Projets Emmaüs Défi : Les artistes

Projets Emmaüs Défi : Les artistes

Découvrez les artistes Joachim Romain, les soeurs Chevalme et le duo Gonzague Lacombe-Laure du Faÿ, résidents du 6B à Saint-Denis qui participent au projet solidaire initié par Emmaüs Défi en partenariat avec le In Seine-Saint-Denis.

GONZAGUE LACOMBE-LAURE DU FAY / TAPISSERIE A GEOMETRIE VARIABLE.

 

La tapisserie adhésive, une œuvre présentée par son duo de créateurs

 

« Cette tapisserie en kit, c’est en fait une trentaine de motifs géométriques -des chameaux, des chats, des personnages en forme de fusées…- disposés sur des autocollants. De quoi créer un mur original d’à peu près trois mètres sur cinq. Côté pratique, on fournira bien sûr une notice d’utilisation mais ce sera aux personnes qui choisissent notre œuvre de procéder à leur manière parce que cette tapisserie n’a rien d’un meuble Ikea ! On peut procéder au montage un peu comme on veut et selon son inspiration. L’envie comme dans beaucoup de nos réalisations, c’est d’être sur un mode participatif, d’inciter les gens à se dire qu’ils peuvent être, eux aussi, des créateurs. »

 

Gonzague Lacombe et Laure du Faÿ en bref

 

En couple à la ville mais aussi côté créatif, Laure du Faÿ et Gonzague Lacombe associent leurs talents respectifs d’illustratrice et de graphiste pour monter des projets communs depuis leur atelier du 6B à Saint-Denis où ils résident aussi. Dans la cité des Rois, ils se sont, par exemple, fait connaitre en installant leurs « Freemousse » des sculptures faites de mousse qui ont surgi sur différents murs de la ville. Mais, leurs talents sont multiples puisqu’ils ont également publié en commun un livre jeu pour les enfants « Le zoom des z’animo » ou développé des projets de fresque participative à Saint-Denis ou Courbevoie. Avec toujours le même mantra : « Ce qu’on recherche, ce n’est pas de faire participer pour participer mais bien qu’il y ait un vrai échange avec les habitants. » A l’actif du duo également la réalisation de la signalétique du centre d’accueil pour les réfugiés de la porte de La Chapelle à Paris.

 

Le 93 vu par Gonzague Lacombe

 

« Aujourd’hui et de plus en plus, on se rend compte qu’il y a une grande richesse créative en Seine-Saint-Denis. La création, c’est aussi de l’autre côté du périphérique que ça se passe, à Montreuil, Saint-Denis, Saint-Ouen… Plus ça va et plus la banlieue est attrayante grâce à sa grande diversité culturelle et pas seulement parce que les prix de l’immobilier y sont plus attractifs. Il y a de moins en moins de préjugés par rapport au 9-3 et c’est tant mieux si les artistes y contribuent un peu… »

 

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LES SŒURS CHEVALME / LOS CORAZONEGROS

 

Los Corazonegros, une œuvre présentée par leurs créatrices

 

« Ces deux tableaux de boxeurs font partie d’une série « Los Corazonegros » réalisée en 2011-2012 après un voyage de plusieurs semaines au Pérou. A Lima, nous nous sommes intéressés à la situation de la communauté afro-péruvienne en la rencontrant au quotidien et en participant à différents ateliers artistiques. C’était aussi la continuité d’un travail que nous avions déjà mené sur les afro-descendants -les populations issus de la traite négrière- aux États-Unis avec une autre série intitulé Les BouBoys et consacrée à la culture hip hop noire américaine. Pour cette série réalisée au feutre, nous nous sommes inspirés de l’art du « chicha », un style qui mixe fond noir et couleurs fluos pour annoncer concerts ou évènements festifs au Pérou. »

