La Seine-Saint-Denis influence: Laetitia Ngoto

La Seine-Saint-Denis influence: Laetitia Ngoto

Le In Seine-Saint-Denis et Le Medialab93 s’associent pour « La Seine-Saint-Denis influence ». Objectif: réunir acteurs culturels, artistes et créatifs de notre territoire pour, de façon collaborative, faire rayonner les savoirs-faire propre à la SSD. Comment raconter la SSD et faire rayonner son influence au-delà de nos frontières ? Ils et elles apportent leurs réponses.

L’afro soignée, le sourire aux lèvres malgré le ciel couvert de novembre, nous rencontrons Laetitia Ngoto entre deux rendez-vous car son agenda est chargé. La jeune femme de 31 ans travaille pour l’Institut Français dans le cadre du projet AFRICA 2020 et gère, en parallèle, son association “Art’Press Yourself” qui fait la promotion de la culture “Afro-Urbaine”, lauréate de l’Appel à Agir In Seine-Saint-Denis 2019. Elle nous raconte pourquoi elle a choisi de s’implanter dans le cosmopolite département du 93.

Depuis combien de temps ton association est-elle active dans le 93 ?

Cela fait un an que nous (ma sœur et moi) avons réellement commencé à proposer des événements dans la Seine-Saint-Denis et cinq ans que l’on organise des événements dans toute l’Île-de-France.

Qu’est-ce qui vous a poussé à venir vous implanter dans le 93 avec “Art Press Yourself” ?

Pour commencer, notre association est domiciliée dans le 93 ce qui nous offre un lien direct avec le département. Ensuite, nous avons suivi une session de formation à L’École du Lab, l’incubateur du MédiaLab 93. Dans un premier temps, cela qui nous a permis de rencontrer des professionnels issus du 93, puis nous avons été contactées par des structures basées en Seine-Saint-Denis. C’est comme ça que tout a commencé !

Tu fais donc la promotion de la culture et de l’Art africain, est-ce que c’est facile de parler d’art dans le 93 ?

Je fais la promotion de la culture Afro-Urbaine, je préfère dire “Afro” car cela montre que nous sommes ouverts et non confinés à une seule thématique. Et ensuite “Urbaine” parce que nous mettons également en avant une culture qui est assez populaire, accessible et fédératrice. Avec cette définition, il est plus facile de mettre en avant l’art dans le 93 car le public est cosmopolite, avec beaucoup de jeunes et des familles qui se mélangent facilement. Nous avons des gens issus des quartiers populaires mais aussi des “bobos” qui viennent de Paris. 

Est-ce que tu penses que ce mélange est possible dans d’autres départements ?

Oui, je pense que c’est possible mais ça ne donnerait pas le même résultat ! Quand on a commencé, on a été contactés par tous types de structures, notamment parisiennes. On s’est rendues compte qu’on ne pouvait pas faire de copier-coller avec ce que nous faisions dans le 93 car le public n’est pas le même.

Quelle est la stratégie pour présenter l’art et la culture Afro dans les milieux populaires tels que dans le 93 ? Quelle est ta cible principale ?

Ma cible principale, qui est drainée de manière naturelle par nos réseaux sociaux, est la population afro-caribéenne âgée de 20 à 35 ans. Nous avons deux objectifs : mettre en avant la culture Afro-Urbaine, mais surtout mettre en avant des mouvements et des personnes issues de cette culture. Les enfants et les gens se prêtent au jeu, d’où le “Art press Yourself” : le public qui exprime son art.

Quel est le lieu qui t’inspire dans le 93? Il y a t il un lieu qui t’inspire?

Les Magasin Généraux à Pantin et le DOCK B sur les quais du Canal de l’Ourcq sont deux lieux que je connais bien et qui me correspondent. C’est vraiment mon style ! Il y a un public très mélangé et curieux. Il y a aussi un autre lieu que j’apprécie particulièrement, c’est la Cité Fertile à Pantin également.

Dirais-tu qu’il y a un esprit, une philosophie dans le 93 ?

Les habitants du 93 aiment profondément leur département. Ils sont eux même les ambassadeurs de leur territoire. À chaque fois que je rencontre une personne de ce département, elle me renseigne sur les lieux à visiter, les restaurants où il faut manger. On sent qu’ils ont une grande fierté d’appartenir au 93.

Est-ce que tu penses que certains changements sont nécessaires dans ce département ? Y a-t il des choses sur lequel il faut travailler encore ?

Je trouve que le 93 bénéficie d’une mauvaise réputation persistante auprès des autres habitants d’Île-de-France, c’est dommage. Il y a aussi le problème de l’accessibilité : pour les parisiens, le 93 c’est trop loin ! (Rires)

Il est dit que le 93 est le laboratoire de la France de demain, qu’en penses-tu et pourquoi ?

Je suis plutôt d’accord. Le 93 est un lieu cosmopolite où tous les français sont représentés. Il y a différentes nationalités et diverses catégories socio-professionnelles, mais également différents centres d’intérêts. Je me dis que si tu arrives à faire un événement dans le 93, tu pourras le faire n’importe où en Île-de-France. Le dernier événement que j’ai proposé dans le 93 a réuni des personnes du monde entier, notamment d’Afrique.

As-tu un message concernant le 93 de demain ?

La chose qui me tient le plus à cœur, c’est que les institutions en place ou qui vont s’imposer à travers le Grand Paris, soient dans une démarche d’échange et d’ouverture avec la jeunesse de la Seine-Saint-Denis. Que l’on développe le dialogue et la possibilité de mettre en place des actions pour le département.

 

BY US MEDIA

Crédits photo: Daraja Concept Facebook