Laura Nala, le hip-hop de toutes les manières
Danseuse, chorégraphe, directrice de compagnie, enseignante, Laura Nala décline le hip-hop sur tous les rythmes. Une frénésie d’activités qui ne l’empêchera surtout pas d’être l’une des membres du jury du prochain concours du « Go In » célébrant les 40 ans du hip-hop en France.
A seulement 30 ans, Laura Nala, chorégraphe et danseuse, enseignante, directrice de compagnie, compte déjà une vingtaine d’années d’expérience dans le milieu du hip-hop qu’elle a donc investi presque au berceau : « J’ai d’abord commencé par le modern-jazz dès mes 6 ans. Et puis, à l’âge de 10 ans, mes parents m’ont emmené à un stage de hip-hop. C’était à Montrouge et je me rappelle un moment qui fut une vraie révélation », raconte-t-elle aujourd’hui. A ce moment-là, je me souviens aussi m’être dit : être danseuse de hip-hop, c’est ce que je veux faire dans la vie… »
Un augure qui va s’accomplir puisqu’à la suite de ce déclic précoce, celle qui est encore Laura Defretin ne cessera plus jamais de danser : « Je m’entrainais 6 jours sur 7. En fait, je ne faisais que ça ! »
Tant et si bien qu’à force de répéter ses gammes, la jeune Parisienne va enchaîner avec la valse des battles de danse, en groupe mais aussi en solo. En 2010, toujours aussi précoce, elle n’a que 16 ans lorsqu’elle est demi-finaliste du « Juste Debout », la plus grande rencontre internationale de danses hip-hop au monde, organisée à Paris Bercy. Deux ans plus tôt, en 2008, Laura joue tout aussi intensément la carte de la chorégraphie en créant son premier spectacle « Sakalapeuch » avec son groupe Undercover.
Un éclectisme assumé
Rétrospectivement, elle regarde son parcours dans le hip-hop à l’aune de la bienveillance familiale qui a soutenu sa passion : « Il y a d’abord mon grand frère Eddy qui m’a fait découvrir la culture musicale du hip-hop. Et puis, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui ont toujours soutenu les passions de leurs enfants. Ça compte. »
Et pas qu’un peu puisque Laura Defretin -devenue Nala, son nom de scène- est aujourd’hui une danseuse reconnue et prolifique capable de mettre son art du hip-hop aussi bien au service de chanteurs comme Black M. ou Angèle, de collaborer avec diverses productions cinématographiques de la maison Gaumont (Yo Mama en 2023 ; Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan en 2024) ou encore de figurer au générique de la comédie musicale « Résiste » de France Gall entre 2015 et 2016.
Un éclectisme assumé qui lui fait dire « qu’au-delà d’être une danseuse, je me définis plus généralement comme une artiste. Parce que je suis aussi chorégraphe, metteuse en scène, enseignante et puis je puise mon inspiration dans des univers artistiques différents. »
Celui créé encore avec Masele Brandon, son compagnon dans la vie. A ses côtés, elle a fondé en 2016 la compagnie Mazel Freten. Lui est spécialiste de la danse électro et ambassadeur de cette culture dans le monde entier, elle porte l’énergie du hip-hop. Et, à eux deux, ils créent « un langage distinctif, une gestuelle propre à nos deux univers chorégraphiques qui nous permettent d’emmener la danse électro et le hip-hop vers un public plus large », sous-titre celle qui sera une des jurées du prochain concours du Go In Seine-Saint-Denis consacré aux 40 ans du hip-hop en France -lire notre encadré.
En résidence à Epinay-sur-Seine
Une marque de son attachement à la Seine-Saint-Denis et à Epinay-sur-Seine où elle est l’une des artistes résidentes de La Maison du Théâtre et de la Danse. Un lieu où elle a, entre autres fait se rencontrer en 2023 la danse et le cirque à l’occasion de « 1, 2, 3 Fratellini », l’évènement orchestré par les circassiens de l’Académie Fratellini basée à Saint-Denis.
« Dans l’univers du hip-hop, on passe forcément à un moment ou un autre par la Seine-Saint-Denis, dit-elle. C’est pour ça que j’ai voulu faire partie de cette aventure du Go In, mais aussi parce qu’il est très important pour moi d’être dans la transmission, de valoriser la créativité d’un territoire où il y a beaucoup de danseurs. Il y a encore trop de jeunes qui n’osent pas pousser leurs talents au-delà des limites de leurs quartiers, alors ce concours doit être l’opportunité pour des danseurs et des danseuses de montrer ce qu’ils savent faire. D’accéder aussi plus facilement à des structures dédiées à la danse. »
Permettre au hip-hop de rester accessible
Et, cette fois, on rejoint un des autres terrains d’expression de Laura Nala qui consacre aussi une large partie de son temps à l’enseignement et à la formation. En 2018, cette jeune mère de deux enfants a ainsi donné naissance au concept ALMD (À La Manière De) : une battle de danse ouverte à tous les styles de danse et à tous les milieux socio-économiques. « C’est un espace où les personnes sont libres de s’exprimer, sans jugement, détaille-t-elle Pour moi, il est très important que le hip-hop reste accessible au plus grand nombre parce que c’est son ADN. Il est né dans la rue et ce sont des valeurs originelles qu’on doit essayer de préserver. »
Une philosophie que Laura Nala décline également au féminin au travers de sa formation « INTRO » dédiée aux jeunes femmes et dispensée gratuitement dans une salle du 18e arrondissement parisien. « Là-aussi, c’est une façon d’être dans le partage, comme lorsque j’ai commencé la danse hip-hop, explique-t-elle.
Lorsque j’ai débuté, des « grands » m’ont donné la chance de partager leur savoir et je veux le faire à mon tour avec cet espace uniquement dédié aux jeunes femmes au sein d’un univers qui est quand même assez masculin. »
A trente ans seulement, c’est presque une manière de déjà boucler la boucle. Mais, la précocité, on vous l’a répété, est une constante chez Laura Nala.
Qui n’a donc pas fini de rajeunir le hip-hop.
Frédéric Haxo
Crédit photos : Bruno Levy
Go In Seine-Denis, un concours de retour...
Le IN Seine-Saint-Denis et l’association Culture de banlieue ont lancé, le 15 mai dernier, le concours « Go In Seine-Saint-Denis » sur le thème du hip-hop afin de célébrer les 40 ans de cet art en France. Un concours en mode freestyle puisque les candidats sont invités à soumettre leurs propositions artistiques sous n’importe quelle forme (vidéo, écrit, croquis…). L’objectif : révéler les talents émergents de la culture hip-hop In Seine-Saint-Denis et ensuite les accompagner. Alors à vous de jouer puisque les candidatures sont ouvertes jusqu’au 30 juin 2024 et pour en savoir plus, ça se passe par ici !