Quelques réactions à l’annonce des #JOP2024 pour Paris et la Seine-Saint-Denis !
Médecins, professeurs, sportifs amateurs et professionnels, nous livrent leur réaction à la suite de la bonne nouvelle venue de Lima.
Yvan Wouandji, joueur de l’équipe de France de cécifoot (foot pour non-voyants) et habitant de Rosny
« Des Jeux en Seine-Saint-Denis, c’est juste un rêve qui devient réalité ! Un sportif qui habite le 93 comme c’est mon cas ne peut évidemment qu’être heureux suite à une telle annonce. Mais ça va au-delà : c’est surtout une bonne nouvelle pour l’image de la Seine-Saint-Denis. On va pouvoir montrer que ce département, habituellement si décrié, est bien un territoire cosmopolite, jeune et dynamique qui sait accueillir le monde.
Pour le handicap aussi, c’est une nouvelle positive. Grâce aux Jeux paralympiques à Paris, les mentalités vont évoluer, des gens vont comprendre que le handicap n’est pas un frein à l’excellence, dans quelque domaine que ce soit : sport, mais aussi dans la vie de tous les jours. Après, c’est vrai que ça ne suffit pas : il faudrait encore plus d’interventions dans les écoles, encore plus d’événements autour du handicap…
Dans sept ans, je me vois encore sur le terrain, car j’aurai 31 ans et j’espère être encore bien physiquement. Mais je sais que même si je ne suis pas dans l’équipe, je serai sur le bord du terrain, sur le Champ de Mars, en train de me dire : « C’est incroyable tout le chemin que le cécifoot a parcouru. Pour moi, ce ne sera que du bonheur ! »
Corine Miret, codirectrice de la Revue Eclair, compagnie à l’origine d’une trilogie sur les sports de combat en Seine-Saint-Denis
« Les Jeux à Paris et en Seine-Saint-Denis, ça peut vraiment être une bonne chose. D’abord parce que ça changerait le regard sur ce département, qui est souvent complètement faussé. Ces Jeux permettront de montrer qu’il y a ici des gens formidables, qui savent accueillir, ce qui nous changerait du regard misérabiliste habituel. Ensuite, ça peut signifier des équipements pour la population. Encore qu’il faudrait là-dessus un certain nombre de garanties.
Pour moi, c’est très important que les équipements créés ne servent pas juste au sport de haut niveau mais soient aussi accessibles par la suite aux pratiquants de sport loisir. Nous personnellement, à la Revue Eclair, on s’intéresse de plus près aux sports de combat parce qu’il nous semble qu’ils racontent quelque chose sur les luttes des gens, sur leur dignité.
L’année dernière, nous avons créé une pièce de théâtre sur la lutte avec les Diables Rouges de Bagnolet et cette année, nous montons « Mercredi dernier », sur la boxe féminine, suite à une commande du Théâtre de la Poudrerie de Sevran. Dans les entraînements que j’ai pu suivre à Esprit Libre, un club de kickboxing du Blanc-Mesnil pour écrire cette pièce, j’entendais souvent : « c’est pas la boxe qui est violente, c’est la vie. » Et oui, je suis d’accord, la vie est souvent infiniment plus violente parce que sans règles, en tout cas pour les moins favorisés. »
Thomas Mamou (et Mathieu Pellan), praticiens hospitaliers à l’origine d’une consultation de la médecine du sport à l’hôpital Jean-Verdier de Bondy
« C’est une très bonne nouvelle. D’abord parce que ces Jeux sur notre territoire vont forcément promouvoir l’activité physique auprès des jeunes et même moins jeunes. Ensuite parce qu’on peut penser que cela va avoir des retombées positives en terme d’infrastructures sportives, qui font un peu défaut dans le département. On estime que près d’un million de personnes font régulièrement du sport en Seine-Saint-Denis et les structures ont du mal à suivre. La perspective des Jeux devrait pouvoir compenser ça.
