Tiers-lieux Autonomie dans mon quartier, une dynamique force 7 In Seine-Saint-Denis

Tiers-lieux Autonomie dans mon quartier, une dynamique force 7 In Seine-Saint-Denis

Quand les sept tiers-lieux in Seine-Saint-Denis labellisés « Autonomie dans mon quartier » se retrouvent pour une première session d’accompagnement et de formation, la force du collectif portée par le IN se met en marche pour faire vivre le futur réseau au cœur du plan « Autonomie et Inclusion » du Département. Entre théorie et pédagogie par l’exemple, deux jours qui ont aussi donné un cap à des lieux qui inventeront de nouvelles façons de prévenir des situations de dépendance. Récit.

« Pour commencer ces deux jours, on va se faire une ambiance « shaker » !

Les projets se mélangent pour une présentation rapide de chacun d’entre vous… » Ce matin de début juin, au premier étage de Mains d’Œuvres à Saint-Ouen, Lucile Aigron, directrice générale de la Coopérative Tiers-Lieux, installée à Floirac en Gironde, prend les commandes des deux jours d’accompagnement et de formation dédiés aux 7 porteurs de projets lauréats en 2020 de l’Appel à Manifestation d’Intérêt « Autonomie dans mon quartier. »

Sept projets tous très différents, du café associatif déjà établi à Pantin comme « Pas si loin », à un rez-de-chaussée d’immeuble encore à aménager –la résidence Masaryk– à Sevran, en passant par la maison de quartier de l’OPH d’Aubervilliers, qui doivent ouvrir la voie à un réseau de 25 tiers-lieux “autonomie dans mon quartier” In Seine-Saint-Denis à l’horizon 2024. Avec l’objectif commun de travailler à ce que les personnes âgées et handicapées puissent davantage participer a? la vie de leurs quartiers respectifs, mais aussi que les activités proposées au sein des tiers-lieux constituent des leviers facilitant le maintien à domicile de ces personnes. Autant d’ambitions développées dans le Plan départemental « Autonomie et Inclusion » qui soutient à hauteur d’un peu plus de 500 000 euros les 7 lauréats présents à Mains d’Œuvres.

« S’épauler les uns, les autres… »

Lesquels sont donc également accompagnés lors de 4 jours de formation programmés entre juin et septembre par la Coopérative Tiers-Lieux, organisme de formation et certificateur national sur la compétence « piloter un tiers-lieu ». Une nécessité explique Sabrina Ayelo, cheffe de projets Renouvellement Urbain pour le groupement économique la META -Mutualisation des énergies pour transformer et aménager- qui coordonne le projet Sevranais : « Ce qu’on attend de cette formation, c’est de la méthode pour nous aider à trouver le meilleur schéma économique et pour nouer des liens avec les secteurs du soin aux seniors et aux personne handicapées. » Construit en collaboration avec l’amicale des locataires de la Résidence Masaryk, le modèle du futur tiers-lieu sevranais est donc encore à inventer d’ici à son ouverture en 2022.

Un classique de la création de tiers-lieux, prévient Lucile Aigron : « Vous allez faire et défaire les choses. C’est pour cela qu’il vous faudra prioriser vos actions au milieu de la masse d’informations et d’acteurs du territoire qui vont entrer dans le projet d’animation de votre tiers-lieu. »

Mais, la formation est construite à dessein et elle met également très vite en réseau les acteurs des différents projets. La ronde des présentations n’est pas inutile. Le Café Pas si Loin à Pantin et l’association Fasol à Rosny se trouvent vite des complémentarités. Pour sa prochaine Fête du Jeu, la structure pantinoise mise sur des jeux en bois, justement la spécialité de Fasol…

Le Fait-Tout, une mine d’idées…

Un échange de bons procédés qu’aimerait bien reproduire à plus grande échelle Morgane Mazain, en charge de la Maison Montreau à Montreuil : « Une de mes attentes sur cette formation, c’est aussi de s’échanger des bonnes pratiques, de la méthodologie entre nous. On a besoin de théorie sur la gestion administrative de notre lieu, mais il nous faut aussi nous épauler les uns, les autres,

qu’on s’explique mutuellement comment faire pour susciter une diversité de publics sur nos lieux respectifs, pour aller aussi vers les habitants de nos quartiers et ne pas attendre qu’ils viennent à nous ! »

