A la Cité Fertile, l’agriculture In Seine-Saint-Denis a semé pour le futur

A la Cité Fertile, l’agriculture In Seine-Saint-Denis a semé pour le futur

Retour sur la première édition du Salon des agricultrices à Pantin, les 4 et 5 mars derniers. Un évènement pour célébrer celles qui vont construire le monde agricole de demain.

Sous la serre qui abrite sa pépinière de quartier au sein de la Cité Fertile de Pantin, Ophélie Damblé joue les guides et raconte à ses visiteuses du jour comment elle a commencé à tracer son sillon depuis 2017 dans la sphère de l’agriculture urbaine. Avec sa structure « Ta Mère Nature », elle s’emploie en effet depuis un peu plus de cinq ans à distiller ses « conseils pour faire pousser des trucs chouettes, un peu n’importe où ».

Le week-end du 4 et 5 mars à Pantin, l’ambassadrice du In Seine-Saint-Denis était l’une des actrices du premier Salon des agricultrices, un évènement destiné à « visibiliser » la présence des femmes dans l’agriculture. Car comme le rappelait Clotilde Bato, agro-militante et directrice de SOL -une ONG engagée sur la transition agricole et alimentaire – à l’occasion d’une des conférences du week-end : « Les femmes contribuent aujourd’hui à la moitie? a? la production alimentaire mondiale (1). Et pourtant, elles ne sont que 10 % à être propriétaires de leurs terres. »

Un jardin sur l’Ile-Saint-Denis

Bref, il reste encore du grain à moudre pour donner toute leur place aux femmes dans le secteur de la production agricole et alimentaire. Mais Ophélie Damblé, néo-agricultrice et ex-spécialiste de la com’, y croit à force de voir poindre de jeunes urbaines prêtes à plonger les mains dans la terre : « Il y a une nouvelle génération de femmes qui a envie d’aller vers ces métiers de l’agriculture, de tenter une reconversion pour donner, peut-être, un peu plus de sens à leurs vies… Moi, je suis là pour leur faire profiter de mon expérience, leur conseiller d’aller d’abord vers le bénévolat, les associations, les chantiers participatifs pour tester leurs envies. »

Et, pourquoi pas, les confirmer comme Julie Yadi, créatrice des Jardins de Julie du côté de l’Ile-Saint-Denis. Depuis 2016 sur une parcelle de son jardin, cette trentenaire ambassadrice du In Seine-Saint-Denis, autrefois chargée de production dans l’industrie musicale, cultive des plantes médicinales aromatiques et potagères. Tout en fabriquant également des bougies à la cire de soja et aux huiles essentielles biologiques.

D’un Salon à l’autre…

De petites productions qui lui donnent toute sa place dans ce premier Salon des agricultrices : « Je me sens beaucoup mieux ici qu’au Salon International de l’Agriculture au milieu des grosses entreprises de l’agro-alimentaire. Surtout, c’est un évènement qui met en valeur les femmes et peut donner des idées à d’autres femmes en Seine-Saint-Denis. On a besoin de soutien mutuel et c’est d’ailleurs ce que j’entretiens déjà à travers un petit groupe de femmes du 93, actives dans le milieu de l’agriculture urbaine. En ce moment, on échange, par exemple, sur la meilleure manière de préserver et de récupérer l’eau pour nos cultures en perspective d’une prochaine période de sécheresse… »

Cherchez les femmes !

Un exemple « qui inspire » Sarah, 27 ans, Drancéenne de passage sur le Salon des agricultrices de la Cité Fertile : « J’ai beau avoir grandi en Seine-Saint-Denis, j’ai toujours été attirée par le milieu agricole, peut-être parce qu’un de mes grands-pères était cultivateur », raconte la jeune femme qui occupe un emploi dans le secrétariat. Alors, faire le tour de toutes ces initiatives lancées par des femmes, ça peut franchement m’aider à me reconvertir. Me donner des modèles à suivre. Parce qu’aujourd’hui, j’ai vraiment envie de participer, d’une manière ou d’une autre, à un monde où on produit de manière plus durable, en n’épuisant pas les ressources de la planète. »

Un credo très bien défendu par Re-Belle, autre structure ambassadrice du In présente lors du Salon des agricultrices. Avec à la clé un franc succès autour de ces confitures uniques fabriquées maison à Stains par une majorité de femmes salariées en insertion, à partir de fruits et légumes écartés des circuits de distribution. « Et, on continue d’embaucher régulièrement, explique Coline Gojon, chargée d’animation pour Re-Belle, ça prouve donc qu’on peut produire autrement, de manière locale et engagée, en donnant toute leur place et de l’attention à des femmes engagées dans un retour vers l’emploi. »

Et, devinez quoi, la belle aventure de Re-Belle démarrée en 2015 est l’œuvre de deux femmes…

Frédéric Haxo
Crédits photo: Bruno Levy

 

(1) Estimation issue d’une étude du Programme Alimentaire Mondial.