« In » était une fois le déconfinement…

« In » était une fois le déconfinement…

Cinq ambassadeurs et ambassadrices du IN Seine-Saint-Denis racontent comment ils ont traversé les 55 jours de confinement et surtout comment ils se projettent sur les jours d’après. Inventivité, réactivité, solidarité, le réseau made In 93 a de la ressource.

Cinquante-cinq jours de confinement et après ? C’est la question que se sont évidemment posées les ambassadeurs et ambassadrices du IN Seine-Saint-Denis chacun à leur façon, chacun dans leurs domaines respectifs. Une réflexion pas forcément facile à mener quand l’incertitude pointe au quotidien et surtout lorsqu’on a traversé les mois de mars et d’avril en restant dans l’action comme Baluchon, le traiteur solidaire établi à Romainville qui a continué à confectionner 800 repas solidaires par jour distribués auprès de différentes associations. « Un vrai défi parce qu’il a fallu en urgence revoir tous nos process de production pour assurer la sécurité de nos salariés en cuisine et puis surtout trouver des filières d’approvisionnement parce que la fermeture des restaurants nous privait de la manne des surplus alimentaires », raconte Louise Fourquet, ambassadrice du IN et directrice générale de Baluchon. A côté de ça, on a dû aussi gérer le fait de mettre une grande partie de nos équipes au chômage partiel, les rassurer sur la suite… »

Rien de simple lorsqu’une trentaine de salariés seulement -dont la moitié en télétravail- de Baluchon a pu rester active sur les 75 que compte l’effectif de l’entreprise.

Une offre covido-compatible

Et, bien sûr, il y a le carnet de commandes dont les pages peinent désormais à se remplir. « C’est pour cela qu’on a commencé à lancer des offres de déconfinement covido-compatibles parce qu’il est certain que pendant un moment on ne va plus manger de la même façon en entreprise, poursuit Louise Fourquet. Donc, on est en train de se réinventer pour préserver au maximum nos emplois. Surtout qu’on sait très bien que dans le domaine de l’organisation de buffets et de cocktails, la reprise va être longue, alors on regarde déjà vers 2021, toujours en misant sur la force et la qualité des circuits courts de production et en travaillant plus que jamais dans le domaine de l’inclusion par l’emploi. C’est en continuant de proposer de l’emploi aux habitants de Seine-Saint-Denis qu’on fera aussi en sorte que les tensions alimentaires ne ressortent pas pendant des épisodes de crise. »

Résultat, Baluchon recalibre donc ses prestations pour limiter les contacts et effectuer des livraisons en toute sécurité via des panier-repas ou des mini-cocktail individuels. « Mais, ça ne nous empêche pas de mettre un peu de festif dans nos assiettes, glisse Louise Fourquet, à travers des compositions variées, des découvertes culinaires. »

Egalement très dépendante des commandes liées aux événements et organisations ponctuels, Pascale Tessier-Morin, patronne de l’Atelier Images et Cie, société spécialisée dans l’impression numérique grand format pour la communication événementielle, sait pertinemment qu’il va lui falloir aussi traverser des semaines difficiles. Mais, l’ambassadrice du IN mise sur les capacités d’adaptation de sa structure qui compte six salariés : « Nous allons essayer d’imaginer de nouveaux produits dont nos clients auront besoin après le confinement pour sécuriser leurs espaces », projette-t-elle déjà. En attendant des jours meilleurs, elle compte aussi sur la solidarité made In Seine-Saint-Denis : « J’espère que le secteur public va continuer à investir pour soutenir les entreprises. Pour l’instant les grandes entreprises jouent leur rôle et font appel à des entreprises françaises. Un de mes clients, une grande banque, se fournit d’habitude à l’étranger, mais là, elle a fait appel à de petits fournisseurs français pour les soutenir. Ce sont des initiatives qu’il faut montrer, encourager : privilégier le local et que les entreprises et les collectivités locales de Seine-Saint-Denis fassent travailler des entreprises du département pour les aider ! »

Apporter de la joie dans les assiettes

S’adapter, se transformer, se serrer les coudes, c’est aussi une philosophie partagée, toujours du côté de Saint-Ouen, par Pierre-Julien Chantzios. Dans le quartier des Docks de la cité audonienne, ce jeune restaurateur a ouvert en 2017 un de ses trois « Yaya » franciliens. Sous-titrés « restaurants grecs modernes », ces établissements ont ré-ouvert début mai avec des prestations à emporter « qui sont aussi pour nous, explique l’ambassadeur du IN, une manière d’apporter un peu de joie et d’espoir aux habitants de Saint-Ouen ou des villes voisines de Seine-Saint-Denis à travers une cuisine de qualité. En choisissant de nous installer en Seine-Saint-Denis, on a aussi voulu s’inscrire dans un cadre urbain, partager la vie d’un quartier, d’une ville. Donc, notre mission avant de pouvoir à nouveau accueillir des gens dans nos salles de restaurant, c’est de leur offrir des produits de qualité à des prix accessibles parce qu’on a bien vu que pendant ce confinement le bien manger a joué un rôle important. De toute façon, la restauration est en train, avec cette crise, d’accélérer un virage qu’elle avait déjà commencé à prendre sur les offres de click and collect. Quand nous allons rouvrir nos accueils en salle, nous ne serons qu’au tiers de notre capacité, donc c’est vraiment le moment de développer nos offres de take away pour préserver nos emplois et préserver ce que nous avons voulu construire en Seine-Saint-Denis. Et puis, à un moment, les beaux jours reviendront et on pourra faire la fête dans nos restaurants, mais pour le moment on va l’amener dans vos assiettes… »

