Tiers-lieu autonomie In Seine-Saint-Denis : une promotion 2022 façon quintette en solidarité majeure…

Tiers-lieu autonomie In Seine-Saint-Denis : une promotion 2022 façon quintette en solidarité majeure…

Tour d’horizon des cinq lauréats 2022 de l’appel à projets “Tiers-lieux autonomie dans mon quartier” de la Seine-Saint-Denis. Un réseau In qui compte désormais 11 membres avec l’objectif de rayonner autour d’une trentaine d’espaces d’ici 2025.

1/ Le beau printemps du Joli mai

 

Sept ans après sa création, ce café associatif de Saint-Ouen veut ouvrir ses portes encore plus en grand et intégrer toutes les générations. Un café des aidants mensuel vient ainsi d’être créé. Focus.

Café associatif créé en 2016 par un collectif d’habitant·e·s qui avaient fondé, un an auparavant, l’association « Les heureux », le Joli mai est labellisé tiers-lieu autonomie In Seine-Saint-Denis depuis un an. Une manière de redonner du souffle à un lieu autogéré et ouvert à tous et toutes. « En fait, explique Pauline Normier, quarantenaire et co-présidente des Heureux, on réinterroge à cette occasion la manière dont on veut accueillir les différents publics de notre quartier du centre-ville et plus largement de Saint-Ouen. Faire partie du réseau des tiers-lieux autonomie, c’est aussi se nourrir de l’expérience des autres pour aller chercher de nouveaux publics. Plusieurs années après l’ouverture du Joli Mai, il est temps maintenant d’aller vers toutes celles et tous ceux qui par leur difficulté de se déplacer, leur appréhension à sortir de chez eux ou à aller à la rencontre des autres ne connaissent pas encore notre lieu. »

D’abord tendre la main…

Pour cela, cette architecte dans le civil, a pris son bâton de pèlerin l’été dernier pour visiter différents tiers-lieux du 93 et nouer des contacts avec les différentes structures œuvrant dans le domaine social à Saint-Ouen ou plus largement en Seine-Saint-Denis.

Ce qui permet d’ores et déjà au Joli mai d’organiser un café des aidants mensuel, avec « l’objectif que ces aidants entraînent ensuite chez nous les séniors peu habitués à sortir de chez eux », ambitionne Pauline Normier.

Et comme la cuisine est un des points forts du café de la rue Anselme, l’idée est également de s’appuyer sur des ateliers culinaires pour faire vivre des rencontres intergénérationnelles. « On vient de nouer un partenariat avec une résidence pour personnes âgées voisine du Joli mai qui a envie de faire « sortir » ses résidents, poursuit la porteuse du tiers-lieu. Et on fera de même avec des associations qui travaillent auprès d’un public handicapé. En fait, le plus dur, c’est de tendre la main, de nouer les premiers contacts, après tout avance… »

Une manière de faire qui permet déjà au Joli mai de vivre un beau printemps de la solidarité. F.H

Le Joli mai, 39, rue Anselme, Saint-Ouen-sur-Seine. En savoir plus : www.lejolimai.net

2/ Le tiers-lieu de Villemomble a encore un nom à se faire…

Implanté dans un local commercial du quartier prioritaire de la Fosse-aux-Bergers, ce tiers-lieu In Seine-Saint-Denis commence à bâtir son identité. Avec l’objectif d’une ouverture cet automne.

 

Avec une ouverture prévue à l’horizon de l’automne prochain, le tiers-lieu du quartier de la Fosse-aux-Bergers est en pleine construction de son identité. « Et donc à la recherche d’un nom », sourit Olivier Carpentier, chargé de mission pour l’Office public de l’habitat (OPH) de Villemomble, qui veille sur le destin de cet ancien local commercial d’un peu plus de 200 m² situé en rez-de-chaussée d’un immeuble d’habitation.

Des travaux d’aménagement vont donc bientôt être mis en œuvre et ils profiteront de l’expertise d’Olivier Carpentier, 23 ans, frais diplômé d’un master en design d’espace(s) au sein de Strate, école de design implantée dans le Grand Paris et à Lyon. Une formation pointue dont la finalité est de « penser les espaces collectifs à toutes les échelles au service d’un vécu commun, pour passer de lieux de passage à des lieux de vie. »

Miser sur l’atout associatif

Bref, toute l’essence de ce nouveau tiers-lieu autonomie dans mon quartier implanté dans une partie de Villemomble située aux confins de Bondy et classée dans la catégorie des quartiers prioritaires de la ville : « Créer ce tiers-lieu, c’est d’une part une façon d’aider les seniors à rester le plus longtemps possible dans leurs domiciles tout en leur ouvrant les portes d’activités extérieures, mais aussi une manière de libérer les gardiens d’un métier d’aidant qui n’est pas tout à fait le leur »,résume Olivier Carpentier.

