Aurore Fekhart, une ambassadrice du In Seine-Saint-Denis qui a plus d’un atout dans son Pass’Manche

Aurore Fekhart, une ambassadrice du In Seine-Saint-Denis qui a plus d’un atout dans son Pass’Manche

En duo avec sa belle-sœur Sonia, cette trentenaire vient d’être médaillée d’argent du prestigieux concours Lépine dédié aux inventeurs. Leur accessoire, le Pass’Manche, une sorte de chausse-pied de la manche, va faciliter le quotidien des aidants, des personnes en situation de handicap ou des jeunes enfants. C’est d’ailleurs déjà un succès made In Seine-Saint-Denis…

Une lanière en silicone longue d’un peu plus de trente centimètres, onze trous bien calibrés et répartis, plus une bonne dose d’ingéniosité,

c’est la recette gagnante du Pass’Manche , autrement dit «le chausse-pied de la manche » qui a valu à Aurore et Sonia Fekhart de remporter la médaille d’argent du concours Lépine , lequel récompense les jeunes inventeurs lors de la Foire de Paris . Enfants de la Seine-Saint-Denis, les deux belles-sœurs ont imaginé en duo cette tige calibrée pour fixer la manche d’un habit au poignet. Un gadget ? Pas vraiment puisqu’il répond à une situation très concrète : aider une personne à s’habiller en empêchant la manche de remonter quand elle enfile une couche par-dessus l’autre. Un gymkhana vestimentaire que connaissent très bien tous les jeunes parents. Et Aurore Fekhart encore mieux depuis qu’elle fréquente assidument et à son corps défendant les hôpitaux pour faire face à la situation de sa fille de 2 ans, née avec une anomalie cérébrale : « J’ai vite compris, malheureusement, que ma fille serait un vrai cobaye pour les médecins, parce que sa maladie est très rare. Alors, elle passe des scanners, on la branche, on la perfuse et à la fin, il faut bien la rhabiller ! Et ce n’est pas toujours facile de sans cesse lui enlever son haut, puis de lui remettre. C’est pour ça que je cherchais quelque chose de très pratique pour faciliter ces moments fastidieux. Et, comme, je ne l’ai jamais trouvé, je l’ai finalement inventé », résume pudiquement cette maman de deux autres enfants.

Voilà donc, en accéléré, comment nait une invention très pratique et pragmatique et comment ensuite Aurore et Sonia Fekhart se rendent compte qu’elle peut également servir de « 0 à 118 ans, l’âge de la doyenne actuelle de l’humanité. Parce que ça peut aussi être très galère de passer une manche lorsqu’on a subi un AVC et qu’on est paralysé d’un côté. Et puis, ma grand-mère qui souffre d’arthrose de la main nous a aussi convaincues que notre invention pourrait s’adresser à un public beaucoup plus large. »

Dit comme ça, tout a l’air simple, mais pas vraiment… Le duo Fekhart de concert, cette fois : « On en a fait des tests et des tests, on a pas mal tâtonné pour dessiner notre prototype, mais finalement on y est arrivés ! Et on va bientôt le produire en grande série en Ardèche, et pourquoi pas un jour en Seine-Saint-Denis… »

Le concours Lépine, un accélérateur de projets…

Avec la caisse de résonance du Concours Lépine, le Pass’Manche fait en effet le plein de commandes : un des principaux gestionnaires d’Ehpad et de cliniques de l’Hexagone, a ainsi déjà commandé fermement 30 000 unités de l’invention pour ses différents établissements. « Et, ça n’arrête plus, chaque jour ou presque on est sollicités pour livrer d’autres Pass’ qui seront commercialisés pour le grand public au prix de 7 euros l’unité. »

De quoi, peut-être bientôt faire carburer les véhicules de la petite société de livraison de Saïd, le mari d’Aurore, basée à Rosny-sous-Bois. « Pour l’instant, on produit en Ardèche parce qu’on a trouvé, là-bas, une des seules sociétés capables de faire ce genre de production. Mais, si on peut relocaliser toute notre production en Seine-Saint-Denis, on ne se gênera pas », sourit la néo-ambassadrice du In, grandie du côté de Bagnolet, alors que sa belle-sœur Sonia est montreuilloise. De toute façon, la démarche du réseau du IN, nous ressemble trop. Moi, par exemple, j’ai grandi dans une cité, Le Plateau, à Bagnolet et je suis la preuve qu’on peut y arriver, y compris dans le 93, lorsqu’on y croit et qu’on se bat… »

« Femme et entrepreneure, c’est possible ! »

Ce qui est le précisément le cas de cette jeune trentenaire, qui après des études dans le dépôt des métaux précieux au Lycée Condorcet de Montreuil, a dû changer de voie car allergique au cyanure, le principal ingrédient dans les opérations de dépôt des métaux. « Mais, finalement, je me suis reconvertie comme cheffe de pub dans une société de presse. Et c’est ce qui m’a permis, aujourd’hui, d’acquérir une énorme expérience commerciale », commente encore Aurore Fekhart.

Une expérience qu’elle met désormais en pratique à plein temps, aux côtés de sa belle-sœur Sonia, 25 ans, conseillère bancaire. « A nous deux, on se complète très bien et surtout on a très envie de faire bouger les mentalités, de montrer qu’on peut être une femme en Seine-Saint-Denis et réussir dans le domaine de l’entreprenariat.  Malheureusement, il y a encore trop de femmes qui, en 2022, ne peuvent pas croire en elles, car on les cantonne encore à faire la bouffe, le ménage et à s’occuper des enfants. » 

Une affirmation largement corroborée par le fait que sur les plus de 350 inventions en lice au Lépine 2022, à peine 2 % émanaient de femmes.Un plafond de verre qui n’effraie cependant pas Aurore et Sonia Fekhart, un duo qui a plus d’un atout dans son Pass’Manche

 

Frédéric Haxo

crédits photo: Aurore et Sonia Fekhart