Pacôme Ouarti, la couture pour renouer les fils d’une vie In Seine-Saint-Denis…

Pacôme Ouarti, la couture pour renouer les fils d’une vie In Seine-Saint-Denis…

Lauréate de la Saison 2 du concours d’émergence de talents organisé avec la Casa93, l’école de mode implantée à Montreuil, cette jeune femme grandie dans la Sarthe avant de rejoindre la fac de Saint-Denis, a bien l’intention de rester aiguillée In Seine-Saint-Denis. Portrait.

On ne va pas écrire que son destin est cousu de fil blanc, surtout pas… En tout cas, tout semble se nouer pour que Pacôme Ouarti , 23 ans, rejoigne la prochaine promotion de la Casa93, la formation de mode libre et engagée , implantée à Montreuil. Déjà, et en premier lieu, parce que la jeune femme, grandie du côté du Mans, fait partie des 5 finalistes du concours de mode responsable organisé par la Casa 93 en partenariat avec le In Seine-Saint-Denis . Ce qui lui donne un bonus pour intégrer la formation gratuite de l’école et l’a concrètement propulsée directement à l’étape des oraux d’admission. Néanmoins, Pacôme Ouarti n’a pas oublié de passer par la case talent puisque sa création intitulée « Ballooshka» cernait tous les contours d’un concours qui, cette année, avait opté pour le thème sport et upcycling -lire ci-dessous.

Mais, revenons à notre histoire cousue de fil blanc ou plus exactement doré. Et, rembobinons le temps jusqu’au 1er janvier 2020, dans le monde d’avant la pandémie : « Je revenais d’un Nouvel An à Londres dans un bus de nuit, se souvient la Mancelle. Et ce jour-là, je ne sais pas pourquoi, je me suis assise à côté d’Alexis-Leila Essad. En parlant avec elle, j’ai appris qu’elle était une des étudiantes de la première promo de la Casa 93. En l’écoutant, moi qui avais envie de faire de la mode depuis longtemps, je me suis dit que cette école était faite pour moi. Et puis… »

Ballons et fer à repasser…

Et puis, le temps passe, Pacôme Ouarti continue sa vie d’étudiante en arts plastiques à Paris-8 Saint-Denis et la pandémie repasse longtemps par là. Jusqu’à ce qu’un autre beau jour, elle se rende aux portes ouvertes de la Casa. Pour un nouveau coup de foudre :

« Je n’avais jamais vu un cadre aussi bienveillant, une école où on donne toute sa place aux étudiants et étudiantes. Où personne n’est jugé de la même manière. Alors comme je suivais la Casa sur Instagram, lorsque j’ai vu l’annonce en ligne du concours, je me suis enfin dit : « Allez, cette fois, tu te lances ! »

Voilà donc Pacôme en train de bricoler sa création à partir de ballons chinés chez Emmaüs. Un épisode épique, qui mériterait d’être dans le journal. Dans L’Equipe  pourquoi pas : « J’ai fait plein d’essais avec mon fer à repasser, pour déconstruire le côté foot de mes ballons, en faisant se recroqueviller les ballons sous l’effet de la chaleur pour en faire des fleurs. »

Une manière dégonflée et presque enchantée de laisser éclore la vraie Pacôme Ouarti, pour qu’émerge à l’air libre ses projets dans la couture, enfouis sous quelques années de drame familial et de confiance parentale écornée par l’existence ou trop raisonnée.

Cette fois, on va résumer pour ne pas trop rentrer dans le pathos, pas trop le genre de Pacôme. Elle a déjà eu sa dose… Bref, elle a 3 ans, lorsque son frère aîné Elio perd la vie, cinq ans lorsque, sans doute, à force de somatiser, elle hérite d’un cancer. « Mais, de tout « ça », j’en ai fait finalement ma force, juge-t-elle aujourd’hui. Au collège, je me suis créé ma petite bulle, je me suis réfugiée dans un monde nourri de livres et de couture. Et puis, au Mans, chez moi, je suis tombée par hasard sur une boutique magique créé par une artiste et styliste, Isabelle Strutz . Elle m’a redonné confiance, m’a écoutée, ça m’a fait du bien… »

Ne pas laisser passer sa chance

Aujourd’hui Pacôme Ouarti va d’ailleurs très bien, pleine de rêves et d’ambitions en attendant les résultats des oraux de la Casa dans le courant du mois de juillet : « On verra bien ce que ça donnera, mais je suis optimiste, sourit-elle. De toute façon, moi ce que je veux, c’est être à la Casa. Alors, si je ne suis pas dans la prochaine promo, je retenterai ma chance plus tard. Mais, il y a une bonne énergie autour de moi en ce moment ! »

Qui vivra, verra. Et, quelque chose nous dit qu’un jour ou l’autre, le In Seine-Saint-Denis vous annoncera la création de « Poupi et Mona, la marque de mode dont je rêve depuis un moment », se projette déjà Pacôme Ouarti. Une autre belle histoire In Seine-Saint-Denis qu’on se promet de vous raconter. Bientôt…

Frédéric Haxo

crédits photo: Yaziame


Ballooska, pleine lucarne dans le « match de l’upcycling

Pour la deuxième saison du Concours d’émergence de talents organisé par La Casa93 et le In Seine-Saint-Denis, le thème retenu était « le Match de l’upcycling ». Le sport devait donc être au cœur des créations proposées. A la clef, il y avait un ticket pour accéder directement aux oraux de la formation avec un bonus au moment de la sélection finale, afin de peut-être rejoindre la 6e promotion de La Casa93.

Pour rappel, le jury qui a choisi les cinq finalistes était composé de Hosmane Benahmed, directeur artistique chez Decathlon , Nadine Gonzalez, la fondatrice de la Casa 93, David Bellion, cofondateur de Super Vision, Julien Soulier, cofondateur du magazine Sport Étude, l’équipe de la formation Je m’style solidaire de la Collecterie (Estelle Dupis, Florence Vallot et Sandrine Tabel), Amélie Du Passage, la fondatrice de Petite Friture, Florian Breheret, ancien élève de la promo 4 de Casa93 ou Axelle Poulaillon, responsable de la marque territoriale du In Seine-Saint-Denis. Ils et elles ont quasiment, à l’unisson, craqué pour le patchwork de ballons déstructurés de Pacôme Ouarti. Fondée en 2017 par l’ambassadrice du In Seine-Saint-Denis, Nadine Gonzalez, La Casa93 offre une formation gratuite et sans condition de diplôme aux métiers de la mode et s’appuie sur le modèle de la « Casa Geraçao » brésilienne.