Covid 19: Baluchon, Emmaüs, deux ambassadeurs en mode solidaire

Comment continuer à nourrir les personnes en situation précaire en période de confinement, c’est l’équation difficile que tente en ce moment de résoudre le RADIS, acronyme de Restauration Antigaspi à Double Impact Social et alliance de deux ambassadeurs du IN : le traiteur solidaire Baluchon et l’association Emmaüs Défi.

Né en 2017, le RADIS valorise des invendus alimentaires en les transformant en plats préparés au profit de personnes en situation de précarité.

Soit en 2019, 24 tonnes d’invendus alimentaires récupérés et 70 000 repas préparés pour un rythme de 450 repas concoctés par jour ouvrable. Une équation bien rodée, désormais bousculée par les mesures de confinement face au coronavirus. « Avec les restaurateurs fermés et la ruée vers les supermarchés, nos stocks vont commencer à diminuer, donc on s’active pour trouver des solutions et on lance un appel à la générosité (1) des entreprises qui pourraient nous faire des dons alimentaires à la hauteur des quantités qu’on doit préparer chaque jour », explique Sophie L’Hostis, responsable du développement au sein d’Emmaüs Défi.

Pour le moment, c’est une première chaîne de solidarité qui s’active pour assurer la livraison des repas auprès des associations caritatives Aurore, Emmaus Solidarité et Atoll 75, destinataires habituels des repas de RADIS. « Grâce à notre réseau, on vient de récupérer 800 kilos de canard auprès d’un grossiste de Rungis qui ne pouvait pas les vendre à ses clients habituels, raconte Sophie L’Hostis. Ce sera à nos cuisiniers d’être inventifs pour les préparer de différentes façons… »

En tout cas, si vous êtes distributeur et que vos frigos doivent être délestés, sachez, en vrac et entre autres, que le RADIS a besoin de 300 kg de viande hebdomadaire, de 500 kg de fruits, de 300 kg de crudités, 200 litres de lait, 2500 yaourts…

Ne laisser tomber personne…

Autant de matières premières qui rejoindront les cuisines de Baluchon à Romainville où officie une petite équipe de salariés en insertion. A la manœuvre, Rashida, Madibiramou, Laïla, Guirlene et Nambala, Fouzia et Mickaël, épaulés par le duo Christophe Marotel et Abdel Bentara, directeur de la restauration et chef-conseil de Baluchon, ont pris leurs marques dans une cuisine soudain très spacieuse. « Comme les activités traiteur de Baluchon sont arrêtées, nous avons quitté Goussainville où travaille habituellement le RADIS pour rejoindre Romainville, ce qui limite nos déplacements en nous rapprochant de nos principaux fournisseurs comme Metro », décrit Amaëlle Doisy, cheffe de projet chez Baluchon. L’avantage au moins, c’est qu’en passant de 40 personnes à moins de dix sur le site de production, le respect des distances de plus d’un mètre entre chaque employé est ultra-simple à tenir. « Et bien sûr, nous avons gel hydro-alcoolique, masques, charlotte, tablier, les accessoires indispensables à tout travail en cuisine », poursuit Amaëlle Doisy. Mêmes précautions prises par le duo de chauffeurs en insertion du RADIS (Salah et Jack) qui cinq jours sur sept continuent de faire leur tournée de livraison de repas solidaires. « Pour nous, il est essentiel de continuer cette activité, on ne peut pas laisser tomber ceux qui sont en situation précaire, martèle Amaëlle Dosiy. Leur permettre d’avoir accès à une alimentation saine, cuisinée à partir de produits frais, c’est aussi la vocation de Baluchon, entreprise qui agit dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. »

Un sacerdoce que Sophie L’Hostis d’Emmaüs Défi, résume ainsi : « Coronavirus ou pas coronavirus, les gens en situation précaire auront toujours faim… »

Frédéric Haxo

Crédits photo: Baluchon

(1) Si vous souhaitez effectuer des dons alimentaires ou financiers, contactez slhostis@emmaus-defi.org