Mariam Sissoko: « Rendre visibles les femmes de nos quartiers ! »

Mariam Sissoko: « Rendre visibles les femmes de nos quartiers ! »

Avec son association « Puissance de femmes », Mariam Sissoko met en lumière les femmes actives pour l’égalité des chances dans les quartiers populaires. In Seine-Saint-Denis et ailleurs. Des visages et des combats à découvrir au Palais d’Iéna à Paris jusqu’au 7 mai. Interview avec une femme engagée.

Puissance de femmes, c’est une exposition qui s’affiche depuis le 8 mars au Palais d’Iéna à Paris, mais pour dire quoi ?

Mariam Sissoko. Puissance de femmes, c’est d’abord une association qui a pour but de mettre en lumière des femmes qui ont un impact dans nos quartiers mais qu’on ne voit pas assez. L’idée, c’est donc de les amener dans des organes de pouvoir où elles n’ont pas l’habitude d’être, à travers une exposition photos, comme celle présentée au Palais d’Iéna à Paris, siège du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) depuis le 8 mars –lire ci-dessous.  

A travers une cinquantaine de portraits photos, nous avons ainsi voulu mettre en avant la force de ces femmes, leurs capacités de résilience. Et puis, à côté de cela, une interview intime raconte leurs parcours, leurs espoirs mais aussi leurs combats. L’idée est que cette exposition voyage ensuite, et pourquoi pas en Seine-Saint-Denis, dans les collèges et les lycées parce que ces femmes sont des rôles-modèles et elles peuvent donner l’envie à des plus jeunes de prendre le relais et à leur tour de se surpasser, de se mettre au service de personnes qui veulent agir pour plus d’égalité.

Plus largement, l’idée de cette exposition est d’abord née d’une « colère » ?

Mariam Sissoko. Exactement, « Puissance de femmes » est effectivement issue de la « mauvaise » expérience vécue par l’association de quartier créée à Longjumeau dans l’Essonne par ma mère : lorsqu’elle a voulu obtenir une salle municipale pour célébrer la Journée de la femme, elle n’a obtenu que des refus… C’est à partir de ce moment-là que je me suis dit que j’allais faire un pied de nez en organisant chaque année une Journée de la femme dans un lieu bien plus prestigieux que la salle des fêtes qu’on nous refusait. Et tout a commencé le 8 mars 2022 par un premier évènement au Palais de Tokyo à Paris.

C’est aussi à partir de cette « colère » que vous êtes partie à la recherche de femmes qui agissent pour l’égalité dans les quartiers ?

Mariam Sissoko. Oui, aussi bien dans le 91, le 92, le 94 et donc en Seine-Saint-Denis. Notre ambition avec Puissance de femmes, c’est de rassembler, fédérer et outiller ces femmes d’impact pour une meilleure prise de parole des quartiers populaires sur la place publique. L’ambition qu’on se fixe aussi, c’est de vraiment de libérer le potentiel des femmes agissant pour l’égalité des chances. En Seine-Saint-Denis, on s’est appuyé pour cela sur le réseau des ambassadrices du In Seine-Saint Denis avec des personnalités engagées comme Hawa Dramé, Inès Seddiki, Diogou Dramé, Assetou Coulibaly, Samira Mcirdi.

Et toujours en s’appuyant sur ces femmes des quartiers, Puissance de femmes vient également de nouer un partenariat important avec le Musée d’Orsay ?

Mariam Sissoko. Oui, avec la force du Musée d’Orsay, nous allons accompagner 25 femmes à la tête de structures agissant dans les quartiers pour mener une médiation culturelle. Concrètement, ces femmes vont travailler avec le musée pour identifier des artistes et des œuvres qui font écho à leurs combats, avec l’idée derrière de travailler sur des thématiques précises. On pourra, par exemple, parler de Rosa Bonheur qui a été la première femme-artiste capable de vivre de son œuvre. C’est quelque chose qui peut, par exemple, faire écho au travail d’Hawa Dramé, qui en Seine-Saint-Denis, a créé  Time2start pour accompagner les femmes qui veulent créer leur entreprise. Et, finalement, tout cela donnera lieu le 8 mars 2024 à un grand évènement à l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes.

Dans ce partenariat, il y a enfin l’ambition d’ouvrir en grand la culture ?

Mariam Sissoko . L’un de nos objectifs est clairement de casser l’image élitiste du Musée d’Orsay et d’ouvrir ce lieu aux femmes qui agissent dans les quartiers, qu’elles puissent être des passeuses de culture vers les publics avec lesquelles elles travaillent.

 

Entretien réalisé par Frédéric Haxo


Du Palais d’Iena au Musée d’Orsay, les femmes montent en puissance !

Deux dates à retenir pour l’association Puissances de femmes au cours de ce mois de mars 2023 :

  •   L’EXPOSITION PHOTOS « PUISSANCE DE FEMMES »

Elle s’installera le 13 mars prochain dans deux salles du Palais d’Iéna durant deux semaines. Ce même 13 mars, le collectif rencontrera aussi tous les conseillers du CESE lors d’un événement où seront présentées les missions de l’association Puissance de Femmes. Enfin, l’exposition photos habillera également l’extérieur du Palais d’Iéna jusqu’au 7 mai.

Infos pratiques ici

  •  MUSÉE D’ORSAY X PUISSANCE DE FEMMES

Le 15 mars au Musée d’Orsay, l’association Puissance de femmes enclenchera officiellement son partenariat de deux ans avec le musée d’Orsay. Le projet ? Accompagner dans une médiation culturelle, 25 femmes œuvrant dans les quartiers populaires afin de mettre en lumière par le biais de l’art les différents combats menés par le collectif Puissance de femmes.

Infos pratiques ici