Et puis, pour parler plus spécifiquement du médical, avoir des Jeux olympiques et paralympiques sur un territoire a forcément des répercussions positives. Des personnes qui ont des difficultés à faire du sport pour une raison ou une autre vont peut-être rencontrer à travers les Jeux des modèles, des catalyseurs. Ce qui est très important pour le message que nous portons à Jean-Verdier : le sport, bien pratiqué, est bénéfique pour tous, quelle que soit la pathologie.
Où je me vois dans 7 ans ? Soit en train d’assister à une épreuve olympique en Seine-Saint-Denis, soit en train pourquoi pas d’accompagner certains sportifs. Par exemple, nous avons été récemment contactés par la Fédération française du sport adapté (à destination de personnes handicapées psychiques ou mentales) pour éventuellement encadrer certains événements. On pourrait très bien songer à poursuivre cette collaboration. »
Thomas Le Coz, professeur d’EPS l’année dernière à l’Île-Saint-Denis, à l’initiative du relais olympique des collèges
« Pour moi, c’est clairement une chance pour la Seine-Saint-Denis. Ça va permettre de développer le territoire en termes d’infrastructures. Pour le collège Sisley, qui se situe à quelques centaines de mètres du futur village olympique, on sait de quoi on parle. Une bonne partie de ce village sera reconverti après les Jeux en logements dont une partie de logements sociaux. Sur les équipements sportifs, idem : il est question de refaire le terrain du stade Robert-César en prévision des Jeux. Et puis, les JO permettront vraiment à la Seine-Saint-Denis de se montrer telle qu’elle est, c’est-à-dire vivante.
Même si j’ai désormais quitté le collège pour Toulon, je continue à être en contact avec l’équipe. Il est question de prolonger le relais olympique du 93 et de tisser un partenariat autour de l’olympisme entre mon ancien et mon nouvel établissement. Je garde en tout cas de super souvenirs de l’année dernière, comme lorsque nous avions terminé le relais des collèges par une course de 15 km en bord de Seine au cours de laquelle nous avions rejoint l’Hôtel de Ville avec 5 collèges différents. A mes yeux, c’est ça l’olympisme : le partage à travers le sport. »
Muriel Hurtis, championne d’Europe du 200m (2002) et championne du monde du 4x100m (2003), née à Bondy
« Ces Jeux, c’est du positif sur tout la ligne pour la Seine-Saint-Denis. Pour les jeunes, ça va créer une motivation, ça va les faire rêver et on sait à quel point le sport est important à cet âge.
Pour les infrastructures aussi, c’est intéressant : des équipements sportifs vont être rénovés pour permettre aux délégations de s’entraîner et derrière, ça bénéficiera à la population. Pareil pour les logements du village olympique. Je me réjouis aussi que la Seine-Saint-Denis puisse se révéler à l’occasion de cet événement comme un département accueillant, festif. J’espère vraiment que ça fera changer les mentalités de ceux qui dénigrent toujours le 93.
Evidemment que j’aurais aimé vivre de tels Jeux à domicile. Pour tout athlète, c’est une occasion unique. J’ai eu la chance de vivre des Mondiaux à Paris (en 2003) et je ne l’ai jamais oublié. Dans 7 ans, c’est sûr, je serai près de la piste du Stade de France. J’espère pouvoir voir une victoire française sur 200 ou 400m ! »
Lauren Rembi, 4e des derniers Jeux de Rio à l’épée, membre de l’AS Bondy
« En plus d’être membre de l’AS Bondy, j’ai grandi à Livry-Gargan et Drancy, donc forcément, je suis contente que ces Jeux se déroulent partiellement en Seine-Saint-Denis.
Je pense vraiment que ça va redorer l’image du 93, souvent injustement décrié. A travers les Jeux, beaucoup de gens vont se rendre compte qu’ici on se soutient, on sait accueillir et qu’on aime le sport ! Sur le plan des logements et de l’aménagement de l’espace public, ça va faire du bien aussi.