En attendant l’ouverture automnale, l’OPH a donc commencé à se rapprocher de diverses associations locales à même de participer à une programmation d’animations en semaine et aussi le week-end. « Et puis, ajoute le chargé de mission de l’OPH, on travaille déjà avec des partenaires rodés comme Centre Communal d’Action Sociale ou bien la Prévention Retraite Ile-de-France », un groupement de coopération sociale et médico-sociale qui a construit un « Parcours prévention »avec des ateliers permettant aux séniors d’acquérir les bons comportements pour vivre leur retraite en bonne santé.

« Beaucoup de choses sont à construire avec les habitants et c’est passionnant », conclut Olivier Carpentier, qui en bon designer d’espace(s) ne craint pas de partir d’une feuille blanche… F.H

Le tiers-lieu de Villemomble, 2/4 rue du Commandant Belleux, Villemomble. En savoir plus : oph-villemomble.fr

3/ Le Tillia, la sève des Tilleuls au Blanc-Mesnil

Dans le quartier des Tilleuls, ce café associatif existe depuis plus de dix ans. Situé au cœur d’un projet de rénovation urbaine, il est un point de repère essentiel pour les habitants.

Créé en 2011, le café associatif Le Tillia est presque une vénérable institution au cœur de la cité des Tilleuls du Blanc-Mesnil où il redonne de la vie à un quartier dont l’avenir est incertain, parce qu’au cœur d’un projet de rénovation urbaine.

Ce qui n’empêche pas l’association aux commandes du Tillia, forte de près de 300 adhérents, de se mobiliser pour préserver l’avenir de ce nouveau tiers-lieu autonomie dans mon quartier : « On sait qu’on continuera, explique Djamila Belharizi, secrétaire bénévole de l’association. Un potentiel déménagement est envisageable, mais on sera toujours là. De toute façon, devenir tiers-lieu autonomie nous encourage plus que jamais à persévérer ! »

Depuis début 2023, le Tillia multiplie donc les rendez-vous pour faire vivre une programmation en direction des séniors isolés de la ville. « On va s’appuyer sur les assistantes sociales du Blanc-Mesnil pour multiplier les contacts parce qu’on s’est rendus compte qu’il y avait beaucoup plus de retraités qu’on ne le pensait aux Tilleuls », résume celle qui est également néo-retraitée et profite donc de sa nouvelle vie « pour se consacrer au bénévolat dans le quartier où j’ai grandi. »

Qi gong et grand repas partagé

Avec les deux salariés et la dizaine de bénévoles très actifs qui font fonctionner le Tillia, Djamila va donc impulser de nouvelles activités qui provoquent les rencontres entre générations, à l’instar des accueils déjà organisés autour d’un thé ou des séances de qi gong, qi gong, une gymnastique traditionnelle chinoise, proposées par une association locale.

Et puis, chaque vendredi, le jour du marché, le Tillia se retrouve autour d’un grand repas, ouvert à toutes et à tous à un tarif très avantageux.

« Ce sont des moments qu’on va développer en allant chercher davantage les personnes âgées ou en perte d’autonomie, se projette encore Djamila Belharizi. Et, ce sera d’autant plus facile à faire qu’on se sent très bien épaulés par le Département de la Seine-Saint-Denis pour mieux développer nos activités de tiers-lieux autonomie. »

Autrement dit, la sève du Tillia n’a pas fini d’irriguer le quartier des Tilleuls.

Café associatif Le Tilia, 7 allée Viollet-Le-Duc au Blanc Mesnil. Pour en savoir plus, c’est ici.

4/ La Ferme du cœur, un tiers-lieu très terre à terre…

A Drancy, un parking abandonné a été transformée en un lieu de culture(s) où le retour de la nature en ville servira de ferment pour réunir toutes les générations.

