Trail des hauteurs : la Seine-Saint-Denis chemin(s) faisant

Voici notre grand huit de la Seine-Saint-Denis qui court...

Plus de 2 000 participants, neuf villes du 93 traversées (Pantin, Bobigny, Noisy-le-Sec, Bondy, Le Pré Saint Gervais, Les Lilas, Bagnolet et Montreuil), près de 200 bénévoles mobilisés et plus de 300 mètres de dénivelé positif, ce sont quelques-uns des chiffres qui font la grandeur du Trail des Hauteurs organisé pour la 3e année consécutive par la FSGT 93, le 13 octobre dernier.

Trois courses de 5, 14 ou 28 km pour vous faire « découvrir la Seine-Saint-Denis que vous ne connaissez pas, avec des parcs, des chemins, des forêts, du dénivelé, des quartiers pavillonnaires, des quartiers populaires, les bords de l’Ourcq, des monuments, bref le 93 dans toute sa diversité », résume Clément Rémond, co-président de la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT 93).

Un Trail des Hauteurs auquel chacun.e participe à sa manière : pour gagner, aider à l’organisation de manière bénévole ou tout simplement participer.

Le In Seine-Saint-Denis leur a donné la parole, une fois repris leur souffle !

Kelly, Maud, Antoine et Léonard, les courses à domicile...

Kelly, Maud, Antoine et Léonard, sont adeptes des courses entre amis et en famille. Les trois premiers nommés sont anesthésistes à l’hôpital de Robert-Debré mais n’ont pas forcément trouvé la bonne formule pour anesthésier les dénivelés du Trail des hauteurs : « Mais courir ici, c’est surtout un bon moment partagé avec nos enfants qui vont disputer les trails réservés aux plus jeunes, expliquent Maud et Antoine qui courent à deux pas de la maison puisqu’ils habitent Romainville. D’ailleurs, on court sur le 14 kilomètres et pas les 28 bornes, pour ne pas rater leur départ ! Qu’ils aient au moins des parents encore en état de les encourager… »

Éric et Karine : signaler, c’est gagner !

Sans leur engagement bénévole, les courses à pied dominicales auraient bien du mal à exister. Les signaleurs et signaleuses sont ces bénévoles qui vous indiquent la bonne bifurcation à prendre, font patienter les automobilistes impatients à une intersection coupée par une course. A Romainville, Eric venu des Pavillons-sous-Bois et Karine installée à Pantin gardent même l’entrée de la Galaxie, en l’occurrence la rue éponyme que les coureurs et coureuses doivent emprunter pour rejoindre la suite du parcours tracé dans l’île de loisirs de la Corniche des Forts à Romainville. Karine, 49 ans, professeure des écoles est néophyte dans l’exercice, mais s’est vite prise au jeu de « l’ambiance des évènements sportifs » après une expérience de volontaire pendant les Jeux olympiques et paralympiques. Plus rôdé à l’exercice, Eric, 40 ans, chargé d’accueil au sein du service culturel de la ville de Livry-Gargan, donne beaucoup de son temps à la FSGT : « Il y a de moins en moins de bénévoles, c’est dommage parce que ce sont de super moments partagés », raconte le Livréen qui a aussi été volontaire pendant l’été olympique. Hémiplégique, Eric s’implique aussi « pour que le sport soit plus inclusif. Moi, j’attends beaucoup de l’ouverture du Prisme à Bobigny, j’espère qu’il permettra de faciliter la pratique handisport et changera le regard sur le handicap. »

Géraldine, le sport qui ouvre des horizons

Sur son vélo tous chemins, Géraldine était chargée d’ouvrir la route au peloton du Trail des hauteurs. Un exercice intense pour la quarantenaire, licenciée au sein du Cyclosport de Pantin, club de cyclosportifs et de marcheurs, affilié à la FSGT 93. Assistante de recherche dans un laboratoire de Pantin, la Bondynoise a apprécié cette première expérience d’ouvreuse : « C’est physique évidemment mais le Trail des Hauteurs est franchement une bonne manière de découvrir des endroits méconnus de la Seine-Saint-Denis. Par exemple, je ne connaissais pas vraiment le parc qui domine Bagnolet (Jean-Moulin-Les Guilands. NDLR) et la vue sur Paris et la Seine-Saint-Denis y est extraordinaire !»