Personnellement, j’ai un peu de mal à me projeter en tant que sportive jusqu’à Paris 2024 car avant, il y a l’étape de Tokyo 2020. Ma première expérience olympique, à Rio, a été un peu amère car j’ai touché la médaille en chocolat, mais il en faut plus pour me faire baisser les bras. Allez, c’est vrai que les Jeux chez soi, ça doit être unique. En 2010, j’avais vu Maureen (Nisima, Bondynoise) remporter l’épée au Grand Palais et je m’étais dit que ça devait avoir une saveur particulière. Pour Paris 2024, l’escrime aura d’ailleurs à nouveau lieu au Grand Palais, un décor de rêve. »
Boxeur amateur, professionnel, entraîneur, arbitre, fondateur du Top Rank Bagnolet, Ali Oubaali connaît tout de la boxe
On vient de nous attribuer les JO pour Paris 2024… Sa réaction ? C’est d’abord :
« Il était temps ! Cela tombe à point nommé pour le centenaire depuis la dernière organisation de la France en 1924 des Jeux !
Et cette victoire, nous la méritons, je suis certain que nous serons prêt à accueillir ces jeux avec des infrastructures qui existent déjà en majorité et un formidable vivier de talents et de champions en Seine-Saint-Denis et sur tous les territoires.
C’est une énorme opportunité pour relancer l’économie parce que je crois qu’on va dynamiser les territoires et désenclaver certains quartiers. C’est aussi l’occasion de motiver nos jeunes et de les sensibiliser encore davantage à la pratique sportive dans une société où nous sommes de plus en plus connectés et sédentaires. C’est un réel enjeu de santé publique et les JO sont une formidable vitrine pour faire rêver la jeunesse mais aussi rassembler autour de valeurs fortes plusieurs disciplines et plusieurs générations. Les JO, c’est aussi la rencontre de différentes cultures. On a eu la chance de pouvoir emmener des adhérents du Top Rank Bagnolet à Londres en 2012, ils en gardent un souvenir magique et pour certains, cela a même éveillé des vocations.
Si j’avais un pass pour aller partout, j’irais bien entendu à la boxe mais aussi suivre d’autres disciplines qui me sont chères comme le tennis, le basket, l’athlétisme et le rugby à 7. Quand on est qualifié pour les JO, comme j’ai eu la chance de l’être à Sydney, on est concentré sur son sport et malheureusement on n’a pas forcément le temps d’aller suivre et supporter les autres disciplines. Donc si je pouvais et si j’avais un pass : je soutiendrais d’autres sports, avec évidemment un peu de chauvinisme pour les athlètes tricolores et du département ! »
Les Jeux olympiques, le boxeur Nordine Oubaali connaît bien. Il était de l’aventure à Pékin en 2008 et Londres en 2012. Depuis il est passé professionnel, est devenu champion WBC silver et a créé le club Top Rank Bagnolet avec son frère Ali
« Je ressens de la joie car nous savons tous l’engouement populaire qu’il y aura autour des Jeux olympiques et surtout la mise en lumière de tous les sports même ceux qui sont les moins médiatisés.
J’ai eu la chance de vivre les JO à deux reprises, à Pékin et à Londres et imaginer pouvoir faire et partager cette fête ici à la maison, à Paris : c’est magique. Cela permettra aussi d’avoir des meilleures infrastructures et un meilleur accompagnement des sportifs. La Seine-Saint-Denis accueillera beaucoup de disciplines et cela permettra d’avoir davantage d’accompagnement pour révéler de nouveaux talents issus du 93 lors des JO 2024 à Paris. On est prêt à vivre ce moment historique. Nos quartiers ont des talents qui n’attendent plus que la magie des Jeux pour se révéler.
