En Seine-Saint-Denis, les tiers-lieux la jouent Collective

En Seine-Saint-Denis, les tiers-lieux la jouent Collective

Quand les tiers-lieux se rencontrent comme le vendredi 17 janvier au Café Collective d’Aubervilliers à l’initiative du IN, ils se racontent des histoires de tiers-lieux. Mais pas seulement…

L’acte 2 de l’aventure collective des tiers-lieux de Seine-Saint-Denis avait lieu vendredi 17 janvier dans un endroit au nom tout désigné le Café Collective d’Aubervilliers –lire notre encadré. Après le lancement en octobre 2019 du site collaboratif tierslieux.inseinesaintdenis.fr recensant aujourd’hui plus d’une centaine de lieux de travail et de création collectifs, collaboratifs et inclusifs répartis dans tout le département, il était cette fois temps de faire phosphorer collectivement espaces de coworking, fablabs, incubateurs, pépinières d’entreprises ou lieux de création artistique. Avec comme « aiguillon », la saison 2 de l’Appel à Agir In-Seine-Saint-Denis ouverte jusqu’au 2 mars prochain. « Cette nouvelle saison de l’Appel à Agir intègre de nouvelles thématiques comme l’inclusion des seniors et des personnes en situation de handicap, rappelait au moment de lancer les premiers échanges Axelle Poulaillon, responsable de la marque de territoire IN Seine-Saint-Denis. A vous de vous positionner sur ces enjeux à votre manière parce que dans vos lieux, on invente des nouvelles façons de faire, de travailler et c’est ce qui nous intéresse. »

Un axe de travail qui est déjà au programme de la Maison Montreau, auberge et cantine « made In Seine-Saint-Denis » installée depuis 2018 à Montreuil. «Aujourd’hui, on souhaite effectivement être un pont supplémentaire en direction des seniors isolés, explique Morgane Mazain, la responsable du lieu et ambassadrice du IN. Et, c’est avec cet objectif qu’on mène toute une réflexion sur comment aller plus loin dans l’inclusion en ouvrant par exemple des permanences d’accès au droit, des ateliers d’accès au numérique. »

Aller vers les seniors…

En attendant, la Maison Montreau a déjà intégré le guide Ikaria du Conseil Départemental qui recense les offres accessibles aux personnes de plus de 60 ans détentrices de la carte éponyme leur donnant accès à des avantages, réductions ou privilèges, sélectionnés dans un réseau de partenaires en Seine-Saint-Denis. Autant d’outils qui seront bientôt prolongés par la création d’un ou plusieurs tiers-lieux dédiés aux seniors. « L’objectif, développe Hélène Delecourt de l’association « Action Tank Entreprise et Pauvreté » qui coordonne la démarche en lien avec le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis, c’est soit de créer un nouveau tiers-lieu, soit d’investir un lieu existant. Pour le moment, on est en phase de prospective pour mieux coordonner l’action des professionnels de l’aide à domicile. »

Autant de pas enclenchés vers les seniors qui ont, en tout cas, donné quelques pistes aux « juniors » de Casa 93. Elèves de la 3e promotion de l’Ecole de mode, Rachel, Zoé, Manon, Kanter et Juliette ont entre 19 et 24 ans et l’idée d’ouvrir un « tiers-lieu dédié à la créativité avec des activités de friperie mais aussi de recyclage du textile, se projette Rachel, porte-parole improvisée du quintette de la Casa. Avec également une dimension d’inclusion des personnes en situation précaire ou isolées comme peuvent l’être certains seniors. L’envie, derrière ce projet, c’est de ne laisser personne de côté… Personnellement, on a tous eu des parcours scolaires un peu tortueux, donc on sait ce que c’est que de trouver des mains tendues comme a pu l’être, pour nous, la Casa 93. »

L’atout du réseau du IN

Autre main tendue lors de cette matinée au Café Collective, celle de Stéphanie Monjoin, déléguée générale de Mieux Entreprendre 93, le réseau d’entrepreneurs de Seine-Saint-Denis, venue proposer, elle aussi, la force de son collectif : «Presque chaque semaine, nous organisons des rendez-vous pour valoriser des lieux en Seine-Saint-Denis, les faire vivre. Donc, on compte sur vous pour essaimer nos évènements, comme les after-work, dans vos tiers-lieux. »

Mais, avant d’essaimer, certains pensent pour le moment à faire monter en graine leurs projets d’ouverture de tiers-lieux comme Rocco Tomassini de l’association « Coup de pousse », à la recherche d’un site pour implanter un tiers-lieu d’agriculture démonstrative. Elle aussi en quête d’un endroit pour son projet de café-labo-culinaire, la Dyonisienne Mayliss Francisco lui glisse au passage le nom du responsable de la Cantine Sauvage à Saint-Denis, susceptible de l’accueillir sur un terrain attenant à ce nouveau lieu ouvert depuis l’automne dernier dans le quartier du Landy.

Un échange improvisé qui donne le sourire à Talla Dieye qui ouvrira cet été, à quelques pas du Café Collective, « Les Chambres », un tiers lieu dédié à l’art contemporain et au tatouage. Lui aussi veut jouer à fond la carte de l’inclusion quel que soient les âges : « Ce qu’on veut c’est démocratiser l’accès à l’art contemporain sur le territoire, en n’excluant personne et en évitant de se cloisonner nous-mêmes. Et au bout du compte, ce qui importe aussi, c’est la dynamique qu’on peut porter pour la Seine-Saint-Denis. »

Une manière de ne laisser personne faire chambre à part…

 

Frédéric Haxo


Collective, l’art de vous servir

Si vous devez pousser la porte du Café Collective à Aubervilliers (1) tout près de la Mairie, testez déjà leur cake aux épices… Un must de la petite équipe constituée par Pauline Bonard-Chabot, Julia Gomila, Gaya Topow et Pierre Simon qui ont repris l’an dernier un fonds de commerce appartenant à la ville d’Aubervilliers. Pour le moment ouvert trois jours par semaine, l’héritier de l’ex-Grand Bouillon affiche l’objectif d’être « un lieu ouvert sur la ville, le quartier et plus largement le département, explique Pauline Bonard-Chabot. On travaille, par exemple, au maximum en circuit court avec les gens des métiers de bouche qui sont nombreux en Seine-Saint-Denis. »

Lauréat de l’appel à Agir In Seine-Saint-Denis en 2019, Collective va donc continuer d’étoffer son offre culturelle en « montant des évènements en lien avec les artistes des environs, poursuit Pauline Bonard-Chabot. Et, certains ont déjà commencé à mettre leur patte sur le lieu en créant un tablier original pour le service. Ce n’est pas pour rien qu’on a appelé ce lieu Collective. Notre objectif, ce n’est pas de rester tout seul dans notre coin mais bien d’être en interaction avec les autres acteurs de la Seine-Saint-Denis.»

Et au rayon action, le deuxième étage du café accueille aussi séances de méditation et yoga à prix libre, une des marques de fabrique du lieu qui propose également café ou bouillon sur ce même mode de rétribution.