Au 6b, l’art In Seine-Saint-Denis dévoile sa première collection

Entre deux tables rondes, ateliers et conférences lors de l’étape dionysienne de la Tournée des Tiers-Lieux organisée au 6b, les 25 et 26 mars, libre à vous d’arpenter aussi les 7 000 m² d’un lieu artistique unique en Île-de-France.

Six étages où vous pourrez découvrir les ateliers des artistes résident·e·s mais aussi les six premières œuvres de la « Collection du 6b ». Et pourquoi pas candidater à les accueillir chez vous (1) l’espace d’au moins trois mois.

« Cette Collection, explique Elsa Gregorio, responsable de l’action culturelle du 6b, est née des suites de la crise du coronavirus : on s’est demandé comment on pouvait soutenir financièrement nos résidents. C’est comme ça qu’est née l’idée de créer une collection en ne la constituant pas uniquement de créations d’arts visuels. Tout simplement parce qu’au 6b, il y a plus de 200 résidents qui ne sont pas seulement des plasticiens. Il y aussi des compagnies de théâtres, des danseurs, des musiciens, des chorégraphes, des architectes, des designers, des artisans d’art… Donc, l’objectif c’est que cette collection puisse accueillir une diversité d’’œuvres : un protocole de performances, une partition de musique ou plus classiquement un tableau. »

Une œuvre à soi pendant 3 mois

Des œuvres qui pourront être empruntées aussi bien par des entreprises, des institutions, des établissements scolaires et surtout des habitants via un système d’emprunt d’une durée minimum de 3 mois. Une manière « de démocratiser l’accès à la culture en permettant une rencontre plus directe avec l’art contemporain et en désacralisant aussi son mode de présentation », précise Elsa Gregorio.

En 2021, trois œuvres ont déjà rejoint la collection : « Etendard II. Ici on rêve. So 6. » de Barbara Portailler, une pièce en tissu réalisée à partir de mémos usagés collectés entre 2018 et 2020 au 6b ; « I want to break things » issue de la série « Les pleurs de l’aube » de Céline Tuloup qui a rassemblé des mouchoirs brodés de graffitis aux slogans politiques trouvés sur internet ou dans la rue. Enfin, « Négatif au fil noir » de Pauline Angotti, « une sculpture moelleuse » créée en coton, laine vierge, cordelette de cuir, aiguilles de couture et mousse de matelas.

Voici, plus en détails, la présentation des trois nouvelles œuvres du cru 2022 de la Collection du 6b, appelées désormais à voyager In Seine-Saint-Denis :

« Spacepolygone, the fall » / Anne de Nanteuil

Œuvre de la plasticienne Anne de Nanteuil, « Spacepolygone, the fall » est issu des « Raves en papier », série de dessins partiellement hors cadre qui mettent en oeuvre des moyens modestes comme des crayons de couleur, des feutres de collégiens et des tiges en métal hors-cadre. Une simplicité qui dissimule une complexité : « Je cherche à produire la sensation visuelle que l’on garde de ces images que l’on n’est pas bien sûr d’avoir vues ou rêvées, expose l’ex-étudiante des Beaux-Arts de Bordeaux et de l’Université Paris 8-Saint-Denis. L’imaginaire digital n’est pas loin, évoquant certaines de nos facultés humaines « reproduites » par des machines qui transposent nos espaces mentaux dans des clouds, codent et stockent nos intuitions, brouillant la frontière entre notre écran et ce qu’on nommait autrefois notre mémoire. »

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« Pontiac » / Yann Bernard

Dans son atelier situé au rez-de-chaussée du 6b, Yann Bernard crée des « engins vélocipédiques » complétement barrés à partir de de matériaux de récupération. Dont sa « Pontiac », héritier du « « donkey bike » popularisé dans l’Angleterre des années soixante :  un drôle d’engin roulant caractérisé par une petite roue avant et un guidon qui se place sous la selle, ce qui en fait un vélo « très ramassé, facilement transportable et se faufilant partout. » Son nom de baptême « Pontiac » est une référence aux dragsters américains notamment « le Double Dragon » : un dragster atypique construit à partir d’un moteur de Pontiac avec des pneus à flanc blanc et une carrosserie pourpre. Détail qui compte, Yann Bernard, adepte des vélos qui dessinent les mollets, s’est amusé à garnir sa « Pontiac » de pots d’échappement. Mais, ne parlez surtout pas de moteur, même électrique, à celui qui est aussi responsable de La B6klette, l’atelier vélo du 6b. Dans sa caverne du réemploi et du recyclage, il est capable de remettre sur roues les cas les plus désespérés.  Dernière précision, « Pontiac », œuvre aux dimensions généreuses (l55 cm de longueur, 75 de largeur et 105 de hauteur) est démontable pour se glisser dans un ascenseur… Si vous voulez ensuite dévaler vos escaliers avec, c’est une histoire qui vous regarde…

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« WCTOAN#002 « / Collectif BAF BAF

Composée sur le principe d’un cadavre exquis -un jeu graphique ou d’écriture collectif inventé par les surréalistes-, cette œuvre qui mêle peinture, encre et papiers journaux est due au collectif BAF BAF (Back and Forth, Britain and France) né en réaction au Brexit afin de promouvoir la collaboration culturelle entre l’Angleterre et la France. Derrière BAF BAF, on trouve la patte de Patrick Simkins, artiste anglo-irlandais qui crée au 6b depuis 2015. Adepte de la peinture, du collage et de la performance interactive, Patrick Simkins s’intéresse plus particulièrement à la « représentation de la fragilité humaine dans le monde réel et virtuel. » Il l’exprime au travers d’images réarrangées en créant des scènes de fiction où la technique du collage sert à représenter notre fragilité.

Cinq artistes du collectif ont joué le jeu de ce cadavre exquis qui rejoint donc la Collection du 6b.

Frédéric Haxo

(1) Candidature par simple mail à mediation@le6b.fr

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