Interview de Pauline, Fouad et Johanna, les finalistes du concours Lire #InSeineSaintDenis

Interview de Pauline, Fouad et Johanna, les finalistes du concours Lire #InSeineSaintDenis

Plus de 800 personnes ont participé au vote de ce concours dont les résultats ont été révélés à l’occasion de l’inauguration du Parc d’attractions littéraires installé le long du canal de l’Ourcq à Pantin sur la place de la Pointe. Réactions des finalistes Pauline, Fouad et Johanna

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Pauline Vogin, lauréate du concours

Le thème In Seine-Saint-Denis vous a inspiré cette photo-là.
J’ai fait ces photos dans la forêt, un endroit qu’on peut trouver à peu près partout. J’ai laissé la nature faire les choses en plaçant mes modèles en fonction de là où il y avait des trous de lumière. Les ombres sur les visages lient les images entre elles. C’est un fil rouge qui me parlait graphiquement. Le fait d’être dans une forêt a mis les modèles à l’aise. Il n’y avait pas beaucoup de passage. Ce ne sont pas de vrais modèles, ils ne sont pas mannequins. Si j’avais fait ça dans un parc il y aurait eu davantage de passages et ça aurait mis mes modèles mal à l’aise.

A quel livre appartiennent les pages qui sont derrière les modèles ?
C’est un texte qui prône la diversité et il est traduit en plusieurs langues : il y a du chinois, de l’arabe, de l’anglais, du portugais, de l’espagnol et du français. J’ai trouvé ce texte sur un site où il y a plein de personnes qui s’expriment, qui font des textes anonymement juste pour le plaisir d’écrire. Je trouvais beau cette démarche d’écrire anonymement, juste pour écrire parce qu’on aime écrire et partager avec des gens la lecture ou l’écriture.

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Fouad Sbaai

Le thème In Seine-Saint-Denis vous a inspiré cette vision d’un hlm rempli de livres.
C’est comme si les livres s’étaient incrustés dans le bâtiment. Au premier abord, on peut croire qu’il s’agit de carreaux, de briques. Quand on rentre dedans on voit que c’est une bibliothèque. Quand on rentre dans une bibliothèque on a une diversité de livres, d’idées, de thèmes. Et quand on rentre en Seine-Saint-Denis on voit une diversité de personnes, de cultures et c’était ça que je voulais retranscrire dans cette œuvre.

Vous trouvez qu’on manque de bibliothèques en Seine-Saint-Denis ?
En Seine-Saint-Denis, on ne manque ni de bibliothèque, ni de culture. On trouve des livres partout, facilement. C’est accessible en soi, il faut juste que les gens s’y intéressent. Je ne vais pas vous le cacher je ne suis pas un grand lecteur mais je m’intéresse, je suis curieux.

Pourquoi ne lisez-vous pas davantage vous-même ?
Quand on est au collège, que c’est les vacances. On nous demande de lire, de lire, de lire. Trois quatre bouquins. On est évalué. La lecture n’est pas un plaisir. Comme on nous forçait, je n’avais pas goût à lire. Quand j’étais enfant, il y avait des livres dans lequel je rentrais, c’était un univers. Ça me plaisait. Je suis quelqu’un de curieux qui s’intéresse à plein de domaines. Les livres c’est un voyage sans déplacement. Aujourd’hui, il faudrait que je trouve le temps… et le livre…

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Johanna de Lepinay

Le thème In Seine-Saint-Denis vous a inspiré cette affiche-là.
J’ai grandi à Montreuil depuis le CM2. J’y habite toujours. Mon père est brésilien, ma mère est allemande. Et j’avais d’autres livres que ceux qu’on est obligé de lire à l’école et sur lequel on est évalué. C’est grâce à eux je suis entrée très vite dans la lecture. Si les parents ne lisent pas. S’il n’y a pas de livre à la maison, c’est un peu compliqué pour un enfant de lire. Un enfant de 12 ans ne va pas à la bibliothèque tout seul. C’est à l’école qu’on trouve nos premiers livres s’il n’y en a pas à la maison. Après il y a aussi des enfants qui trouvent leur truc et se mettent à la lecture tout seul aussi.

Vous qui habitez Montreuil, êtes-vous déjà allée au Salon du Livre jeunesse de Seine-Saint-Denis ?
On y est allé avec l’école cette année. C’est un choc parce qu’il y a beaucoup d’enfants qui crient. Pour nous c’est intéressant. J’y étais allée quand j’étais gamine avec ma mère. Elle bosse dans la culture. Elle m’achetait plein de livres. Et moi je me suis acheté mes premiers livres où je décidais ce que je voulais lire.

Quelle histoire on pourrait raconter à partir de votre création ?
Ce serait une histoire bizarre et mystérieuse d’un petit garçon parti dans la forêt avec un cahier rempli d’histoires. Il découvre une espèce de trône, s’y assoit et se plonge dans la lecture du cahier. Peu a peu il prend racine dans ce trône. Assis sur une espèce de fraise géante avec de grandes feuilles, il imagine plein d’histoires loufoques. Lorsque sa lecture prend fin, le trône le libère.

Que diriez-vous à propos de ce qui vous arrive ?
On a l’habitude d’aller chercher du travail, d’aller chercher des gens, de convaincre, de devoir entre guillemets « se vendre » et là on nous propose de rencontrer des DA (directeurs artistiques) de grandes maison d’édition, c’est agréable, c’est sympa.

Johanna de Lépinay_HD