« Rendre le confinement un peu moins anxiogène », c’était aussi l’envie d’Hafida Guebli, créatrice de NEYBS, application qui équipe les bailleurs sociaux d’outils pour faciliter la communication avec leurs locataires. La recette de l’ambassadrice du IN pour y arriver est presque aussi universelle qu’un bon plat puisqu’elle consiste à éviter les communications indigestes et surtout incompréhensibles autour des gestes barrières. « Notre cœur de métier, raconte-t-elle c’est d’établir une communication universelle grâce à notre application mobile sur des problématiques simples comme la résolution d’une panne d’ascenseur, des infos sur des travaux à venir… Alors, on s’est dit qu’on pouvait facilement l’adapter pour faire des pictos simples sur les gestes barrières. Notre idée, ce n’était absolument pas d’infantiliser les gens, mais de dédramatiser une communication pas forcément accessible à des personnes qui ne maîtrisent pas encore le français. On a aussi mis à disposition des bailleurs avec lesquels nous travaillons au Blanc-Mesnil, mais aussi en province, des attestations simplifiées de déplacement. En faisant ça, on restait dans l’action, on aidait les habitants des quartiers populaires, ce qui est notre ADN. On remplissait aussi, ce que doit être une grande partie de notre mission d’entrepreneur : essayer à notre échelle de changer le monde, de l’améliorer en tout cas. C’est ce qui va en tout cas continuer d’animer NEYBS dans ces prochaines semaines post-confinement. »

Avec pour la Romainvilloise Hafida Guebli, une bonne dose d’inspiration made in 93 : « Pendant le confinement, je trouve qu’à travers le réseau du IN où on a vu émerger énormément d’initiatives de solidarité, observe-t-elle, avec par exemple ce qu’a fait Mehdi Maizate et sa Makagency en créant des visières de protection pour les soignants. Lui et beaucoup d’autres ont prouvé qu’en Seine-Saint-Denis, la réactivité et la spontanéité peuvent être des atouts en période de crise. »

Action, réaction et ambitions…

Partir de rien, en tout cas d’une idée forte, Mehdi Maizate, lauréat en 2018 de la première promotion du concours d’innovation Go In Seine-Saint-Denis, sait faire… Et même refaire lorsqu’il s’applique à multiplier les livraisons de visières aux personnels de santé au plus fort du confinement, faisant marcher à plein ses imprimantes 3D à Aulnay. « On a effectivement été à fond sur les visières, et on continue, sourit-il. Tant qu’on nous sollicitera, on en créera. En ce moment, on marche au rythme de 500 visières/jour… »

Une production qu’il partage entre dons solidaires à des équipes de soignants ou des associations et « vente à des entreprises en phase de déconfinement, parce que comme tout le monde il nous faut vivre et puis acheter aussi nos matières premières pour fabriquer. Mais, pas question de profiter de cette crise pour monter les prix, on maintient des tarifs raisonnables pour nos visières qui sont vendues à partir de 5 euros l’unité. Il y a l’argent d’accord, mais aussi la fierté d’avoir su démontrer qu’une jeune entreprise comme la nôtre pouvait faire preuve d’agilité, de réactivité, travailler aussi en local. Des atouts pour entreprendre qui existent un peu partout en Seine-Saint-Denis, un département qui a le plus fort taux de création d’entreprises en Ile-de-France. Savoir s’adapter à une crise, c’est aussi ce qui te pousse à continuer à croire en toi et en tes projets. »

Car en dehors des visières produites en urgence, la Makagency a parallèlement continué de phosphorer sur son Phoneside, un support malin pour accrocher son portable à son écran d’ordinateur révélé en finale du Go IN. « Le développement du télétravail lors du confinement a montré qu’on peut avoir besoin de ce genre d’outils pour optimiser son installation à domicile, juge Mehdi. C’est ce qui nous encourage à travailler sur une nouvelle version plus ergonomique du Phoneside. Pour cela, on va lever des fonds, au moins 50 000 euros, via une prochaine campagne de crowdfunding afin d’industrialiser notre production, mais on le fera très localement », assure l’ambassadeur du IN. Ce qu’on veut, c’est que notre Phoneside soit connu dans le monde entier ! »

Un vrai message d’ambassadeur du IN…

Frédéric Haxo