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Les sœurs Chevalme en bref

Delphine et Élodie Chevalme, alias les sœurs Chevalme, forment un duo d’artistes plasticiennes installés au 6B à Saint-Denis depuis cinq ans. Jumelles, les deux trentenaires ont d’abord tracé leurs voies en solo : dans l’architecture et les arts décoratifs -pour Delphine- le graphisme et la communication évènementielle pour Elodie. Elles finissent par se retrouver en créant d’abord en commun un studio de graphisme avant de développer un duo artistique qui en 2009 se fait connaître à la pointe de ses feutres avec « Papiers ordinaires, trois séries de très grands formats réalisés entièrement au feutre. Au cœur de leurs créations, on trouve la question des identités, une thématique qui se rappelle souvent à ces jumelles plus qu’habituées à s’entendre dire qu’«elles se ressemblent. » Mais pour les deux artistes, les identités sont multiples et pas figées comme elles l’ont par exemple raconté dans « Zistwar dé France », une série où elles revisitent en les « métissant » quelques classiques du patrimoine pictural français du 19e siècle comme le « Radeau de la méduse » de Géricault.

Le 93 vu par les Sœurs Chevalme

« C’est peut-être un peu cliché de dire ça, mais en tout cas, c’est véridique et vécu : la Seine-Saint-Denis c’est un territoire de citoyens du monde où l’on se sent bien pour créer et où on peut aussi se sentir proche des gens et pas enfermé dans un univers réduit. Et puis pour nous qui travaillons beaucoup sur les identités, la mémoire et l’histoire, c’est un territoire où les institutions -le Département, Plaine Commune-sont vrai un soutien à la création dans ces domaines. »

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ARTISTE / ANETHA / JOACHIM ROMAIN

 

« Anetha », un tableau présenté par son auteur

« Si ce tableau s’intitule Anetha, c’est parce qu’on y retrouve ce mot. Et puis, je trouvais qu’Anetha correspondait bien au profil du portrait photo que j’ai réalisé spécifiquement pour ce tableau en 2019. Sans trop lever le mystère sur ce portrait, je veux juste dire que c’est une personne qui habite la Seine-Saint-Denis et était ravie d’être dans la boucle des œuvres offertes à Emmaus-Défi. Après, d’un point de vue technique, Anetha est un mixte entre collages d’affiches de rue, peinture et donc un portrait photographique. Et puis, je gratte, je décolle, je recolle, je déchire… pour aboutir à une œuvre unique. »

 

Joachim Romain en bref

« Au départ, j’étais photographe, aujourd’hui je suis artiste et je ne me vois plus faire autre chose… » Voilà comment Joachim Romain, tire brièvement son portrait. La suite de sa « bio », le résident du 6B à Saint-Denis la raconte encore à grands traits comme lorsqu’il lacère portraits photographiques et affiches de rue, un de ses « exercices » de prédilection : « Mon travail artistique est aussi un miroir d’une partie de mes expériences professionnelles passées dans les milieux de l’imprimerie et de la publicité, mais aussi de mon enfance dans le port du Havre. » De quoi, pêle-mêle, expliquer sommairement quelques-uns des « ingrédients » qui composent les œuvres de cet « artiste pluridisciplinaire » : affiches publicitaires, mise en valeur de la typographie, portraits photographiques, traces de rouille. Son autre obsession : l’usure du temps. Aussi lorsqu’on lui demande son âge, le quarantenaire répond d’une pirouette : « Déjà trop ! »

 

Le 93 vu par Joachim Romain

 

« La Seine-Saint-Denis, c’est un département qui porte des valeurs humaines dans lesquelles je me retrouve parce que je pense être un artiste un minimum engagé… En tout cas qui cherche à défendre et à porter des causes à travers son travail, aussi bien lorsque je réalise une fresque « 17 ensemble » à Aubervilliers pour ne pas oublier le massacre des manifestants Algériens le 17 octobre 1961 ou en portant des messages sur les dangers de la surconsommation. Et puis, la Seine-Saint-Denis représente aussi pour moi un lieu de création à ciel ouvert comme sur la Street-art avenue le long du canal de Saint-Denis, avec le souvenir de moments d’échange et de partage avec les gens qui nourrissent aussi mon travail. »

 

Frédéric Haxo