« Île » était une (première) fois Nage ta Seine…

« Île » était une (première) fois Nage ta Seine…

Le 22 septembre, plus de 200 nageurs et nageuses ont rallié le Parc départemental de l’Ile-Saint-Denis pour s’aligner au départ de la première édition de « Nage Ta Seine ». Une compétition en eau libre organisée par la FSGT 93 où les participants ont apprécié de se la couler presque douce…

2024-09-22_NAGE_TA_SEINE_ILE_SAINT_DENIS_BL058

L’Ourcq et maintenant la Seine… Un peu moins d’un moins après l’organisation de la 7e édition de « Nage ton Canal » à Pantin, la Fédération Sportive et Gymnique du Travail de Seine-Saint-Denis (FSGT 93) continue d’ouvrir des voies -d’eau douce- pour la pratique de la nage en eau libre. Sur les rives de la Seine, à quelques brasses du pont d’Épinay-sur-Seine et au cœur du Parc départemental de l’Ile-Saint-Denis, ce sont plus de 200 nageurs et nageuses qui ont ainsi plongé dans une Seine à 18 degrés, dimanche 22 septembre, sur différentes distances du 250 mètres au 3 000 mètres. Avec des flots beaucoup plus limpides que redoutés : « J’avais un peu peur d’y aller mais franchement l’eau n’a rien de sale. D’ailleurs, j’ai déjà nagé en France dans des lacs beaucoup plus douteux ou même dans des rivières franchement repoussantes comme la Sarre, sourit Guillaume, Parisien et nageur en eau libre confirmé. Et puis, peu de temps après les JO, on se sentait presque dans la peau de nageurs olympiques !»

Avec, bonus du jour, une qualité de l’eau supérieure à celle des Jeux de Paris ont confirmé les différents prélèvements effectués en amont de l’épreuve.

« Protéger et valoriser le fleuve »

Une bonne nouvelle à l’heure où nager dans la Seine n’est pas seulement un horizon réservé aux Parisiens puisque la Seine-Saint-Denis compte bien rappeler que le fleuve, qui relie l’Ile-de-France à la Manche, la traverse aussi : « Ici, c’est une île, rappelle en souriant Mohamed Gnabaly, le maire de L’Ile-Saint-Denis.  Et, on dispose de 14 kilomètres de berges contre 15 dans la capitale. C’est pour cela qu’on travaille main dans la main avec le Département de la Seine-Saint-Denis (lire aussi ci-dessous, le verbatim de Stéphanie Troussel, président du Département 93) à protéger le fleuve, le valoriser, ce qui veut dire travailler à son assainissement et protéger la biodiversité de ses berges. C’est comme ça qu’on pourra demain, pourquoi pas, apprendre à nager dans la Seine à nos enfants. »

Un augure que réalisent, en quelque sorte, Arnaud (44 ans) et sa fille Léa (13 ans), « récidivistes » de la nage en eau libre, trois semaines après avoir tenté l’expérience dans l’Ourcq.

 

2024-09-22_NAGE_TA_SEINE_ILE_SAINT_DENIS_BL003

Un papa « poisson-pilote »

Sur la Seine, Arnaud a de nouveau joué le papa-poisson pilote au départ de leurs deux courses respectives, 3000 mètres et 1 500 mètres, le temps de s’assurer que la jeune poloïste de la VGA Saint-Maur puisse bien s’extraire tranquillement de la masse du peloton. Pour le reste, Léa sait faire : « Franchement, dit-elle, j’étais bien sur l’Ourcq, alors je vais essayer de faire la même chose sur la Seine ! »

Avec, pour le duo père-fille, l’envie aussi de partager plus souvent ce genre de moments : « C’est génial que ce genre de courses se multiplient grâce à l’action de la FSGT, expose Arnaud, triathlète expérimenté. Franchement les images de la natation en eau libre lors des Jeux ont donné des envies de sortir des piscines à pas mal de monde. »

A commencer par les Îlodionysiens comme Adeline, nageuse patentée et voisine du fleuve, frustrée de ne pas pouvoir plonger plus souvent qu’à son tour dans la Seine qui coule à ses pieds : « J’ai fait quinze ans d’aviron au Rowing Club sur l’île des Vannes, alors ça m’est bien sûr arrivée plusieurs fois de me mettre à l’eau. Mais jamais en dehors de ce cadre-là parce que sinon, c’est 35 euros d’amende ! », confie la nageuse quarantenaire. C’est dommage, alors on profite du fait de pouvoir nager, ce dimanche, presque en bas de chez soi, sans avoir besoin d’aller à l’autre bout de la France pour le faire. »