Martin et Julie, l’esprit club à Saint-Ouen

Créé dans les années 50, l’Union Sportive Multisections Audonienne, plus connue dans les pelotons sous son acronyme d’USMA Saint-Ouen, est un des piliers de l’esprit club en Seine-Saint-Denis. Chaque week-end, les maillots jaunes et noirs de l’USMA fleurissent sur les courses franciliennes. Sur le Trail des Hauteurs, ils étaient ainsi une vingtaine au départ des deux gros morceaux du jour (14 et 28 kilomètres) tracés sur les hauteurs du territoire d’Est Ensemble. Parmi eux, il y avait Martin et Justine, la trentaine et membre du groupe de coureurs de fond du club de Saint-Ouen, venus reprendre le collier de la saison sportive sur l’épreuve organisée par la FSGT 93. Avec l’objectif de s’affuter physiquement, mais pas seulement : « La course à pied, c’est un exutoire, ça permet de se vider la tête », expliquent les deux « runners », respectivement professeure de mathématiques en collège et ingénieur en bâtiment pour la Ville de Paris.

Damien Cochet, la victoire made In Seine-Saint-Denis

Pour Damien Cochet, fringant quarantenaire pantinois, le Trail des hauteurs constituait un dernier entraînement pour le marathon d’Amsterdam. Habitué des longues distances, cet ancien membre de l’équipe de France de roller-marathon, a d’ailleurs couru sur ses chemins d’entraînement. A quelques mètres de son domicile de Pantin, il s’est donc imposé, presque facile, en 1h45mn sur la distance des 28 kilomètres : « C’est vrai que je connais presque par cœur le parcours, mais j’étais quand même surpris d’être en tête. »

Une victoire surprenante mais tout de même exigeante : Damien Cochet, directeur technique dans le bâtiment s’entraîne en effet six fois par semaine. Son terrain d’entraînement favori ? « Les berges de l’Ourcq entre Pantin et le parc départemental de la Poudrerie à Sevran » où il bâtit ses succès made In Seine-Saint-Denis.

Michèle, Elsie et Jean-Claude : en avant marche !

Retraités Michèle (70 ans), Elsie (61) et Jean-Claude (65 ans) font partie des marcheurs de l’Association Sportive et Gymnique de Bagnolet (ASGB), club omnisports dont les origines remontent à 1910 lorsqu’il s’appelait alors Club Sportif Socialiste de Bagnolet. Depuis, l’ASGB s’attache à faire perdurer les valeurs d’un sport émancipateur chères à la FSGT et a fait des parcs de Seine-Saint-Denis ses terrains de jeux favoris pour « s’exercer à la marche nordique et se retrouver de manière conviviale dans un esprit de sport-santé », explique Jean-Claude Peigné, co-président de l’ASGB et « 40 ans de FSGT » au compteur.

Une philosophie qui a séduit Elsie, toute jeune retraitée « heureuse de pratiquer une activité sportive avec des gens qu’on apprécie de retrouver. Et puis, le sport pensé de cette manière, ça conserve, non ? » Effectivement, on confirme…

Mathilde Castres, courir en liberté

Présidente de l’association Sine Qua Non, la Pantinoise organise chaque semaine des « sessions de running et de training organisées dans des lieux dits “peu fréquentables” par les femmes » avec l’objectif affiché de revendiquer « le droit des femmes à faire du sport où, quand et dans la tenue qu’elles veulent. »

Sur le Trail des hauteurs, elle en profite donc une fois ses 28 kilomètres boucléspour rappeler que « toutes les femmes, mais également les hommes qui veulent nous rejoindre pour des entraînements partagés sont les bienvenus. Ce qu’on veut démontrer, c’est qu’on peut courir partout et en sécurité en Seine-Saint-Denis. L’essentiel, c’est de se lancer ensemble et le Trail des Hauteurs démontre que les chemins, un peu cachés à l’écart de la ville, ne manquent pas dans le 93. Ce sont des beaux terrains d’entraînement qui donnent envie d’être explorés… ».

Restez “Cool and fit” avec Isabelle Vitry

Pendant le dimanche du Trail des hauteurs, la Montreuilloise Isabelle Vitry ne s’est pas franchement ménagée. Avant chaque course, elle anime, en effet, l’échauffement collectif en musique et une fois les coureurs arrivés, elle se démultiplie pour décontracter les muscles endoloris d’au moins une centaine de paires de jambes. Deux spécialités -massage et coaching- réunies au sein de sa petite entreprise « Cool and fit » créé en 2020 et qui rayonne autour de sa ville, Montreuil. Ex-éducatrice de jeunes enfants, l’ultra-dynamique trentenaire s’est reconvertie en 2017 dans le domaine du sport et de la forme « en devenant spécialiste en coaching sportif auprès des femmes et de la famille. Et puis, je suis aussi masseuse, orientée vers le massage musculaire sur-mesure. Si vous préparez une course, une performance sportive, vous pouvez faire appel à moi. Mais, je peux aussi vous aider, plus simplement, à vous remettre en forme… »

Le message est passé pour celles et ceux qui voudraient déjà commencer à préparer l’édition 2025 du Trail des hauteurs…

Frédéric Haxo