Concours Go In #2: Abajad, l’ABC des métiers comme outil d’insertion

Concours Go In #2: Abajad, l’ABC des métiers comme outil d’insertion

Enseignante en français langue étrangère, Dounia Hannach accompagne les personnes réfugiées vers l’emploi en ciblant l’apprentissage d’un vocabulaire spécifique lié à différents corps de métier.

La preuve par l’exemple, c’est la méthode que prône Dounia Hannach, fondatrice d’Abajad, association fondée en mars 2018 et baptisée ainsi en référence à l’alphabet arabe ou abjad, un système d’écriture ne notant que les consonnes. Un nom de baptême qui est aussi le «message » que veut envoyer cette spécialiste de la formation aux personnes en recherche d’emploi ne maitrisant pas la langue française : « Je leur dis, gardez surtout votre Abjad, mais ne vous privez pas de vous former en utilisant le français comme outil d’insertion. » Voilà donc la philosophie d’Abajad (www.abajad.com) pensé comme « un accélérateur d’employabilité par la langue » en ciblant les apprentissages par secteur d’activités -restauration, bâtiment…- avec l’objectif principal d’accompagner des personnes réfugiées, son public cible, vers l’emploi. Le tout de manière très pragmatique : « Ce que cherchent les réfugiés, explique Dounia, c’est du vocabulaire pour comprendre une instruction en cuisine, sur un chantier, et pas pour acheter une baguette ! »

Une méthode qu’elle a pitché en commençant en arabe sa présentation devant les jurés du Go In 2 : « Je voulais qu’ils se mettent dans la peau d’une personne qui ne maîtrise pas du tout la langue d’un pays », se souvient-elle. L’effet a fonctionné à plein puisqu’elle fait partie des neuf lauréates du Go IN 2019. Un succès dans le prolongement du parcours de cette trentenaire grandie à Chelles (Seine-et-Marne) et titulaire d’un Master Français langue étrangère. Lequel l’a « longtemps amené à enseigner le français aux étrangers pour divers centres de formations. J’étais auto-entrepreneuse, raconte-t-elle et je me suis vite rendu compte que ces structures cherchaient davantage à faire du chiffre plutôt que d’adapter leurs formations aux besoins des personnes étrangères. » Une conception très éloignée de celle de Dounia, qui a « baigné dans l’associatif dès ses 17 ans en étant bénévole en centre social » et aime rappeler que ses initiales « DH » signifient aussi « désir d’humanité. »

Fred Haxo

Crédits photo: Bruno Levy