Marie Roth, ambassadrice de « chœur » du In Seine-Saint-Denis

Marie Roth, ambassadrice de « chœur » du In Seine-Saint-Denis

Dramaturge, interprète, directrice artistique de « Sirènes », un collectif d’art vivant et d’urbanisme créé en 2016 à Montreuil, Marie Roth est multiple, à l’image de ses créations développées en Seine-Saint-Denis qui ont, pour point commun, un « travail en chœur, avec les habitants ». Une philosophie créative qui lui fera imaginer, cet été à Bagnolet, la ville du futur pour un spectacle à découvrir en octobre au Parc départemental Jean-Moulin-Les Guilands.

Mettre l’imagination au pouvoir, c’est ce que propose Marie Roth, dramaturge, interprète, directrice artistique des «  Sirènes  », un collectif d’art vivant et d’urbanisme créé en 2016 à Montreuil. Un dessein imaginatif qui fait avancer cette ambassadrice du In de manière collective, à l’image de ses créations passées ou futures développées en Seine-Saint-Denis. Lesquelles ont pour point commun un « travail en chœur, avec des habitants, de manière interdisciplinaire parce que le chœur est un outil magique pour penser, performer, dépasser le collectif. »

Une philosophie créative que la Montreuilloise d’adoption orchestrera, cet été, à Bagnolet en mettant en marche une « visite théâtralisée de la ville projetée en 2030 ». Menée dans le cadre du projet franco-allemand « Future Cities », cette balade-chorale sera à découvrir le 2 octobre au Parc départemental Jean-Moulin-Les Guilands. En attendant, elle va donc travailler avec un groupe d’une vingtaine de Bagnoletais et Bagnoletaises afin de les

« amener à s’imaginer ce que serait la vie à Bagnolet dans 20 ans, à penser aussi ce qu’ils souhaitent pour leur ville. Pour cela, on construira avec eux la une d’un journal local en 2030. »

L’occasion pour la jeune franco-allemande -qui a mené une partie de ses études supérieures outre-Rhin- de jeter un pont entre deux pays et deux cultures puisque le projet « Future Cities » porté par le Think Tank allemand Polis180 fera se rencontrer -virtuellement pour cause de crise sanitaire- habitants de Bagnolet et de Nuremberg. « L’idée centrale de ce projet, prolonge l’artiste,   c’est « d’embarquer » avec nous l’imaginaire des habitants, que la vision qu’ils nous donneront de leur ville permette de lever les yeux de manière plus poétique sur un immeuble, un quartier…  »

L’émerveillement du clown

Et, c’est un état d’esprit que Marie Roth, déjà diplômée en théâtre au sein du cours Florent, mais également d’un master écritures et représentations à l’Université de Nanterre, s’évertue à faire vivre un peu plus en bouclant cette année 24 mois de formation d’artiste-clown au Samovar de Bagnolet , la seule école en France et en Europe à se consacrer entièrement à l’art clownesque. « Ce qui me plait dans le personnage du clown, dit-elle, c’est le regard naïf et la distance qu’il met sur les choses, son art de tout découvrir, un peu comme un enfant. »

Une dimension d’émerveillement et d’étonnement que la jeune femme a déjà expérimentée au gré d’autres pérégrinations en Seine-Saint-Denis. En 2019, le collectif Sirènes a ainsi investi Clichy-sous-Bois et Montfermeil dans le cadre d’un Contrat local d’éducation artistique aux Ateliers Médicis pour créer « Désirs Géographes, des « récits documentaires fictionnels créés avec des groupes d’habitants » , expose Marie Roth. Créations radiophoniques, déambulations urbaines donnent alors l’opportunité au chœur des Sirènes (la danseuse E?lise Roy danse, la musicienne Aude Pascalucci, l’architecte et urbaniste Cle?mence Estrada) de faire résonner des «  des désirs de ville et de vie, de dessiner une cartographie du sensible. »

Les Sirènes et les abeilles

Lauréat de l’appel  à projets « Partage ton Grand Paris »  lancé par la Société du Grand Paris qui vise à soutenir le déploiement d’une programmation culturelle vivante autour des chantiers du Grand Paris Express, les « Désirs Géographes » des Sirènes seront ainsi mis en ondes, en mots et en images à partir de juillet sur un site internet dédié (desirsgeographes.com) que Marie Roth ambitionne de décliner à une plus large échelle en Seine-Saint-Denis :

« L’envie, ce serait qu’on puisse découvrir le 93 différemment, toujours avec l’énergie et l’imagination de celles et ceux qui font ce département. En quelques clics, on pourrait déambuler dans différents quartiers, différentes villes, différents lieux à la manière des « mystères », une forme de théâtre très en vogue au Moyen-Âge. »

Des mystères plus actuels de Seine-Saint-Denis que Marie Roth aime, elle, découvrir au fil de ses balades à vélo In Seine-Saint-Denis où elle « prend la mesure d’une géographie immense et intense juste à côté de Paris. Ce qui me rend amoureuse de ce département, raconte encore cette admiratrice du travail d’un autre ambassadeur, le plasticien dionysien Olivier Darné, créateur du Miel Béton , c’est que c’est un territoire bourdonnant.

En fait, la Seine-Saint-Denis me fait penser à un territoire d’abeilles, vibrant sans cesse de nouveaux projets, d’initiatives associatives… »

Un chant des abeilles qui fait largement écho à celui des Sirènes.

Frédéric Haxo

Crédits photo: Les Sirènes