Aurélie Sécheret, une ambassadrice In Seine-Saint-Denis qui envoie du bois
A Clichy-sous-Bois, cette quarantenaire, chargée de projets en agriculture urbaine au sein de l’association Veni Verdi, chapeaute la transformation de près de 6000 m2 bétonnés de la résidence des Bois-du-Temple en jardins partagés, maraichers, haies comestibles et vergers. Pour elle, un seul mot d’ordre : plus verte la ville !
« La Seine-Saint-Denis, c’est vraiment une terre pleine de ressources, avec des gens qui portent beaucoup de savoirs issus d’horizons très différents. On a beaucoup à apprendre des habitants du 93. Ce sont souvent des jardiniers et des bricoleurs incroyables ! » En charge depuis 2020 du projet de La ferme des Bois-du-Temple à Clichy-sous-Bois, soit la transformation des espaces verts d’une résidence sociale du bailleur Toit et Joie en ferme urbaine vivante, nourricière, pédagogique et sociale, Aurélie Sécheret a assurément trouvé le « terreau » humain idéal pour développer ce projet né dans le sillon de la croissance de l’association Veni Verdi –lire aussi notre encadré.
Pour faire simple, sachez simplement que depuis 2010, cette association réalise des potagers en milieu urbain et notamment dans des établissements scolaires. Elle sensibilise ainsi enfants et adolescents à être des « acteurs de la société de demain, mais également des adultes sur les problématiques environnementales. » Pour cela, les 25 salariés de Veni Verdi aiment rien tant que semer mais pas forcément à tous vents : leur credo, c’est plutôt d’animer des ateliers pratiques dans les jardins basés sur une pédagogie bienveillante. Un rôle qui colle au profil de la quarantenaire Aurélié Sécheret, qui se partage entre le journalisme et ses activités au sein de Veni Verdi : « Si j’ai basculé dans le journalisme, confesse-t-elle, c’est peut-être aussi, parce que je suis attiré par l’envie de transmettre des choses, de les partager »,
Cultiver aussi le lien social
Des études initiales d’histoire de l’art laissaient pourtant à penser qu’elle allait continuer de creuser un autre sillon, dans la culture toujours, mais au sens artistique. Lequel a été, en effet, bien expérimenté par une famille où le père peint et le frère est concertiste. Et puis, il y a aussi un grand-père qui a joué, un temps, les éleveurs en Basse-Normandie où Aurélie passait pas mal de ses vacances d’enfance. « C’est sûrement ce qui m’a amené à être sensible aux problématiques du vivant et à l’agro-écologie, analyse-t-elle aujourd’hui. Et à m’interroger également sur les absurdités de la société de consommation qui cultive des fruits et légumes à l’autre bout de la planète alors qu’on pourrait le faire, en respectant les saisons, en bas de chez soi… »
Mais aussi en bas des grands ensembles de Clichy où elle remue le ciel et surtout la terre pour construire, pas après pas, une structure économique indépendante qui gèrera la future ferme urbaine du Bois du Temple.
« Grâce à un noyau dur d’une douzaine de bénévoles, on transforme peu à peu les espaces verts en espaces de culture légumière ou fruitière, ce qui correspond à une douzaine de parcelles cultivées pour environ 6 000 m2, calcule-t-elle.
Et, à chaque fois, on fonctionne en récupérant les palettes d’un chantier de rénovation, on organise aussi une gestion des bio-déchets. En fait, c’est un projet qui prend corps petit à petit avec la construction, par exemple, d’un poulailler qui crée également pas mal de lien humain. Parce que, bien sûr, nous travaillons sur la santé et les bienfaits du mieux manger et de la production locale, mais notre objectif est aussi très social. Remettre les mains dans la terre pour certaines personnes de ces quartiers, c’est d’une certaine manière leur donner l’occasion de sortir de leur isolement, de ne plus rester repliés chez soi. On redonne de l’air aux gens et c’est quelque chose qui compte. »
Du grand air et du vert, c’est un peu la formule des succès de Veni Verdi… vici !
Encadré !
Veni Verdi, les racines d’un projet…
Créée en 2010, Veni Verdi est une association dont l’objectif est de « créer des jardins en milieu urbain pour agir sur notre environnement, notre société et notre économie. » Par ailleurs, l’association intervient dans les établissements scolaires sous différentes formes, par exemple via l’aménagement de micro-fermes, de potagers sur les toits ou en pleine terre et la réalisation enfin d’animations ponctuelles dans les écoles comme les collèges. Au total, depuis sa création, Veni Verdi a mis en place 7 projets d’agriculture urbaine dans l’Est parisien. Clichy-sous-Bois est sa première incursion en Seine-Saint-Denis et sûrement pas la dernière.
Aller + loin en découvrant les partenaires:
Clichys-sous-Green et le Centre social Toucouleurs
Frédéric Haxo
Crédits photo: Veni Verdi