Des envies de fraîcheur…

Sève, elle vient de la côte Ouest de l’Hexagone, plus précisément de Nantes. Ce qui explique, peut-être pourquoi, elle a délaissé la combinaison pour le simple maillot de bain malgré la fraîcheur dominicale : « Moi, j’aime l’eau froide, glisse-t-elle, dans un sourire qui réchauffe. Et puis, en 250 mètres de nage, on a le temps de monter en température», glisse la jeune femme, consultante en inclusion. » Qui milite justement pour ne plus laisser de côté les « cours d’eau dans les villes. A Nantes, il y a des spots aménagés sur l’Erdre où on peut facilement naviguer en paddle board. Ce serait bien qu’en région parisienne, on puisse faire la même chose… »

Du côté de la FSGT, c’est un mouvement qu’on a, en tout cas, déjà largement enclenché : « Aujourd’hui, Nage Ta Seine a vraiment une dimension sportive, mais aussi citoyenne et écologique, plaide ainsi Enji Bacari, co-président de la Ligue Ile-de-France de la FSGT.

2024-09-22_NAGE_TA_SEINE_ILE_SAINT_DENIS_BL029

La FSGT à la proue du combat

En organisant ce premier évènement avec plus de 200 nageurs, on prouve qu’on peut répliquer ce genre de choses sur la Seine ou sur d’autres cours d’eau. Et la FSGT lance d’ailleurs un appel aux 23 communes d’Ile-de-France qui accueillent un site naturel potentiellement nageable. Nous sommes à leur écoute pour organiser d’autres « Nage Ta Seine ». Plus on démocratisera la nage en eau libre, mieux on fera aussi face au manque de piscines dans certaines parties de la région parisienne. »

Appel largement entendu en Seine-Saint-Denis et à l’Île-Saint-Denis, déjà dans la bonne vague :  « Nous avons le projet de deux sites de baignade sur l’éco-quartier du village olympique et du côté de la place Thorez », confirme Séverine Delbosq, conseillère municipale de l’Île-Saint-Denis, déléguée à la nature, à l’eau et à l’énergie qui joint la théorie à la pratique depuis le ponton du quai de la Marine où elle s’apprête à plonger dans la Seine. « Et c’est d’ailleurs pour cela qu’une épreuve comme « Nage Ta Seine » est très importante, parce qu’elle sensibilise aussi la population à faire attention à la ressource en eau, à ne pas jeter n’importe quoi dans son lavabo ou dans les égouts et encore moins à se débarrasser de déchets directement depuis les berges. Dorénavant, La Seine dans le 93 ne doit plus simplement être perçue comme un simple couloir de transport fluvial. » 

C’est aussi et désormais des couloirs de nage qui ne demandent qu’à se multiplier…

Frédéric Haxo

NAGE TA SEINE VU PAR…

Stéphane Troussel, président du Département de la Seine-Saint-Denis

« Continuer d’agir pour qu’on puisse nager dans la Seine, la Marne, l’Ourcq et le canal Saint-Denis »

« Nager en eau libre, c’est un combat partagé entre le Département de la Seine-Saint-Denis et la FSGT 93 : en 2018, nous participions à leurs côtés à la première édition de « Nage ton Canal » sur l’Ourcq à Pantin et c’est cette fois un beau symbole, après les Jeux olympiques et paralympiques, d’organiser cette opération sportive dans la Seine. Une compétition qui est aussi une belle illustration de la mobilisation que la Seine-Saint-Denis entend bien poursuivre pour développer la baignabilité de la Seine dans le 93. Moi, je suis très heureux que nos amis parisiens puissent se baigner, très rapidement, dans la Seine dans Paris intra-muros, mais je peux vous dire qu’ils le font aussi grâce à la mobilisation des départements 92, 94 et du 93. La Seine-Saint-Denis a investi 110 millions d’euros pour que la Seine soit baignable intra-muros en finançant des équipements d’assainissement sur son territoire. Alors, comme je suis partageur, j’entends bien obtenir la même solidarité, à l’échelle du Grand Paris, pour que très vite, la Seine, la Marne, les canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis soient baignables en Seine-Saint-Denis ! »

Une manière d’agir pour le cadre de vie mais aussi un atout pour la résilience de nos villes face au réchauffement climatique. »

2024-09-22_NAGE_TA_SEINE_ILE_SAINT_DENIS_BL016