Et pour cela, rien de mieux que des exemples très vivants avec  un passage aux Poussières, tiers-lieux culturel d’Aubervilliers, en pleine installation de sa nouvelle édition de Station Sonore, puis au Café associatif Fait-Tout à Montreuil. Changement de décor donc pour le deuxième jour de la formation avec, entre autres, une étape dans le quartier montreuillois de la Boissière où se dresse la yourte d’un lieu ouvert en 2016 sur une friche mise à disposition par la ville. Un site en perpétuelle transformation : « C’est l’énergie et l’effervescence d’un groupe d’habitants qui a porté ce lieu, raconte Pauline, la coordinatrice du Fait-Tout. Et depuis, le projet se bonifie à mesure qu’on construit des structures en dur comme cette salle d’activités que nous bâtissons en ce moment en chantier participatif », dit-elle en guidant l’équipe des sept porteurs de projet sous l’auvent qui sent bon le bois frais et accueillera dès la rentrée les activités socio-éducatives du tiers-lieu montreuillois.

Une visite qui donne des idées à Nathalie et Louis, les porteurs de projet du Café Pas Si loin à Pantin : « Découvrir des aventures, aux apparences un peu « folles» au départ, qui avancent comme ça, c’est une motivation supplémentaire. Ça nous montre qu’avec de l’envie, le champ des possibles peut s’ouvrir au milieu de toute la rigidité normative à laquelle peuvent être confrontées des initiatives associatives comme la nôtre. »

« Un outillage pour devenir autonomes »

Une envie et une énergie qui débordent au Fait-Tout, ambassadeur du IN, aussi bien au sein de l’équipe de cinq salariés que parmi les 200 adhérents-bénévoles qui font vivre le tiers-lieu: « Ici, ce sont les initiatives de copains de copains qui s’agrègent et créent une partie de notre programmation culturelle, poursuit Pauline alors que l’échange se poursuit autour des tables en nappes de wax colorés, disposées en terrasse tout près de l’historique container qui a servi de première base aux fondateurs du Fait-Tout. Après, la difficulté pour nous, c’est de créer des ponts et une mixité entre les gens qui viennent chez nous la semaine et ceux du week-end qui ne sont pas tout à fait les mêmes… »

Au jeu des questions et réponses, la discussion roule ensuite sur des aspects plus techniques et les acronymes pointent leurs lettres capitales : « Être conventionné EVS (Espace de Vie Sociale) par la Caisse d’Allocations Familiales, c’est une piste intéressante parce que les conventions sont établies sur de la longue durée et ça vous donne de la visibilité sur votre financement », glisse encore la coordinatrice du Fait-Tout. Pouvoir penser à long terme, ça soulagera beaucoup votre fonctionnement au quotidien. »

Et, s’inscrire dans la durée pour les sept tiers-lieux « Autonomie dans mon quartier » est évidemment un objectif majeur : « Ce qu’on veut, c’est effectivement voir loin, synthétise Salomé Kouassi, coordinatrice du tiers-lieu autonomie de la Plaine de l’Ourcq à Noisy-le-Sec, développé depuis 2020 par le bailleur social Batigère Ile-de-France et l’Association pour l’Accompagnement, le Mieux Être et le Logement des Isolés (AMLI). C’est pour cela que cette formation enclenchée par le Département de Seine-Saint-Denis est importante parce qu’elle va nous outiller pour devenir autonomes et elle nous donne des pistes très concrètes, comme ici à Montreuil, pour aller vers les habitants et surtout se projeter dans ce qu’on veut mettre en place. Et puis, entre bailleurs et associations qui conduisent les sept projets de tiers-lieux autonomie, on va pouvoir s’échanger des idées, des clés pour agir. »

Clôture de ces deux journées de formation dans les locaux de la Croix-Rouge à Montrouge avec visite du siège également tiers-lieu, avec espaces de co-working et d’incubation destinés à des porteurs de projets innovants à vocation sociale. De quoi de nouveau susciter des envies de tisser des liens entre les équipes de bénévoles de la Croix-Rouge et les tiers-lieux autonomie…

 

Frédéric Haxo

Crédits photo: Bruno Lévy


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