Go In 2019, la preuve par neuf
Retour sur la finale du concours d’idées GO In Seine-Saint-Denis au Campus de la Fonderie de l’Image de Bagnolet, jeudi 2 octobre. Vingt-trois candidats sur la ligne de départ, neuf heureux élus, pas de perdants, un soupçon de stress, pas mal de décontraction et plus d’une centaine de minutes de pitches. Voici le tout en concentré…
Et un, et deux, et trois… et neuf candidats récompensés -voir le palmarès ci-dessous- lors de la Finale 2019 du GO In, deuxième édition du concours d’émergences d’idées et de projets porté par la marque territoriale du In-Seine-Saint-Denis. Pendant tout un après-midi au Campus de la Fonderie de l’Image à Bagnolet, les candidats -23 sur la ligne- de départ ont donc présenté leurs projets bien avancés ou leurs idées encore en germe devant quatre jurys composés de 24 ambassadeurs du In Seine-Saint-Denis. Voici notre palmarès bis… en neuf actes.
La plus stressée. Parmi les lauréates de ce GO In 2019, Laeticia N’Goto, porteuse avec sa sœur Deborah du projet Art-press Yourself, avait la boule au ventre comme un jour de bac et cherchait désespérément un lieu tranquille au milieu de la fourmilière des candidats pour répéter une dernière fois son pitch chronométré de 7 minutes présentant « la création en Seine-Saint-Denis d’un lieu pour promouvoir les cultures afro-urbaines. » Elle n’a pas vraiment trouvé son havre de paix. Et, elle est même ressortie perplexe de sa présentation : « Le jury ne m’a pas posé beaucoup de questions, c’est mauvais signe… » Raté, elle a gagné.
La plus détendue. Déjà jurée du GO In en 2018, Hawa Dramé est habituée à ausculter les projets les plus variés. Avec son association Time2start, elle soutient en effet depuis 2016 les entrepreneurs innovants issus des quartiers populaires en les formant à la création de leurs start-up. Elle a aussi entouré de ses conseils Moriba Soukouna, lauréat 2018 du GO In avec son projet 1clic1prof. « Les jurys, ça me connait », glisse-t-elle donc tout sourire avant de rejoindre l’un des quatre jurys de six membres.
La plus surprenante. Pour présenter Abajad, accélérateur d’employabilité par la langue qui cible les apprentissages du français par secteur d’activités -restauration, bâtiment…- afin d’accompagner les personnes réfugiées vers l’emploi, Dounia Hannach, sa fondatrice, a attaqué son speech de présentation en arabe. « J’avais envie, explique-t-elle, que les jurés se mettent dans la peau d’un réfugié ou d’un travailleur migrant pour qu’ils ressentent bien toute la difficulté d’être perdu lorsqu’on ne maîtrise pas une langue. » Les jurés n’en ont pas perdu leur latin pour autant et ont dit « oui » à Dounia Hannach qui sera désormais suivi par le réseau du GO In. »
La plus enthousiaste. Nadège Grosbois, présidente d’un des jurys du GO In et vice-présidente du Conseil départemental de la Seine-Saint- Denis, chargée de l’économie et de l’emploi, aurait bien aimé récompenser l’ensemble des projets qui ont défilé devant son jury : «Faire des choix lors de cette deuxième édition du GO In a été vraiment très difficile parce qu’on était devant des projets très volontaires, avec des gens qui ont de l’envie et portent chacun à leur façon une image très positive de la Seine-Saint-Denis », a-t-elle commenté. Le jury de Nadège Grosbois a quand même primé le Réseau des Cadres et Étudiants et le projet Tresses et Vanille.
