Avec le « Potager de la Bergère », biodiversité et bien-manger font culture commune In Seine-Saint-Denis

Avec le « Potager de la Bergère », biodiversité et bien-manger font culture commune In Seine-Saint-Denis

Au cœur du Parc départemental de la Bergère, deux associations (La SAUGE et les Cols verts) ont lancé la création d’un espace d’agriculture urbaine pour remettre de la nature en ville, promouvoir le bien-manger. Mais aussi former des jardiniers capables de pérenniser des projets de jardins collectifs. Tour d’horizon d’un projet cultivé en duo.  

Au moment où le Parc départemental de la Bergère à Bobigny poursuit son projet de requalification dessiné jusqu’à l’horizon 2025, le futur « Potager de la Bergère » plantera d’ici à la fin de 2024 quelques graines supplémentaires de biodiversité au cœur d’un parc de 15 hectares qui accueille près de 500 000 visiteurs par an le long de l’Ourcq.  

A charge pour les associations La Sauge et les Cols Verts de transformer un caniparc de près de 1800 men un site capable d’accueillir un jardin nourricier en permaculture, une pépinière, un jardin partagé, un jardin pédagogique mais aussi un théâtre de verdure pour organiser une programmation culturelle ou évènementielle. « Ce sera à la fois un lieu de réponse à la précarité alimentaire avec l’organisation de marchés solidaires mais aussi le moyen d’amener et d’expliquer les questions d’alimentation durable vers les habitants des quartiers alentours », résume Boris Marcel, directeur national et co-fondateur des Cols Verts, un « réseau associatif engagé pour faire changer d’échelle l’agriculture urbaine et pour favoriser la transition alimentaire des territoires. » 

Lutter contre la précarité alimentaire et la malbouffe

Déjà implanté en Bretagne, en Provence et à Strasbourg, Les Cols Verts mettent ainsi un pied en Ile-de-France et « plus particulièrement en Seine-Saint-Denis, un territoire où les enjeux d’accès à la nature et de lutte contre la précarité alimentaire sont essentiels », poursuit Boris Marcel, trentenaire « issu d’une famille d’agriculteurs bretons.Surtout, le 93 est très innovant socialement et c’est une expérience qui compte pour nous parce qu’il nous semble plus utile, de ce point de vue, d’agir au sein de quartiers où une alimentation ultra-transformée produit énormément de dégâts sur la santé. »   

Une bonne manière également de répondre aux enjeux du Plan Alimentaire Territorial (PAT) du Département de la Seine-Saint-Denis dont l’un des objectifs de développement est de porter un réseau d’agriculture de proximité.  

Ses premières récoltes engagées, le potager de la Bergère pourra ainsi participer à la lutte contre la précarité alimentaire enclenchée par le PAT en acceptant le chèque alimentation durable,délivré par le Département de Seine-Saint-Denis, comme moyen de paiement sur son futur marché.  

Une stratégie active que les Cols verts installent ou s’installeront aussi, en plus du Potager de la Bergère, « le long de l’Ourcq sur quatre sites qui constitueront un espace cohérent de fermes au fil du canal », détaille encore Boris Marcel –lire notre encadré.  

La Fabrique des jardinier.e.s, un coup de « pousse » bienvenu

Également engagé dans l’appel à manifestation d’intérêt concurrent lancé par le Département en 2023 pour l’installation d’un espace d’agriculture urbaine à La Bergère, la Société d’Agriculture Urbaine Généreuse et Engagée (La SAUGE) s’appuie, elle, sur son expérience plus ancienne de La Prairie du Canal, sa première ferme urbaine implantée depuis 2016 dans le quartier de la Folie, à Bobigny également. Un projet qui a précédé ceux d’Aubervilliers et de Saint-Denis. « L’idée de notre arrivée au sein du Parc de la Bergère, c’est d’en faire une nouvelle base pour notre « Fabrique des jardiniers, un programme de formation et d’accompagnement qui s’adresse à tout habitant souhaitant aménager un jardin collectif dans son quartier », expose Swen Deral, le fondateur de La Sauge.  

Un concept déjà testé au sein de la Prairie du Canal où « il s’agit à la fois d’acquérir des formations en jardinage et en agroécologie. Mais aussi des formations plus pratiques et logistiques comme la gestion d’une association ou la gestion de groupes parce que le premier motif d’échec des jardins partagés, c’est la mésentente des jardiniers », détaille encore Swen Deral.  

Une manière de cultiver les bonnes pratiques qui, là-aussi, a vocation à essaimer In Seine-Saint-Denis… 

Frédéric Haxo
Photos : Bruno Levy

Un écosystème de fermes au fil de l’Ourcq

Opérationnel d’ici à la fin 2024, le site du Potager de la Bergère viendra s’intégrer dans une trame de sites d’agriculture urbaine implantés le long du canal de l’Ourcq qui constitue le projet « Fermes au fil de l’Ourcq. »  

Ensemble, Les Cols Verts et La SAUGE veulent développer un « écosystème d’agriculture urbaine » via différents sites à proximité de la voie d’eau : Les Jardins mécaniques entre Pantin et Bobigny et Le Verger d’Hector dans le quartier Berlioz à Bobigny, côté Cols verts. La Prairie du canal à Bobigny pour La SAUGE. En attendant une quatrième ferme en projet à Sevran.  

Chacune des fermes et complémentaire des autres mais ambitionne d’avoir  

un « impact sur la santé et l’accès à une alimentation durable via la production de fruits et légumes locaux, de saisons, et cultivés sans intrants polluants. » 

Une manière aussi d’entretenir des îlots de fraîcheur sur le territoire en même temps que des lieux de vie et de sociabilité.