ESS made in Seine-Saint-Denis : voici notre trio de « héros » du zéro déchet

ESS made in Seine-Saint-Denis : voici notre trio de « héros » du zéro déchet

En novembre, mois de l’Économie Sociale et Solidaire, le In explore les solutions Made In Seine-Saint-Denis qui font bouger les lignes vers une véritable transition écologique. Et comme nous sommes aussi dans la Semaine Européenne de Réduction des Déchets, on ne gâche rien en vous proposant un nouveau focus sur trois projets menés par des spécialistes de l’anti-gaspi.

« Créer une écologie ouverte à tous »

Basé au Pré-Saint-Gervais, Mickael Cohen, ambassadeur du IN et fondateur de l’AmiTerre, a imaginé l’AquaCompot, un lombricomposteur pour pot de fleurs. Ou comment arroser avec nos épluchures. Découverte.

-Un petit exercice pour commencer : donnez-nous votre définition de l’Économie Sociale et Solidaire en quelques mots…

Si je devais donner une définition personnelle de l’ESS en une phrase, je dirais : combattre les injustices et réduire les inégalités. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai fait inscrire la mention ESS dans les statuts de mon entreprise l’AmiTerre pour rompre avec le modèle d’une économie lucrative à tout prix et mettre l’objectif économique au service de l’environnement et de la personne.

Quels projets développez-vous avec l’AmiTerre ?
L’AmiTerre, qui n’est qu’au tout début de son aventure, s’est donné pour objectif que le plus grand nombre de personnes puissent commencer
et surtout réussir sa transition écologique. Pour cela, nous développons une première solution pratique avec
l’AquaCompot qui est un lombricomposteur bio-inspiré. En couplant un lombricomposteur avec une plante, on peut ainsi transformer nos pots de fleurs pour agir sur l’environnement. Fabriqué en plastique recyclé, l’AquaCompot utilise des épluchures pour s’occuper des plantes et de la nature à notre place. Donc, en associant une plante et un lombricomposteur, nous créons un écosystème totalement autonome. La plante s’occupe de l’AquaCompot, et en retour, l’AquaCompot s’occupe de la plante.

Pourquoi votre solution est-elle Made In Seine-Saint-Denis ?
Parce qu’en tant qu’ambassadeur de la Seine-Saint-Denis, habitant du Pré-Saint-Gervais, je souhaite participer au développement de mon département et à une écologie ouverte à tous et aux plus démunis en particulier. Tout le monde doit pouvoir assumer sa part pour sauver l’environnement. Grâce
à l’AquaCompot on valorise nos déchets, on préserve l’eau et on recycle le plastique à l’échelle locale. Et puis, je viens aussi d’intégrer la troisième promotion d’
Incoplex 93 , l’accélérateur d’impact, basé à la Cité Fertile de Pantin, qui accueille pendant 9 mois le développement de startup à impact.


« Il faut réduire les déchets à leur source… »

Fondateur de  Déclic Écologique , société de « conseil enthousiasmant pour les entreprises et les collectivités, Tristan Duhamel aide les entreprises à s’inscrire dans une démarche d’économie circulaire et à mettre en œuvre une politique zéro déchet. Voici comment…

– Si je vous dis ESS, vous me répondez…

Que l’ESS se définissait il y a quelques années comme l’économie qui met l’humain au centre plutôt que le profit… Et, c’est pour moi une bonne définition. Pour faire court, l’ESS regroupe les personnes, via des associations, des mutuelles, des coopératives, qui entendent faire évoluer la société vers un modèle plus humaniste, plus écologique.

– Et, justement, quels projets développez-vous pour atteindre cet objectif ?

Avec Déclic Écologique, nous sensibilisons les équipes des entreprises, mais aussi des collectivités ou des associations à la démarche du zéro déchet avant de co-construire des solutions fines avec elles pour atteindre cet objectif. Mais, le zéro déchet, qu’est-ce que c’est ? Si l’on regarde autour de nous, presque toutes les productions humaines deviendront un jour un déchet. Donc l’objectif est de réduire à la source les déchets. C’est très concret, très palpable et souvent économique via la réduction des achats ou la mise en œuvre d’achats durables. Le zéro déchet englobe donc beaucoup de problématiques environnementales, même dans les bureaux, car il s’attaque à des gisements de déchets qui sont peu identifiés. Pourtant, le tertiaire représente à lui seul 20 millions de tonnes de déchets par an en France, presque autant que l’industrie (24 millions de tonnes) et un.e salarié.e de bureau produit environ 130 kg de déchet par an. Par exemple, on ne fait pas toujours le lien entre le zéro déchet et le numérique, et pourtant, la fabrication du matériel représente 65 à 70% de son impact global, d’énormes volumes de ressources consommées dans ce que l’on appelle le sac-à-dos écologique d’un produit . Il s’agit donc de faire durer ces machines par la mise à niveau, l’entretien et la réparation.

