Refunk, un ambassadeur qui veut tisser la toile de l’upcycling In Seine-Saint-Denis
Au cœur des Puces de Saint-Ouen, Samia Boukbir a créé ReFunk en 2021 pour redonner une seconde vie aux vêtements de seconde main. Une manière aussi de se mettre en phase avec ses « valeurs écologiques et sociales » pour cette trentenaire qui a mené une première carrière dans l’univers du marketing et du luxe. Interview.
ReFunk, c’est d’abord mettre la force du collectif au service de l’upcycling ?
Exactement, puisque nous sommes un collectif de designers qui est en train de se développer au cœur du Marché des puces de Saint-Ouen avec l’objectif commun de construire une mode inclusive, créatrice d’emploi et écologique. A notre disposition, nous avons, pour cela, un shop et un studio de création qui permet aux designers de créer leurs modèles upcyclés à nos côtés. L’ambition, c’est de transformer des vêtements usés et des déchets textiles en nouvelles créations accessibles à toutes et à tous. Avec une première spécialité qui est de recycler des jeans 501 transformés en un nouveau modèle pattes d’éléphants-patchwork.
A côté de cela, on développe aussi un atelier de réparation où on propose, pour un forfait de 25 euros, de redonner vie pour de nombreuses années à de vieux jeans à travers un re-tramage de la maille. Au final, l’ambition de toutes nos créations est de n’utiliser aucun produit neuf et d’être zéro déchet. On crée, par exemple, des sacs à main avec des restes de jean et bientôt des robes à partir de chemises masculines.
L’interdiction de détruire les invendus de mode, entrée en vigueur en 2022, va soutenir votre action ?
Oui, depuis ce début d’année 2022, nous avons effectivement beaucoup d’entreprises qui nous contactent pour qu’on récupère d’anciens uniformes ou des vêtements sportifs. Donc, nos designers vont bientôt travailler sur ces nouveaux apports qui vont progressivement arriver en masse. C’est pour cela que nous avons l’objectif d’ajouter, d’ici cet été, plus d’une dizaine de designers à notre collectif qui en compte déjà huit. Avec l’envie d’être le plus inclusif possible en travaillant aussi bien avec des designers indépendants qui travaillent déjà pour les studios de grande marque ou des profils de jeunes designers en quête d’un emploi dans le secteur de la mode. Par exemple des étudiants en école de mode…
En parlant d’école de mode, votre projet doit d’ailleurs beaucoup à votre rencontre avec une autre ambassadrice du IN, la Casa93 ?
Oui, c’est d’ailleurs la marque In Seine-Saint-Denis qui nous a fait rencontrer Nadine Gonzales, la créatrice de la Casa93. Et aujourd’hui, deux jeunes designers (Kawter El Massioui, Ornella Maris) issus de la Casa93 font partie de notre collectif. Pour eux comme pour les autres, il s’agit de les accompagner du prototype jusqu’à la production en atelier et à la commercialisation de leurs créations. Côté In toujours, nous devrions être bientôt résidents hors-les-murs du tiers-lieu Mains d’œuvre à Saint-Ouen pour organiser avec eux des ateliers d’upcycling ouverts au plus grand nombre. Et on travaillera aussi à terme avec le chantier d’insertion Mode Estime de Saint-Denis. L’idée, c’est vraiment de s’appuyer sur l’énergie, l’envie et les idées des jeunes du 93 pour créer de l’emploi dans le secteur de l’upcycling.
Propos recueillis par Frédéric Haxo
Crédits photo: Refunk