Maria Mata, l’art d’entreprendre In Seine-Saint-Denis

Maria Mata, l’art d’entreprendre In Seine-Saint-Denis

Co-créatrice à Aubervilliers du tiers-lieu culturel « Les Chambres », la trentenaire vient de recevoir le prix de la création d’entreprise à impact lors des Trophées « Réussir en Seine-Saint-Denis » de la CCI. Une bonne occasion de se retourner sur son parcours…

Créer un « lieu inédit qui mêle création contemporaine, gastronomie et tatouage », c’est le pari que se lance en 2018 le couple Maria Mata et Talla Dieye. Trois ans plus tard, les trentenaires inaugurent à Aubervilliers «  Les Chambres », plus de 700 mètres carrés destinés à la création, la promotion et la diffusion d’une « avant-garde artistique de talent » en même temps qu’un lieu de vie ouvert sur la ville grâce à son café-restaurant et ses espaces de co-working.

Une aventure entrepreneuriale récompensée le 1Er décembre par le Prix de la création d’entreprise à impact en Seine-Saint-Denis -catégorie féminine- décerné à Maria Mata lors des Trophées «  Réussir en Seine-Saint-Denis  ».

Co-organisé par le  Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis  et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat de la Seine-Saint-Denis, ces Trophées distinguent les réussites de nouvelles entreprises créées ou reprises depuis 3 ans. L’occasion pour la jeune femme originaire de Badajoz, ville du centre-ouest de l’Espagne, de se raconter en quatre actes…

La traversée des Pyrénées…

« Je suis arrivée à Paris en 2011 pour ma 3e année de licence de droit. Au départ, je devais repartir en Espagne au bout d’un an et finalement j’ai enchaîné avec un Master en droit international avant de commencer à travailler à Paris pour Inditex, un groupe espagnol, leader mondial de la mode, qui possède les magasins Zara. Pendant 5 ans, j’y ai fait plein de choses parce que si tu étais motivée, tu pouvais facilement évoluer et je changeais donc de poste régulièrement : je suis passé de la vente, aux ressources humaines, au management. Et puis un jour, je me suis dit que je voulais faire autre chose, je voulais avoir un impact social… »

Au nom du frère…

« En 2018, mon frère Polo , qui est artiste et tatoueur, cherche aussi à s’installer à Paris. Alors, avec Talla, mon compagnon rencontré en 2015 et avec qui je partage le même goût de l’art, on commence à imaginer qu’on va créer un lieu pour qu’il puisse s’y installer : le projet des Chambres commence à naître. Évidemment, les débuts sont compliqués lorsqu’on est jeunes et sans trop d’argent, mais on s’accroche à notre projet pour ouvrir finalement « Les Chambres » en 2021.

Les Chambres aujourd’hui…

« Les Chambres, c’est un peu notre bébé, puisqu’on a même fait une partie des travaux. Et depuis l’ouverture en 2021, on a d’abord commencé par conforter notre modèle économique grâce à la partie restauration du lieu. C’est ce qui nous permet de faire vivre notre idée de départ : décloisonner l’art en créant un endroit accueillant qui est aussi un incubateur d’artistes. Donc,

Les Chambres, c’est aujourd’hui un lieu qui a vocation à promouvoir les artistes émergents, à les accompagner dans le développement de leurs projets. Et à côté de ça, c’est aussi une maison commune dont les portes sont grandes ouvertes sur le quartier avec l’envie de créer des connexions entre artistes et habitants. »

Sa vie d’entrepreneuse

« En 2022, les Chambres représentent déjà une petite entreprise qui grandit au fil des mois avec une dizaine de personnes employés entre CDI, contrats en alternance ou en insertion. Dans l’organisation au quotidien, je suis plutôt en charge du management et de la partie financière et comptabilité alors que Talla est davantage axé sur la communication et développement. C’est une répartition assez naturelle entre nous, même si on fait finalement un peu tout lorsqu’on commence !

De toute façon, Les Chambres, c’est une idée qu’on a fait grandir à deux et on a bien l’intention de continuer comme ça. Même si je m’aperçois finalement que nos interlocuteurs ont, quelque fois, tendance à me considérer comme une plante verte à côté de Talla ! Comme quoi dans l’entreprenariat, il y a encore un peu de chemin à faire pour arriver vers une vraie égalité hommes-femmes. »

Frédéric Haxo

crédits photo: Les Chambres