Au 31 rue Ladoucette à Drancy, on ne reconnait plus l’ancien parking longtemps abandonné… En ce mois d’avril très frais, la construction d’une pergola le projette même comme un futur spot estival où l’on pourra se retrouver pour « apprendre à cultiver sa propre nourriture, mais aussi prendre soin de la nature et de soi-même », expose Jordan Bonaty. Fondateur de l’association Terres urbaines, ce Drancéen est à l’origine du projet de « La ferme du cœur » labellisé en 2022 tiers-lieu autonomie (TLA) dans mon quartier. Sur près de 1000 mètres carrés, cette ferme urbaine a installé poulailler, potager, pépinière ou encore tours à fraises avec l’objectif de cuisiner les fruits et légumes récoltés sur place.

Bien manger et nature en ville

Le plus souvent lors d’évènements organisés autour de la scène qui sera le lieu de rencontres névralgique autour de concerts, de conférences, de moments conviviaux. « Et ce qu’on souhaite surtout dans notre programmation, c’est organiser un maximum d’évènements intergénérationnels, qu’on ne fasse pas des choses pour les enfants, d’autres pour une certaine classe d’âge… Ce qu’on veut aussi, en devenant TLA, c’est créer l’envie de se rencontrer autour de la thématique de la nature, du bien manger, expose encore le trentenaire Jordan Bonaty, ingénieur de formation et ambassadeur du In Seine-Saint-Denis.

En mettant de la nature en ville, poursuit-il, on récrée d’une certaine manière une convivialité qui a toujours existé autour du jardin et des évènements liés à chaque saison : les récoltes ou les moments passés à planter, entretenir la terre. Et ça, c’est quelque chose capable d’attirer les séniors qui ont envie de se retrouver un moment au jardin pour profiter simplement d’un coin de nature en ville ou bien transmettre leurs connaissances en matière de culture… »

Une programmation finalement très terre-à-terre mais tout à fait en connexion avec l’esprit de la Ferme du cœur.

La Ferme du cœur, 31, rue Ladoucette à Drancy.

En savoir plus : terresurbaines.org

A La Blague, on veut « amuser » la galerie…

Du côté d’Aubervilliers, ce café associatif est un des rares endroits de convivialité au milieu du quartier très dense de La Maladrerie. On y cultive, évidemment, la bonne humeur.

Même s’il est labellisé « Patrimoine du XXe siècle & Architecture contemporaine remarquable », le quartier de la Maladrerie à Aubervilliers souffre d’être enfermé dans un environnement de béton qui ne laisse que peu d’interstices pour des endroits de convivialité. Il en existe pourtant un depuis 2019 au 126 de la rue Danielle-Casanova sous la forme d’un café associatif, sérieusement baptisé « La Blague ».  Sérieusement parce que ses fondatrices, un groupe d’habitantes du quartier, ont développé un projet très pensé en dépit du fait qu’elles ont longtemps lancé sur le ton de la plaisanterie : « Et si on créait notre café ! » Et finalement, La Blague a fini par prendre corps jusqu’à être désignée, en 2022, parmi les cinq lauréats de l’appel à projets « tiers-lieux autonomie dans mon quartier » du Département de la Seine-Saint-Denis.

Aller chercher les invisibles…

Dans ce lieu chaleureux où trône une cabane, refuge des enfants du quartier, où sont aussi proposés des repas de qualité à un prix accessible et un éventail fourni d’animations ludiques et culturelles, l’ambition est « maintenant d’aller chercher des publics invisibles», expose Loyce Hébert, la coordinatrice de La Blague. Des séniors qui ont perdu l’envie et le goût de sortir de chez eux après la période du Covid, ou qui ont simplement peur de la chute… »                     Pour cela, la petite équipe de La Blague s’appuie sur l’expérience de ses devancières dans le réseau des tiers-lieux autonomie comme la Maison Montreau à Montreuil ou le café « Pas si loin » à Pantin.  « On se donne des tuyaux les uns, les autres, par exemple dans la façon d’aller vers les différents publics », explique encore Loyce Hébert.

Laquelle, diplômée d’un master professionnel dédié aux projets culturels dans l’espace public, n’hésite pas à faire jouer son sens du contact cultivé au cours d’autres vies où elle a été tour à tour comédienne, plasticienne, adepte des arts de la rue ou fleuriste indépendante à Montreuil. Tout un éventail de compétences qui lui donne l’envie que « petit·e·s et grand·e·s se mélangent autour d’ateliers créés et inventés avec eux… »

Une vaste « Blague » fidèle à l’esprit de ses fondatrices…

La Blague, café associatif, 126, rue Danielle-Casanova à Aubervilliers. Plus d’infos sur Instagram : lablague_cafeassociatif

Fred Haxo

Crédits photo : Bruno Lévy