-Pourquoi les solutions de Déclic Écologique sont-elles Made In Seine-Saint-Denis ?

Avec « Les déjeuners Impromptus », lauréat de l’Appel à Agir In Seine Saint-Denis 2019 et également récompensé en 2020 par Est Ensemble dans le cadre de la saison 2 de l’appel à projet Territoire Zéro Déchet d’  Est Ensemble , nous avons créé un programme déjà expérimenté dans des restaurants de Seine-Saint-Denis qui se déroule en 2 temps : d’abord on sensibilise à la problématique et puis on co-construit les solutions de réduction des déchets et du gaspillage alimentaire avec l’équipe du restaurant. Dans un deuxième temps, on sensibilise, cette fois, les clients du restaurant à cette même thématique de réduction du gaspillage alimentaire en les bousculant par un « éclat poétique », des performances artistiques réalisées par l’équipe de ma partenaire Pascale Paulat.


« De l’emploi pour les personnes et du réemploi pour les objets ! »

Implantée à Pantin, Bagnolet mais aussi dans le nord-est de Paris, l’association «  Emmaüs Coup de main  » porte un projet d’accompagnement global autour de 3 domaines d’activité : l’hébergement, l’insertion par l’activité économique et le réemploi des objets. Explications et présentation avec Elsa Delouche, encadrante technique de l’équipe de Bagnolet.

-Un peu de « théorie » pour commencer : quelle définition donnez-vous de l’Économie Sociale et Solidaire du côté d’Emmaüs Coup de Main ?

L’économie sociale et solidaire est une forme d’échange au sein duquel prévaut l’individu : il est acteur et sujet de ces transactions. Concrètement, cette forme d’économie n’a pas pour but l’enrichissement, mais bien de favoriser des échanges solidaires entre individus. Cette démarche a évidemment un impact social, mais également environnemental en favorisant notamment des échanges de proximité et une économie plus circulaire.

-Passons à la pratique maintenant, quels projets mettez-vous en action pour faire vivre cette dimension ESS ?

Emmaüs Coup de main poursuit deux buts étroitement liés : un but environnemental et un but social. A travers l’activité de récupération/tri/vente d’objets et de meubles de seconde main, elle propose une activité professionnelle adaptée à des publics éloignés de l’emploi sous la forme de chantiers d’insertion. Au total, nous accueillons chaque année une centaine de salariés en parcours d’insertion qui contribuent à remettre dans le circuit plus de 1000 tonnes d’objets. Notre slogan illustre de manière efficace notre projet : « Un toit et de l’emploi pour les personnes, du réemploi pour les objets ! » Toit en effet car nous proposons également un hébergement temporaire à des familles en situation de précarité.

-De quelle manière faites-vous vivre des solutions In Seine-Saint-Denis ?

Nous sommes historiquement ancrés en Seine-Saint-Denis depuis de nombreuses années avec des activités de recycleries à Pantin et Bagnolet (magasins solidaires, accueil des dons, ramassages à domicile, actions de sensibilisation des habitants). Ce qui signifie que, localement, nous encourageons à réduire les déchets de manière concrète et bien sûr à limiter la surproduction de manière générale, en proposant à la vente des articles variés, de qualité et récupérés à prix solidaire. Chez nous, vous trouverez tout : des articles de quincaillerie, aux vêtements en passant par des meubles ! Au total, 66% des objets que nous collectons retrouvent une seconde vie. En Seine-Saint-Denis, nous intervenons également pour informer et sensibiliser les publics à notre démarche citoyenne responsable et solidaire.

 

Propos recueillis par Fred Haxo
Crédits photo: Facebook AmiTerre, Facebook Emmaüs Coup de main et Bruno Lévy