Adélaïda Uribe, ambassadrice du « In-Sème-Saint-Denis »

Adélaïda Uribe, ambassadrice du « In-Sème-Saint-Denis »

Architecte de formation et ingénieure spécialiste de l’agriculture urbaine, cette native de Colombie veut faire prospérer la nature en ville. Pour améliorer le cadre de vie mais aussi poser les bases d’une consommation plus saine. Un projet qui a pour nom Permapolis et a déjà pris pas mal de hauteur sur les toits de la Bourse du Travail à Saint-Denis. Portrait.

« En Seine-Saint-Denis, si on a des idées et de l’envie, tout est possible… » Voilà une parole d’ambassadrice du IN et dyonisienne d’adoption qui vient de loin. D’abord parce qu’elle est portée par une conviction profonde mais aussi, tout simplement, parce qu’elle a l’accent hispanique de la Colombie et de Medellin où Adélaida Uribe, la présidente de l’association Permapolis, spécialiste des questions d’agriculture vivrière, a grandi. C’est donc dans la ville du printemps éternel qu’a germé une bonne part de l’engagement écologique de la jeune femme : « Mes parents étaient restaurateurs, raconte-t-elle et une partie des légumes frais qu’ils servaient à leurs clients provenaient de la maison de campagne que nous possédions, pas loin de Medellin. Chez nous, les circuits de production étaient vraiment très courts ! »

Une histoire personnelle qui nourrira bien des années plus tard la genèse de Permapolis, association fondée en 2016 à Saint-Denis par le duo Adélaida Uribe et Frédérique Bernardet avec l’ambition de promouvoir « l’agriculture urbaine et la végétalisation des villes. »

Un projet qui a pris de l’ampleur en quelques mois mais aussi beaucoup de hauteur en s’implantant en 2019 sur le toit de la Bourse du travail à Saint-Denis où l’Aromathèque, un jardin de senteurs de 500 m2 a été installé par les mains vertes de Permapolis afin de produire des tisanes. Répertorié par l’application madeiseinesaintdenis.fr au sein des quelques trois cent lieux de l’agriculture urbaine du 93, le site a largement bénéficié pour son aménagement de l’expertise d’Adélaïda Uribe, architecte de formation mais également ingénieure en agriculture urbaine après un cursus suivi sur les bancs d’AgroParisTech, institut francilien spécialiste des « sciences et industries du vivant et de l’environnement. »

Un objectif de santé

De solides bases pour étendre le terreau d’une agriculture vivrière en ville en investissant non seulement les toits, mais aussi le moindre espace délaissé dans l’aménagement des villes avec l’objectif de « créer partout où c’est possible des jardins productifs et à partager. » A Bagnolet ou Bondy, Permapolis apporte ainsi son expertise à des bailleurs sociaux pour la création de jardins participatifs « qui non seulement créent du lien social entre les habitants, explique Adélaïda Uribe, changent le cadre de vie et peuvent aussi, pourquoi pas, contribuer à faire évoluer la façon de consommer en ville. »

Car, au sein de Permapolis, on mise évidemment sur le pouvoir de prévention naturelle des plantes. A Saint-Denis, l’association travaille ainsi depuis quelques moins avec le pôle santé de la ville ou la Maison des usagers de l’hôpital Delafontaine pour présenter le bénéfice de boissons saines pour la santé. « Il faut savoir que la Seine-Saint-Denis a le taux le plus important de diabète chez les jeunes, commente l’ambassadrice du IN, organisatrice d’une « tisane party » sur le stand de la Seine-Saint-Denis lors du dernier Salon de l’Agriculture. Donc, travailler sur l’éducation à l’alimentation, présenter les risques d’une surconsommation de sodas a vraiment du sens. »  Et répond aussi à une « demande de plus en plus importante », juge la récente quadragénaire.

« Dans les discussions qu’on a avec les habitants de Seine-Saint-Denis dans nos différents ateliers participatifs, on se rend compte que la population de manière générale, et pas seulement avec la crise sanitaire du coronavirus, a l’envie de créer un rapport de confiance avec les producteurs. De plus en plus, les gens veulent savoir comment sont produits les aliments qu’ils retrouvent dans leurs assiettes. Ils ont besoin de faire confiance à des producteurs locaux. Et ça, on peut évidemment le faire en milieu urbain, encore plus en Seine-Saint-Denis où le Département a une politique d’accompagnement de la transition écologique stimulante, qui est même un modèle de ce que les politiques publiques en la matière devraient être. »

De quoi encourager Permapolis et Adélaïda Uribe à continuer à s’engager pour créer des « trames vertes au cœur des villes et faire en sorte qu’un jour les infrastructures vertes soient reconnues essentielles dans les politiques publiques comme peuvent l’être les infrastructures de transports. » Une excellente manière de faire monter en graine le slogan de Permapolis : « Cultivons notre avenir. »

Frédéric Haxo

Crédits photo: Bruno Lévy