Les moins perdants. « Ce n’est pas parce que vous n’avez pas gagné aujourd’hui que nous n’allons pas vous accompagner et vous laisser tomber en cours de route… » Moussa Kebe, ambassadeur du In et l’un des initiateurs du GO In, l’a redit aux participants qui n’ont pas été retenus par les jurys, leurs projets bénéficieront quand même d’un accompagnement par le réseau du In. Même tonalité positive du côté de Martin Colcher, patron de Clubeee, le Club des Entrepreneurs d’Est Ensemble et président de l’un des quatre jurys, qui a répété aux déçus du jour : « Vous ne lâchez rien et on ne vous lâchera pas ! »
Les moins perdants bis. artistiquement93.com, plateforme web qui met en valeur le travail des artistes séquano-dyonisiens sous toutes ses formes, n’a pas été retenu parmi les huit lauréats du jour mais Mélanie Wittmann, l’une des deux fondatrices du projet, est néanmoins repartie de Bagnolet le sourire aux lèvres : « C’était une superbe expérience et puis on est gagnants parce que cette finale du Go In nous a permis de rencontrer énormément de gens d’horizons différents, de leur exposer notre concept, c’est un beau tremplin pour nous encourager à continuer de faire sortir de l’ombre tous les talents artistiques cachés qui peuvent exister dans le 93. »
Le plus malchanceux et le plus heureux à la fois. Le jour du GO In, Samuel Bique a eu la déveine de voir sa voiture vandalisée, ce qui l’a empêché de rejoindre dans les temps la finale du GO In, mais les jurés ont décidé de quand même primer le porteur de projet d’une école de coiffure afro en l’associant à celui mené en parallèle par son amie Alysse Laquitaine et sa sœur Priscille Bique. Rien de tiré par les cheveux puisque les deux amies veulent développer l’idée d’une plateforme web de mise en relation entre « des coiffeurs qui savent soigner et coiffer les cheveux afro des clients et clientes qui n’ont plus envie de vivre les punitions de coiffures ratées dans des salons sans grande convivialité. » Tout est bien qui finit bien…
Les plus assidus. Lauréats du Go In 2018, Mehdi Maizate, Moriba Soukouna et Ammar Timera sont revenus un an plus tard raconter leurs expériences respectives et le cheminement de leurs projets. Moriba avait « préparé juste un petit quelque chose » à développer sur la scène de La Fonderie de l’Image mais il était presque inarrêtable… A croire qu’il avait envie de repasser devant un jury. Mehdi Maizate a lui soigné sa pub : « Si vous connaissez un directeur de la com’ qui cherche des cadeaux de fin d’année plus originaux que les stylos, il y a le phoneside -un support universel de smarthphone pour ordinateur- personnalisable de la Makagency ! »
Le « Monsieur » plus. Vainqueur du prix du public avec plus de 1300 suffrages remportés sur 3000 votants, Mohamed Koussa et sa MK Academy basée à Dugny, est donc le « Monsieur Plus » de cette finale 2019 du Go In. Une habitude pour cet ex-professeur des écoles, devenu champion du monde de lecture rapide en 2017 en lisant et surtout en comprenant 400 pages en 85 minutes. Un titre qu’il a eu ensuite envie de partager avec le plus grand nombre en formant cadres, étudiants ou demandeurs d’emplois en quête de développement personnel. Avec la Seine-Saint-Denis toujours en filigrane : « Ce prix du Go In, dit-il, c’est aussi celui du 93 où j’ai grandi, je vis encore, où j’ai enseigné… En fait, je ne suis que le résultat de ce beau département ! »
Frédéric Haxo
LE PALMARES 2019 DU GO IN SEINE-SAINT-DENIS
-Aliénor Morvan pour MOTE, projet de compostage partagé en milieu urbain.
–L’association Graines d’orateur 93 qui développe la prise de parole en public, l’argumentation et la pratique de l’expression orale au service des jeunes de Seine-Saint-Denis.
-Jean Guo pour Konexio, programme d’apprentissage des compétences du numérique dédié aux personnes réfugiées.
-Laeticia et Deborah N’Goto, association Art’Press’Yourself au service de la promotion et de l’exposition de la culture afro-urbaine et de ses artistes.
-Réseau des Cadres et Etudiants, association qui à Stains et en Seine-Saint-Denis aide ses « adhérents à se créer un réseau professionnel pour leur permettre de trouver des stages ou des postes à la hauteur de leur ambition. »
-Alysse Laquitaine, Priscille Bique et Samuel Bique pour leurs projets conjugués d’une école de coiffure afro et d’une plateforme de mise en relation entre clients et coiffeurs et coiffeuses afro préalablement formés.
-Feyçal Youssfi et Ibrahim Amer pour leur projet Objectif Zéro Déchet (OZD).
-Dounia Hannach pour l’association Abajad, accélératrice d’intégration des populations migrantes ou réfugiées par l’apprentissage du français par secteur d’activités.
Prix du vote du public : Mohammed Koussa pour la MK Academy, centre de formation spécialisé dans les formations de lecture rapide, de coaching mental et d’aide à l’accomplissement de ses objectifs de vie.