Pain made in Seine-Saint-Denis : rencontre avec Didier Bodelot créateur de l’Ecole du Pain

Pain made in Seine-Saint-Denis : rencontre avec Didier Bodelot créateur de l’Ecole du Pain

Créateur de l’École du Pain à Montreuil, cet ex-spécialiste de la santé s’évertue à faire lever les ingrédients d’un engagement pour une alimentation plus saine. Un « combat » éducatif, soutenu par le Plan de rebond solidaire et écologique de la Seine-Saint-Denis, à découvrir lors de la Fête du Pain, dimanche 6 juin, à la Cité Fertile de Pantin.

C’est en lisant le magazine Télérama en 2010 que Didier Bodelot, la quarantaine à l’époque, a décidé de rompre avec sa vie passée et accessoirement de rompre le pain beaucoup plus souvent. « Je lisais un portrait qui racontait la reconversion professionnelle de Christophe Vasseur, fondateur de la boulangerie fine « Du pain et des idées » et je me suis dit que sa vie avait l’air d’être sympa, qu’il avait l’air heureux », se souvient l’actuel animateur de l’École du Pain implantée à Montreuil et membre de Salut les Co-Pains , association qui gère un four à pain dans le quartier Villiers-Barbusse, toujours à Montreuil. Depuis, le cinquantenaire initie régulièrement petits et grands à la fabrication du pain comme il le fera, le 6 juin prochain à la Cité Fertile de Pantin lors de la Fête du pain -lire notre encadré. Et, son nouveau pain quotidien le satisfait pleinement :

« Lorsqu’on fabrique du pain et qu’on explique comment le faire, les réactions sont toujours assez impressionnantes, pleine d’enthousiasme, c’est motivant », livre-t-il.

Une initiative citoyenne comme point de départ

Bref, on est, en principe, bien loin de la première vie de Didier Bodelot dans le secteur de la santé où, entre 1994 et 2010, il a travaillé dans le domaine de l’information aux patients pour des structures comme Sida Info Service, Médecins Sans Frontières ou encore le réseau Oncologie 93 qui soutient et accompagne les patients et leur famille touchés par le cancer. « Mais, à l’époque, je parlais déjà beaucoup d’alimentation parce que bien se nourrir est l’un des moyens les plus sûrs de se faire du bien, de prévenir aussi la maladie, prolonge-t-il. C’est aussi à cette époque que je me suis rendu compte de la force et de la concentration des industries qui nourrissent le plus grand nombre. »

Son combat contre la malbouffe et pour le bon pain s’engage donc à Montreuil, sa ville d’adoption et il va le porter, principalement, dans les écoles de la ville. « L’École du Pain est un projet qui commence à se développer en 2015 au sein de l’association Salut Les Co-Pains pour répondre à un appel à projets participatif de la ville de Montreuil, retrace-t-il.

L’idée, c’était de faire de l’animation dans les écoles et de créer du lien social grâce à l’extension d’un four à bois construit quelques années plus tôt via une initiative citoyenne portée par des habitants du quartier Villiers-Barbusse. »

Soutenir des projets de micro-boulangerie

Six ans plus tard, ce sont des centaines d’enfants de Montreuil, Romainville ou Les Lilas qui ont été initiés aux meilleures façons de faire monter le levain par Didier Bodelot, devenu titulaire d’un CAP en boulangerie.   « A travers l’éducation des enfants, on vise aussi à faire participer de plus en plus de gens à leur alimentation, à aller en quelque sorte contre la standardisation de nos façons de nous nourrir. Et, pour cela, le pain est un symbole assez fédérateur, c’est un aliment qui réunit toutes les cultures », explique le quinqua dont le paternel était charcutier dans une entreprise de salaison industrielle.

Une philosophie qu’il compte maintenant faire vivre plus largement en impulsant des projets de micro-boulangerie au sein de deux centres sociaux de Seine-Saint-Denis, l’un à Bagnolet dans le quartier de la Noue, l’autre dans celui du Grand Air à Montreuil. Financés par le Fonds pour l’adaptation et la transformation solidaire en Seine-Saint-Denis , deux fours mobiles soutiendront dès la rentrée de septembre « l’activité d’habitants de ces quartiers qui ont envie de s’orienter vers la boulangerie, mais n’ont pas forcément les moyens d’investir dans un commerce et les équipements qui vont avec, comme de supporter les charges importantes liées à une telle activité. » Avec bien sûr en filigrane, le dessein de travailler « sur le même objectif du mieux manger, en utilisant des farines de paysans-meuniers qui ont des pratiques très artisanales et très bios. »

Des recettes au levain naturel que vous pouvez aussi retrouver régulièrement au sein de la Brasserie Mir à Romainville, ambassadeur du IN, où Didier Bodelot pose régulièrement son four à bois mobile…

Frédéric Haxo

Crédits photo: Salut les co-pains Julien SLCP, Brasserie MIR