Mode In Seine-Saint-Denis: Alba Burge ou le défilé pour tous
A 20 ans, Alba Burge organisait son premier défilé le 4 mars dernier, en pleine fashion week, dans la salle la Ligne 13, à Saint-Denis. Retour sur un évènement joyeux, coloré, et de qualité.
D’un exercice de fac, Alba Burge a réussi à faire une performance. A 20 ans, cette étudiante en Info-com à Paris 8 (Vincennes-Saint-Denis) devait organiser, pour son cours de gestion de projet, un défilé de mode, de A à Z, à elle toute seule. Ce samedi 4 mars après-midi, la salle la Ligne 13, a Saint-Denis, était pleine, et scotchée à un défilé pas tellement scolaire…
Sur les mélopées pop et rythmées, s’enchaînent les passages des mannequins. Parures aux accents japonais, robes acidulées à la La la land, volants impromptus, combinaisons de wax, étoles or et argent… La diversité se lit autant sur les vêtements que sur les visages et les looks. Ceux qui pensaient s’ennuyer sont emportés par les images, la musique, et surtout le plaisir qui se lit sur les yeux des mannequins. Au premier rang, les flash des smartphones crépitent, dans les mains de post-adolescents quasiment aussi stylés que ceux qui passent sur la scène. Le spectacle se termine en boum géante, au son du désormais traditionnel « Seine-Saint-Denis Style » de NTM. La star de la choré, c’est Alba, sans qui rien de tout ça ne serait arrivé.
C’est elle qui a d’abord lancé un appel à projet sur Facebook, pour recruter des designers. Sur 40 réponses, elle en a sélectionné six : Yuza Paris, Peggy Morlier, Déborah Rouchedi, Evorii Frey, et Sarah G.Collection. Elle aussi, qui présidait le casting des mannequins. Sans autre budget que celui des partenariats, tout ce petit monde s’est retrouvé le matin même pour les essayages. « J’avais seulement essayé le body maillot de bain. Pour le reste… et bien on rentre le ventre ! » rigole Assiata, un des modèles. Pour les coiffes et l’habillement, Alba pouvait compter sur les élèves de l’Ecole internationale de coiffure, et celles du Conservatoire du maquillage.
« Ca a été rock’n roll ! ». Emilie, l’une des créatrices
Après le défilé, on sent bien que l’effervescence mettra un peu de temps à s’évaporer. Laurene et Minely, deux amies passionnées par la mode, sont venues sur les conseils d’un styliste de leur entourage. Minely veut devenir personal shopper : « C’est le premier défilé de ma vie. Les vêtements sont magnifiques, très divers, mettent en valeur les modèles, les coupes sont peu communes. On devrait avoir plus d’évènements dans ce genre, parce qu’habituellement, les défilés, c’est un truc de luxe, pas accessible à tout le monde », s’exclame la jeune fille habillée par un kimono aussi bleu que son rouge à lèvres. Un peu plus loin, il y a Anna, une camarade de classe d’Alba : « Franchement, je suis admirative. Elle a réussi à réaliser son projet, à faire vraiment ce qu’elle voulait faire. Ça m’a beaucoup plu. » Du haut de ses 28 ans, Myriam, la créatrice d’Evorii Frey, reconnaît aussi le courage de cette « petite jeune ».
« En fait, Alba a réussi à faire de quelque chose qui paraît ennuyeux, quelque chose d’amusant, en cassant les codes habituels », analyse Aissata, une des mannequins.
Derrière ses lunettes bleues, Emilie Gallan, élève en design textile, sélectionnée pour le défilé, confirme : « C’est intéressant d’avoir de la diversité, d’être dans un défilé de gens normaux, pas guindé, pas prout-prout », explique celle qui utilise du textile de combinaison de surf pour réaliser ses vêtements. Oui, vraiment, on peut dire que tout le monde était content.