A Noisy-le-Sec, Raphael Etienne construit un tiers-lieu In Seine-Saint-Denis avec la force des « Tranquilles » …

A Noisy-le-Sec, Raphael Etienne construit un tiers-lieu In Seine-Saint-Denis avec la force des « Tranquilles » …

Alors que le Sample de Bagnolet a accueilli jusqu’au 5 novembre, le PAM Festival consacré à l’univers des tiers-lieux, le In Seine-Saint-Denis vous raconte comment, un peu plus à l’Est, l’association « Les Tranquilles », travaille à faire émerger à Noisy-le-Sec un de ces lieux qui rendent la ville plus durable et plus inclusive.

En 2020, au départ de leur aventure commune, ils se comptaient sur les doigts d’une main, et aujourd’hui « ils » mais aussi elles avancent à près de 400…  C’est toute la force des « Tranquilles », association fondée à Noisy-le-Sec par Raphael Etienne.

« Les Tranquilles sont des gens comme vous et moi, résume ce dernier, qui veulent rendre le monde un peu moins individualiste et créer des lieux conviviaux pour développer du lien entre les Noiséens. »

Un objectif qui se construit donc aussi un peu plus à l’Est de Bagnolet et depuis 2020 dans trois quartiers de Noisy-le-Sec : Béthisy, Le Londeau et Petit Noisy. En attendant d’ouvrir, à l’horizon 2023, un tiers-lieu pérenne à la confluence de ces différents quartiers, les Tranquilles ont en effet déjà largement investi Noisy à travers la circulation de tiers-lieux mobiles qui déploient leurs barnums le temps de moments partagés mixant ateliers variés, concerts, repas partagés… 

« Notre objectif, à chaque fois, c’est de faire en sorte que, tout simplement, les gens se rencontrent, créent une communauté d’idées et d’envies que ce soit autour de la création culturelle, de services à la personne, d’activités de jardins partagés, d’ateliers de coworking… Créer ou recréer du lien social, c’est déjà un premier pas de fait avant autre chose », expose Raphael Etienne, Nancéen d’origine devenu Noiséen il y a une dizaine d’années. 

Une communauté à créer

Une manière d’enclencher le mouvement qui fera tourner d’ici 2023, « La Manivelle », le futur nom de baptême du tiers-lieu noiséen où se poseront les envies suscitées au fil de ces 24 derniers mois. « Parce que nous n’arrivons pas subitement en imposant nos idées. Tout ce qu’on entreprend, on le fait à chaque fois en coopération avec les habitants et le tissu associatif de la ville qui est énorme à Noisy avec près de 400 associations actives », poursuit Raphaël Etienne. Aujourd’hui, notre rôle, c’est de coordonner et d’enclencher des coopérations car souvent les associations locales ne se connaissent pas forcément. Et, finalement, la programmation du tiers-lieu grandira de cet esprit de communauté qu’on aura su faire naître assez simplement parce qu’il y a une énergie folle dans le 93. Le plus difficile étant en fait, souvent, de faire émerger cette folie par manque de débouchés, de structures… »

Lauréat de l’Appel à Agir In Seine-Saint-Denis

A Noisy-le-Sec, en tout cas, les énergies du futur tiers-lieu pensé par les Tranquilles sont programmées pour converger autour d’une scène culturelle, d’espaces de répétition, mais aussi de bureaux partagés pour les télétravailleurs et d’autres espaces qui permettront, par exemple, à des entreprises émergentes ou à des créateurs de tester leurs activités. Sans oublier le volet des « Jardins nourriciers » déjà primé par l’Appel à Agir In Seine-Saint-Denis : une parcelle cultivée à l’extérieur du tiers-lieu qui permettra d’implanter des actions d’écologie populaire. 

Bref, un lieu foisonnant que cet ex-réalisateur, qui garde encore un pied dans la production audio-visuelle, a commencé à imaginer en assistant à la naissance, par le biais d’amis, d’un tiers-lieu installé dans le Sud-Ouest de la France. « Ça m’a effectivement donné des idées, rembobine celui qui avait fait tourner dès 2013 Swann Arlaud, futur César du meilleur acteur, dans un court métrage intitulé Lazare. Mais, évidemment, tout est très différent entre un territoire rural et un département aussi urbain que la Seine-Saint-Denis où l’offre en matière de culture est beaucoup plus importante. »

Une ouverture sur la culture

D’où l’idée des Tranquilles de turbiner également autour d’un accès plus large à cette même culture « parce que finalement même s’il y a beaucoup de théâtres, de centres d’arts, de médiathèques dans le 93, il y a quand même une frontière invisible à casser pour que les gens qui vivent au cœur des quartiers poussent plus facilement les portes de ces lieux. Et si on veut y arriver, c’est encore en travaillant ensemble, en partageant des évènements, des créations qu’on ouvrira les portes de la culture en grand !»

Et pour ça, comptez sur « La Manivelle » pour entraîner le mouvement…

 

Frédéric Haxo
crédits photo: Les Tranquilles