Si en 2024, je pouvais avoir un pass pour aller partout, j’aimerais partager la joie d’avoir les JO lors de la cérémonie d’ouverture car à ce moment là tous les sportifs ont tous le même rêve : décrocher une médaille olympique qui leur permettrait de réaliser un rêve d’enfant. C’est vraiment la ferveur et l’unité qui prime lors de la cérémonie des JO. Un moment hors du temps.
Je ferais aussi en sorte d’encourager toutes les disciplines avec une préférence pour soutenir l’équipe de France de boxe et l’athlétisme, car ce sont deux sports que j’aime et qui montrent très bien le dépassement de soi-même après des années de sacrifice. La performance est souvent le résultat d’une passion et d’un engagement long, difficile et avec de multiples obstacles.
Et pour finir j’aimerais partager la joie des athlètes dans le club France pour fêter chaque médaille gagnée par la délégation française lors des Jeux Olympiques 2024. De plus, obtenir les Jeux Olympiques un siècle après les derniers Jeux qui ont eu lieu en France restera symbolique et gravé dans toutes les mémoires. C’est unique de se dire qu’on va partager ensemble, qui qu’on soit, d’où qu’on vienne, une unité autour du sport. On en a bien besoin ! »
A Rio, il était le capitaine de la Team Solide qui a réconcilié les Français avec la boxe. Il a surtout rapporté la médaille de bronze des moins de 69 kg à son club, le Top Rank de Bagnolet
« En un seul mot : Heureux ! Les J.O. sont une chose fantastique et partager ça en harmonie avec tout un pays, ça sera génial ! Cela permettra vraiment de vivre un moment unique et magique. Le Top Rank Bagnolet a pu faire Sydney avec son fondateur Ali Oubaali et surtout Pékin et Londres avec Nordine Oubaali. On a connu Rio avec moi et d’avoir vécu et vu tous les Français nous soutenir et nous encourager, c’est un souvenir inoubliable et qui donne envie d’aller toujours plus loin.
L’olympisme, ça nous parle, et ça parle aux jeunes. La Seine-Saint-Denis sera mise à l’honneur et ce sont plusieurs générations qui pourront vibrer ensemble autour du sport, avec des valeurs communes que nous partageons dans le 93 et ailleurs. Se dire que le monde nous regardera et que le monde nous rejoindra dans cette formidable aventure humaine, c’est vraiment magique ! Impatient et heureux donc.
Si lors des Jeux j’avais un pass pour aller partout, j’aimerais aller à la cérémonie d’ouverture afin de partager et de vivre ça avec les athlètes, car c’est un moment inoubliable. Pour les J.O. de Rio, j’avais décidé de ne pas me rendre à la cérémonie d’ouverture pour rester concentré sur mon premier combat et me coucher tôt. Cette fois-ci, je n’en louperai pas une miette car c’est l’ouverture d’une fête aux couleurs du monde et qu’on vit ensemble avec tous les athlètes de toutes les disciplines réunies. »
Depuis toujours au club La Dionysienne, il a récemment remporté l’argent lors d’une épreuve de coupe du monde. Il a appris la bonne nouvelle à Antibes où il prépare les championnats du monde
« Les J.O. à Paris, ce sera magnifique ! La ville est trop belle, et toutes ces animations, cette fête ! Si je pouvais aller où je voulais lors de ces Jeux, j’irais voir l’athlétisme, à Rio j’avais adoré ! Mais aussi le judo, le basket, le volley-ball… J’adore les sports de balle ! C’est dommage il n’y a pas de balle en trampo. En fait si, les balles, c’est nous ! »
Allan n’en finit plus de s’émerveiller : « J’ai appris que le village sera à Saint-Denis sur les bords de Seine. T’imagines ? Si je suis sélectionné, je serai au village à 300 mètres de chez moi ! Je pourrai même y revenir si j’ai oublié un truc ! » Lorsqu’il apprend que le restaurant sera situé à la Cité du cinéma, il s’exclame « Mais c’est immense là-bas ! Et c’est beau ! En plus je suis sûr qu’il y aura trop de la bonne bouffe ! C’est la France tout de même ! »