Seine-Saint-Denis / Marseille, territoires cousins: à Marseille aussi, éclosion d’une filière fleurs éco-responsable

Seine-Saint-Denis / Marseille, territoires cousins: à Marseille aussi, éclosion d’une filière fleurs éco-responsable

Le In Seine-Saint-Denis poursuit son exploration de modèles productifs vertueux en territoire cousin. Rencontre à Marseille de Mathilde Noirot, co-fondatrice du café-fleuriste la Butinerie et de Joffrey Nicoletti spécialiste de la cueillette sauvage, tous deux engagés, à l’instar de Fleurs d’Halage ou des Murs à Fleurs par exemple en Seine-Saint-Denis, pour une fleur locale plus respectueuse de la Planète.

Que diriez-vous d’un peu de fenouil ou de carotte sauvage pour décorer votre intérieur?

Ou bien d’un bouquet la renoncules plutôt que de roses pour déclarer votre flamme ? A Marseille, une nouvelle génération entreprenante s’organise pour proposer des fleurs 100% françaises et de saison. C’est le défi qu’ont voulu relever Mathilde Noirot et Coline Peyre. A la Butinerie, leur café-fleuriste ouvert fin 2021, elle proposent des fleurs de saison produites à moins de 250 km de là, entre le Var et l’Héraut. Elles ont senti ce vent nouveau qui souffle sur la filière horticole, de la production à la distribution. Une filière qui demeure encore très polluante.

Elles ont donc pris soin de bien murir leur projet en s’appuyant sur les bons conseils de leur consœurs parisiennes de Désirée. « Elles nous ont dit que ce ne serait pas facile », reconnait Mathilde alors qu’elle mesure le chemin parcouru ces derniers mois. « Au début, dans le secteur, on se moquait de nous », se souvient-elle, quand avec son associée elles exposaient leur projet alternatif au modèle de la fleur coupée vendue à l’année et cultivée à des milliers de kilomètres à grand renfort de pesticides.

Elles ont su rapidement trouver les bons partenaires et ainsi déjouer quelques pièges. Ceux de l’approvisionnement d’abord, en travaillant avec un grossiste qui mutualise les tournées chez les producteurs locaux et livre directement en boutique. Mais aussi en comptant sur Joffrey Nicoletti, de Retour de cueillette, un spécialiste de la cueillette sauvage. Chaque semaine, il livre la Butinerie en fleurs des champs et du jardin qu’il cultive dans la campagne aubagnaise à moins de 20 km de Marseille. Sauge des prés, fausse roquette ou arbre à papillon, viennent agrémenter la boutique d’une touche nature et champêtre dès la belle saison.« A chaque cueillette, c’est un peu la surprise ! souvent on fait de belles trouvailles », raconte Joffrey, qui souvent se fie à son intuition pour dénicher d’inattendues variétés locales. « C’est aussi un bon moyen de pallier la baisse de production de fleurs en été », observe Mathilde.

Des fleurs qui flattent l’oeil, l’odorat mais aussi les papilles. Poissons assaisonnés de Bégonia, viandes accompagnées de chrysanthèmes : les chefs marseillais sont très friands des fleurs comestibles proposées par Joffrey. Une autre façon de changer de regard sur la fleur et de sensibiliser les consommateurs à des pratiques plus vertueuses.

 


En images

Au milieu des brassées de glaïeuls et d’oeillets…

Mathilde contemple les variétés sauvages cueillies au petit matin par Joffrey. Lavande afghane et fleurs de fenouil complètent agréablement le choix de fleurs locales et de saison, pour le bonheur des clients de plus en plus nombreux. « Même si acheter des roses en hiver ne choquent pas encore assez les gens, peu à peu les mentalités changent », se réjouit Mathilde qui n’a pas hésité à proposer une Saint-Valentin sans rose dès la première année. A Marseille, la Butinerie et Retour de cueillette sèment les graines d’une filière horticoles responsable.

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Anne-Sophie Lebon

crédits photo: Benjamin Geminel pour le In Seine-Saint-Denis