Nathan Sarfati, ambassadeur du In Seine-Saint-Denis et « dynamiteur »
En ces temps de confinement, rêver de refaire la fête n’est pas interdit. Et c’est bien l’intention affichée du créateur de l’association La Dynamiterie, organisatrice entres autres de la prochaine Dynamicale, festival éclectique et électronique qui anime chaque année paire depuis 2016 le Parc départemental Jean-Moulin-Les Guilands. Portrait.
« Un ancien garage à Saint-Ouen, un entrepôt à Bobigny, les studios Albatros à Montreuil, le parc des Beaumonts toujours à Montreuil, un squat artistique à Aubervilliers… » Lorsqu’il commence à énumérer les lieux où il a « fait la fête en Seine-Saint-Denis », Nathan Sarfati, 26 ans, est presque intarissable. Pour ce Parisien de naissance, ce sont les souvenirs de moments où « musiciens, danseurs, scenographes, photographes, plasticiens, peintres, sculpteurs, architectes, magiciens, circassiens se mélangent joyeusement lancés dans une quête « de partage et de liberté, des valeurs fondamentales pour moi. »
Une ambiance d’avant-confinement que cet ambassadeur du IN et fondateur de l’association La Dynamiterie s’évertuera à faire revivre dans les jours d’après coronavirus. « Pour le moment, il faut profiter de cette pause forcée, pour créer, imaginer, rêver », juge-t-il. Un horizon qu’il fixe en Seine-Saint-Denis :
« C’est le lieu où tout est possible pour faire la fête, contrairement à Paris où l’environnement des clubs et des bars contraint pas mal de choses. Un peu partout dans le 93, il y a plein de lieux incroyables, des garages, des entrepôts en attente d’être reconvertis, des usines aussi où peut faire vivre une fête libre. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si de plus en plus de Parisiens rejoignent la Seine-Saint-Denis pour retrouver des endroits de fête où existe une vraie mixité sociale. Un esprit ouvert que porte aussi le IN en fédérant son réseau représentant une multiplicité d’univers. »
Ce qu’il a d’ailleurs expérimenté directement lors de ses années de lycéen parisien franchissant plus souvent qu’à son tour le périph, direction Saint-Denis et le 6B, ex-bâtiment industriel de 7000 m2 reconverti depuis 2010 en un havre de création et de diffusion culturelle. « J’avais 17 ou 18 ans et pour moi le 6B a tout changé. Ce lieu plein d’énergie m’a aidé à savoir ce que je voulais faire de ma vie… »
La Seine-Saint-Denis est une fête…
Autodidacte « assumé », il crée donc en 2013 son association « La Dynamiterie » afin de créer des évènements où « la musique électronique rassemble et réunit, mais pas seulement… » Car la veine des différents évènements éphémères qu’il a organisés ces dernières années est éclectique et participative comme le clame le manifeste du Socle, le Syndicat des organisateurs culturels libres et engagés dont il fait partie. Lequel Socle pose donc le principe que les adeptes de la fête « ne sont plus simplement des consommateurs mais des individus responsables, des alter egos des organisateurs, qui sont éventuellement amenés à apporter leur contribution, y compris à des postes créatifs. » Une définition enthousiaste que Nathan Sarfati, en plagiant un peu le roman autobiographique d’Ernest Hemingway pourrait résumer d’un «la Seine-Saint-Denis est une fête », tout simplement, complète-t-il, parce que « c’est aujourd’hui là où vivent et créent un nombre impressionnant d’artistes, de créateur. »
Un terreau favorable qui lui a permis d’organiser différents rendez-vous festifs ces cinq dernières années à la Cité fertile de Pantin, à Mains d’œuvres à Saint-Ouen ou encore à La Marbrerie de Montreuil. Et, enfin et surtout, en programmant depuis 2016, la « Dynamicale Estivale » sur le site du Parc départemental Jean-Moulin-Les Guilands à Bagnolet et Montreuil.
Organisé tous les 2 ans, ce festival, initialement programmé en juin avant la crise sanitaire du coronavirus et qui devrait être recalé en septembre prochain, est l’évènement-phare de la petite équipe d’une dizaine de bénévoles de la Dynamiterie. Nathan Sarfati toujours : « Grâce à la confiance que nous a accordé le Département de la Seine-Saint-Denis, on a pu bâtir un festival qui s’appuie sur les dynamiques locales. Par exemple pour la prochaine édition, on va construire une scène musicale 100 % montreuilloise en travaillant avec une association locale et on fera une expo photographique avec des adolescents de Montreuil qui auront cartographié leurs quartiers. L’idée c’est que notre évènement, gratuit, soit le plus ouvert possible à tous les publics, y compris aux familles. Et, on se bat pour ça au quotidien pendant ce confinement.»
D’ailleurs, la Dynamiterie vous invite aussi à faire la fête « at home » avec ses « Mixes du Dedans », un « podcast hebdomadaire et réjouissant à écouter bien confiné… »
Frédéric Haxo