser des stages de découverte pour les collégiens du Blanc-Mesnil. Il faut leur démontrer que les portes du monde des grands groupes ne leur sont pas fermées. Rien n’est inaccessible et hors de portée parce qu’on vient de Seine-Saint-Denis… »
Des Jeux, mais aussi de la culture…
Une philosophie qu’elle duplique donc d’un point de vue économique en s’évertuant à faire rayonner le plus largement possible Epaté avec en ligne de mire le tremplin que pourraient constituer les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. « Les Jeux, observe-t-elle, vont entraîner une nouvelle métamorphose de la Seine-Saint-Denis, beaucoup de constructions nouvelles vont pousser, il y aura aussi des rénovations. Alors, si on peut y inclure une touche artistique, ce serait magique. Avec le soutien du réseau des ambassadeurs du In Seine-Saint-Denis qui est une vraie force, j’espère bien multiplier les actions artistiques au cœur des quartiers, amener l’art dans les endroits les plus inattendus et participer à changer encore un peu plus l’image de la Seine-Saint-Denis. »
Une manière aussi de renouer avec l’esprit originel des premiers Jeux Olympiques qui comptaient des épreuves artistiques…
Frédéric Haxo